Palestine – CPI
Les événements de ces derniers jours
passés au Sud (de l’entité sioniste) laissent penser à la politique à
suivre envers la bande de Gaza. Cette politique devra être basée sur une
bonne définition des intérêts. Et intérêt ne veut pas dire souhait.
L’intérêt est une affaire très importante. Pour l’avoir, l’on doit être
prêt à en payer le prix. Le problème, c’est que les intérêts israéliens
auprès de la bande de Gaza sont très étroits et seulement sécuritaires.
Tout d’abord, nous les Israéliens, nous
voulons le calme et en même temps empêcher la montée en puissance de
Gaza, militairement parlant. La dernière opération de l’armée de l’air
en est un exemple probant. Puis "Israël" n’a pas un intérêt politique
dans la bande de Gaza. Et il y a un grand intérêt palestinien, ainsi
qu’égyptien et jordanien, pour que la Cisjordanie et la bande de Gaza
forment une seule entité politique. Mais "Israël" n’en a aucun.
Nos intérêts exigent que dans la bande de
Gaza se trouve un pouvoir stable et politiquement responsable. Et c’est
l’avis du général Sami Torjoman, le chef de la région sud. Et nous
remarquons que seul le mouvement du Hamas peut constituer un pouvoir
stable. Donc il est de l’intérêt d’"Israël" que le pouvoir du Hamas soit
stable.
Par ailleurs, Gaza est un Etat, dans tous
les sens du terme, en ayant les quatre conditions nécessaires. La bande
de Gaza a ses frontières reconnues, son pouvoir central, sa politique
extérieure indépendante et enfin, sa force militaire. Plus "Israël"
traite Gaza comme un Etat, plus il aura des raisons de conserver un
calme qui est de nos intérêts essentiels.
Cette dernière année, il y a eu une bonne
opportunité. L’Egypte est devenue un ennemi du Hamas. Erdogan, de
Turquie, ne pourrait aider le Hamas, vu ses problèmes intérieurs. La
bande de Gaza est donc dépendante, plus que jamais, d’"Israël". Et ce
dernier pourrait en profiter, par une bonne application de la politique
du bâton et de la carotte.
En ce qui concerne la carotte, "Israël"
pourra permettre à plus de produits de traverser les points de passage, à
plus d’électricité et de carburant de servir la bande de Gaza. Il
pourra même encourager les investissements étrangers dans la bande de
Gaza, entre autres.
Et en ce qui concerne le bâton, "Israël"
devra leur faire comprendre que toute violation du calme sécuritaire
causera la cessation de ces avantages. De plus, toute violation
engendrera une réplique militaire forte non seulement à ceux qui ouvrent
le feu, mais aussi au Hamas, à ses intérêts et aux intérêts de son
gouvernement.
Cette politique à deux tranchants ne pourra
réussir qu’en cas de reconnaissance du Hamas comme le pouvoir
supérieur, s’il peut bien évidemment imposer son pouvoir sur toutes les
autres organisations et s’il comprend qu’il aura beaucoup à perdre si le
calme ne perdure pas.
Lorsque la politique israélienne envers le
Hamas a été fixée en le considérant comme un mouvement terroriste, avec
qui tout contact est interdit, nous avons réagi de façon très puérile,
en se disant que bien que le Hamas gouverne l’Etat de Gaza et qu’il ait
été démocratiquement choisi, nous ne sommes pas obligés de reconnaître
le Hamas, politiquement, comme il ne nous reconnaît pas. Cependant, il
est de l’intérêt d’"Israël" de reconnaître la réalité du terrain pour en
profiter pour nos intérêts. Notre intérêt est de créer de bonnes
relations de voisinage, basées sur la persuasion.
Apparemment, renforcer le pouvoir du Hamas
affaiblira les chances d’arriver à une solution politique. Toutefois, si
ce n’était pas le Hamas qui maîtrise la bande de Gaza, ce serait le
Djihad Islamique, ou pire : des organisations liées à Al-Qaïda qui n’ont
aucun sens de la responsabilité. Le mouvement du Hamas reste le moins
mauvais des régimes.
Article paru dans le journal hébreu Yediot Ahronot en avril
2014, traduit et résumé par le département français du Centre
Palestinien d’Information (CPI)