Janie Gosselin
La Presse
(Jérusalem) Les ONG israéliennes 
crient au préjudice. Les députés se défendent au nom de l'État. Deux 
propositions de loi sèment la controverse en Israël. Retour sur le 
dernier feuilleton qui oppose les organismes de gauche au gouvernement 
de droite.
Les organisations non 
gouvernementales israéliennes dont les activités concernent notamment 
les droits des Palestiniens et l'opposition à la colonisation accusent 
leur gouvernement de vouloir leur mettre de nouveaux bâtons dans les 
roues.
Un comité ministériel israélien a donné son feu vert, dimanche, à deux 
propositions de loi controversées qui visent le financement d'ONG, 
principalement celles dont les activités vont à l'encontre des 
orientations du gouvernement actuel.
Si les deux propositions passent toutes les étapes et aboutissent à une 
nouvelle loi - ce dont des analystes doutent -, elles pourraient rendre 
leur travail difficile.
Les deux textes ciblent le financement des ONG par les États étrangers 
ou les institutions internationales. L'une veut imposer un plafond des 
dons aux ONG qui cherchent à «influer sur le programme diplomatique et 
sécuritaire d'Israël» ou qui s'engagent dans des activités politiques. 
La deuxième prévoit une taxe importante sur les sommes versées.
La gauche israélienne a décrié ces propositions de loi, perçues comme 
une nouvelle tentative de museler les groupes qui s'opposent au 
gouvernement de droite, quelques mois après l'adoption d'une loi 
interdisant l'appel au boycottage des colonies. Généralement, ce sont 
les organismes de gauche qui reçoivent du financement de gouvernements 
étrangers. Les propositions ne visent pas les dons étrangers privés, 
dont bénéficient certains groupes de droite.
«C'est non-démocratique»
«Ça donne une impression très négative, dit le directeur général de La 
Paix maintenant, Yariv Oppenheimer. C'est comme si l'État nous liait les
 mains pour rendre impossible ou difficile de faire ce en quoi nous 
croyons. Et c'est simplement parce que nous n'avons pas le même point de
 vue. C'est non-démocratique.»
La Paix maintenant estime que de 40 à 50% de son budget proviennent de 
gouvernements étrangers, comme la Norvège et la Grande-Bretagne. 
Plusieurs de ses projets les plus importants, comme la surveillance des 
activités dans les colonies de Cisjordanie, sont soutenus par des fonds 
publics étrangers.
Le député Ophir Akunis a défendu dans un communiqué sa proposition sur 
la limite du financement des ONG en soulignant qu'elle visait «à 
empêcher l'ingérence de gouvernements étrangers - même ceux de pays amis
 - dans les affaires politiques israéliennes à travers le soutien à des 
ONG».
Les deux propositions ont reçu l'appui de 11 ministres contre 5. Les 
politiciens qui se sont opposés ont demandé un nouveau vote. Elles 
devraient ensuite être soumises à la Knesset, Parlement israélien.
Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a soutenu les propositions, mais aurait exprimé certaines réserves, selon Haaretz. Des questions sur leur constitutionnalité ont aussi été soulevées.
L'analyste politique Menachem Hofnung reste sceptique sur la possibilité
 qu'une telle loi soit adoptée. «Ça reste à voir, dit-il. Mais c'est 
surtout une déclaration pour mettre ces organisations à part. Il y a des
 moyens de contourner les problèmes de fonds. Ce n'est pas tant pour 
l'argent que pour la stigmatisation.»
-Avec Haaretz et l'AFP