Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a appelé hier les
dirigeants israéliens et palestiniens à « un compromis décisif » pour
sauver le processus de paix, après de longs mois d'efforts n'ayant pas
réduit le fossé entre les parties.
Les pourparlers de paix se trouvent à « un moment critique », a
souligné M. Kerry, quelques heures après une réunion marathon entre les
négociateurs, assurant néanmoins que le dialogue restait « ouvert ». Les
négociateurs palestiniens, israéliens et américains ont fait des
progrès lors de cette rencontre qui a duré presque jusqu'à l'aube à
Jérusalem, a déclaré M. Kerry, en visite à Alger. « Il existe encore un
fossé qui doit être comblé assez rapidement », a-t-il reconnu, précisant
qu'il devait parler de nouveau avec le président palestinien Mahmoud
Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Les négociations, difficilement relancées en juillet par M.
Kerry, ont été encore fragilisées par le refus d'Israël de libérer le 29
mars le quatrième et dernier contingent de prisonniers prévu. La
direction palestinienne a répliqué en demandant l'adhésion à 15 accords
et traités internationaux. « La décision n'appartient vraiment qu'à eux
(Israéliens et Palestiniens).
Ils savent quelles sont les options et les enjeux », a lancé M. Kerry
en réclamant « un compromis décisif pour pouvoir avancer ». « Vous
pouvez faciliter, vous pouvez pousser, vous pouvez donner un petit coup
de coude, mais ce sont les parties elles-mêmes qui doivent prendre des
décisions cruciales en vue d'un compromis », a martelé le secrétaire
d'État américain.
« La décision par les Israéliens de retarder la libération d'un
quatrième groupe de prisonniers crée des difficultés », a en outre
souligné le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney. Ce
dernier a assuré que ce revers ne dissuaderait pas M. Kerry de continuer
à exhorter les deux parties à trouver un terrain d'entente. « Aucune
des deux parties n'a dit qu'elle voulait rompre les discussions »,
a-t-il observé.
Découragement américain ?
En Israël, le chef de l'opposition, le travailliste Yitzhak Herzog, a mis en garde contre un désengagement de Washington, après une rencontre avec l'ambassadeur américain, Dan Shapiro. « Il y a une lassitude profonde (des Américains) qui ont envie de dire : "les amis, faites ce que vous voulez, et appelez-nous quand vous aurez terminé !" », a déclaré M. Herzog, estimant le découragement américain « très dangereux ».
En Israël, le chef de l'opposition, le travailliste Yitzhak Herzog, a mis en garde contre un désengagement de Washington, après une rencontre avec l'ambassadeur américain, Dan Shapiro. « Il y a une lassitude profonde (des Américains) qui ont envie de dire : "les amis, faites ce que vous voulez, et appelez-nous quand vous aurez terminé !" », a déclaré M. Herzog, estimant le découragement américain « très dangereux ».
La réunion d'hier soir « était centrée sur la nécessité de
libérer (...) les prisonniers », a indiqué un responsable palestinien
sous le couvert de l'anonymat, selon lequel Israël ne pouvait pas
revenir sur son engagement à ce sujet. « La balle est dans le camp
d'Israël maintenant. Il devrait relâcher les prisonniers », a indiqué de
son côté un autre responsable palestinien et ancien négociateur,
Mohammad Chtayeh. Dans la bande de Gaza, Sami Abou Zouhri, le
porte-parole du Hamas, a de nouveau appelé à l'arrêt de toute forme de
« coopération avec l'ennemi ».
Une source sécuritaire israélienne a pour sa part mis en garde
contre un échec des pourparlers. « En coulisse, tous les responsables
admettent qu'en cas d'échec des négociations, les répercussions sur la
sécurité d'Israël seraient plus grandes encore que le prix qu'Israël
doit payer pour les poursuivre », a déclaré cette source au journal
Israël Hayom, à propos des libérations de prisonniers.
Selon l'accord conclu en juillet sous l'égide de M. Kerry, Israël
s'est engagé à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés
avant 1993, dont les trois premiers groupes ont été relâchés. En
contrepartie, la direction palestinienne avait consenti à suspendre
toute démarche d'adhésion aux organisations internationales.