Israël - 21 novembre 2011
Par Saed Bannoura
L'étude a été conduite par Issa Smeirat, 43 ans, dans le cadre de son 
DEA. C'est la première étude de ce genre, et ses résultats ont surpris 
les responsables palestiniens et israéliens, rapporte le quotidien 
israélien Ha'aretz, qui précise que si ces sommes avaient été 
investies en Cisjordanie, elles auraient permis la création d'au moins 
213.000 emplois.
Selon l'étude, 16.000 hommes d'affaires palestiniens de Cisjordanie , détenteurs d'autorisations permanentes délivrées par Israël pour entrer dans le pays et y faire des affaires, ont créé des entreprises en Israël
 et dans les colonies des territoires occupés, dont plusieurs usines et 
compagnies ayant de nombreuses filiales, qui paient toutes des taxes à Israël.
Smeirat a également étudié les raisons qui poussent ces investisseurs palestiniens à investir en Israël
 et dans les colonies illégales, en particulier depuis que, étant donné 
la sensibilité de la question, de plus en plus d'organisations, 
d'activistes et de responsables palestiniens appellent à boycotter Israël et les produits des colonies.
Interviewé par Ha'aretz, le chercheur a déclaré que la 
sensibilité de cette question empêchait la publication de l'identité des
 investisseurs, ajoutant que pendant qu'il conduisait sa recherche, le 
ministre palestinien de l'Economie nationale en Cisjordanie
 , celui-là même qui a lancé la campagne de boycott des produits des 
colonies, avait affirmé que l'Accord de Paris n'interdisait pas 
l'investissement dans les colonies.
Il faisait référence au Protocole sur les Relations économiques, qui est en annexe à l'Accord Gaza-Jéricho, le premier accord de paix signé entre Israël et l'Organisation de Libération de la Palestine le 4 mai 1994.
L'accord a défini les relations entre les deux parties puis a été 
intégré et supprimé par l'Accord Oslo 2, connu sous le nom d'Accord 
intérimaire sur la Cisjordanie  et la Bande de Gaza des 24 et 28 septembre 1995.
L'étude de Smeirat a été présentée à la fin de l'été dernier à 
l'Université al-Quds. Le chercheur a obtenu des informations détaillées 
des Services palestiniens du Commerce et de l'Industrie sur les 
investisseurs palestiniens en Israël et dans les colonies.
Il a réussi à contacter 540 investisseurs et a remis 420 questionnaires à
 d'autres investisseurs, mais seuls 374 d'entre eux l'ont rempli et 
renvoyé. Il a pu également conduire des entretiens directs avec 120 
investisseurs.
Son étude révèle que la plupart d'entre eux parlent couramment l'hébreu 
et plus de la moitié ont 40 ans et plus, ce qui indique que ces hommes 
d'affaires ont travaillé en Israël avant que l'Etat ne ferme ses frontières aux Palestiniens, au début des années 90.
Environ 23% d'entre eux ont travaillé en tant qu'ouvrier en Israël avant de créer leurs entreprises et commerces, et seuls 0,5% ne parle pas hébreu.
1/5 des investisseurs ont déclaré que leurs entreprises sont en Israël, dans les colonies israéliennes, en Cisjordanie  ou à l'étranger ; 1/5 ont dit que leurs investissements se trouvaient seulement en Israël et dans ses colonies.
Environ 60% d'entre eux ont dit que leur toute première expérience d'investissement avait eu lieu en Israël.
Le chercheur a dit que selon lui, la raison principale qui encourage des investisseurs palestiniens à investir en Israël et dans ses colonies réside dans la capacité limitée des investissements palestiniens, principalement depuis qu'Israël contrôle 60% de la Cisjordanie
  occupée, qu'il contrôle également toutes les ressources naturelles, en
 particulier l'eau, en plus des restrictions israéliennes sur la liberté
 de circulation des personnes et des biens, avec un contrôle sur tous 
les passages frontaliers en Cisjordanie  et la fermeture des marchés israéliens aux produits palestiniens.
Les restrictions israéliennes ont eu pour conséquence une montée en flèche des coûts de production en Cisjordanie , comparés aux mêmes coûts en Israël,
 ceci ajouté à la forte augmentation du prix des terres palestiniennes 
(à vendre ou à louer), à l'augmentation des prix de l'eau, de 
l'électricité, et aux longues périodes d'attente que doivent supporter 
les investisseurs lorsqu'ils importent des matières premières à cause 
des restrictions israéliennes aux frontières. Ces facteurs augmentent 
les coûts de production d'environ 30%.
Les capitaux des 16.000 investisseurs palestiniens dans les secteurs de 
l'Autorité palestinienne sont répartis comme suit : 3.300 investisseurs à
 Hébron, 3.100 à Ramallah, 4.000 à Naplouse et 2.000 à Bethléem.
Selon Smeirat, les investissements palestiniens s'élèvent à environ 7 
milliards de dollars US ; 5 milliards de $ environ ne sont pas investis 
en Israël et dans ses colonies, mais surtout à 
l'étranger, en projets ou en actions, un problème qui pose un défi 
important pour les opportunités d'investissements en Cisjordanie .
Source : IMEMC
Traduction : MR pour ISM