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dimanche 7 septembre 2014

L'Autorité palestinienne menacée de boycott en cas de paiement des salaires du Hamas


Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a affirmé dimanche à l'AFP que son gouvernement avait été menacé de "boycott" par la communauté internationale s'il payait les fonctionnaires du mouvement islamiste Hamas à Gaza.
M. Hamdallah est à la tête d'un gouvernement de personnalités indépendantes né de la réconciliation entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas, désormais menacée en raison de la question du paiement des quelque 45.000 fonctionnaires embauchés par le mouvement islamiste depuis qu'il a pris le pouvoir par la force à Gaza en 2007.
Le Premier ministre a également affirmé avoir reçu des "menaces" du Hamas qui lui a interdit de venir à Gaza tant que les salaires ne seraient pas payés, estimant que cette question était "le principal obstacle au travail du gouvernement à Gaza". 
Après la réconciliation entre le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dominée par le Fatah, le Hamas a réclamé que l'Autorité palestinienne paye les salaires de ses 45.000 fonctionnaires --dont 27.000 sont des civils, selon M. Hamdallah.
Mais, a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP, "le gouvernement et les banques opérant dans les Territoires palestiniens ont été prévenus que s'ils procédaient à ces paiements à l'ex-gouvernement du Hamas à Gaza, le gouvernement ferait les frais d'un boycott", notamment au niveau de l'aide internationale versée aux Palestiniens.
M. Hamdallah a dit redouter "de graves conséquences pour le secteur financier palestinien".
Interrogé sur les pays ayant menacé son gouvernement de boycott, M. Hamdallah a indiqué que c'était de la part de "l'ensemble de la communauté internationale sans exception".
"Je poursuis les contacts au niveau international pour résoudre ce problème et il semble que nous soyons presque parvenus à un consensus sur l'entrée d'une tierce partie pour assurer ces paiements", a-t-il ajouté, sans identifier cette partie.
Fin août, un responsable palestinien avait expliqué à l'AFP que le Hamas étant considéré par les Etats-Unis et l'Union européenne comme une organisation "terroriste", le gouvernement voulait obtenir des garanties qu'il pouvait verser ces salaires sans craindre de s'exposer à des sanctions.
En juin, peu après la formation du gouvernement, le Qatar, grand allié du Hamas, avait promis de payer durant trois mois 19 des 23 à 30 millions d'euros que représentent les salaires des fonctionnaires de Gaza. Mais Doha n'a encore effectué aucun versement, en raison du déclenchement le 8 juillet de la guerre entre le Hamas et Israël qui a dévasté durant 50 jours l'enclave côtière.
"Le gouvernement d'union devait contrôler la Cisjordanie et la bande de Gaza, mais de nombreux obstacles l'empêchent d'exercer son travail", a accusé M. Hamdallah, dont le cabinet devait sceller la fin de la division palestinienne. Et le premier d'entre eux, a-t-il insisté, est la question des salaires à Gaza. Vient ensuite la question du "gouvernement parallèle" à Gaza, dénoncée par M. Abbas, qui a menacé de rompre le partenariat avec le Hamas face à cette concurrence.
Dans son gouvernement "reconnu par l'ensemble de la communauté internationale, à l'exception d'Israël qui a gelé ses contacts" avec les autorités palestiniennes à la prise de fonction de son cabinet, les ministères de la Justice, de la Condition féminine, de l'Habitat et des Travaux publics et du Travail doivent être basés à Gaza, a expliqué M. Hamdallah.
Mais, a-t-il ajouté, ils ne peuvent travailler librement dans l'enclave côtière, en dépit de ce qu'affirment les responsables du Hamas à Gaza. 
"Le président Mahmoud Abbas et moi-même voulons que les ministères marchent à Gaza, comme ils marchent en Cisjordanie, mais pour cela, il faut que les employés prennent leurs instructions du ministre, alors que certains continuent à suivre les directives des ministres de l'ex-gouvernement du Hamas", a-t-il déploré.
"Il y a une entité qui dirige de fait la bande de Gaza, via les anciens ministres et responsables", a-t-il encore dénoncé. Cet universitaire de 56 ans, linguiste de formation devenu Premier ministre et ministre de l'Intérieur a toutefois dit espérer que le travail de son gouvernement à Gaza serait facilité par l'envoi dans les prochains jours d'une délégation du Fatah pour discuter avec les responsables du Hamas.