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         Walter Pincus, journaliste lauréat du prix Pullitzer et éditorialiste respecté du Washington Post, a signé un article
 mardi 18 octobre appelant son gouvernement à réduire l’aide américaine à
 Israël. A première vue, rien d’extraordinaire : un journaliste donne un
 avis argumenté sur la politique étrangère de son pays.
        
Sauf qu’il ne s’agit pas d’un sujet anodin aux États-Unis. En fait, le spécialiste des affaires étrangères MJ Rosenberg  écrit sur le Huffington Post :
    « Pour la première fois depuis que 
je peux m’en souvenir, et sans doute depuis toujours, un éditorialiste 
grand public respecté appelle les États-Unis à réduire leur aide à 
Israël.
    L’aide à Israël est pratiquement le 
seul programme, intérieur ou extérieur, qui échappe à toutes les 
propositions de réduction budgétaire au congrès. Peu importe que notre 
propres armée, le système de santé, la recherche contre le cancer ou des
 centaines d’autres programmes connaissent des réductions importantes, 
les amis d’Israël au Congrès, au sein des deux partis, s’assurent 
toujours que l’aide à Israël reste à son niveau. »
Et l’auteur de ces lignes sait de quoi il parle : MJ Rosenberg a lui-même travaillé au Congrès au sein du comité sur les relations
 avec Israël et a vu de l’intérieur le processus de protection du budget
 d’aide vers ce pays. Il raconte comment chaque parlementaire envoie une
 liste de requêtes portant sur les programmes qu’il veut voir financés, 
la plupart du temps en relation avec l’intérêt particulier du 
parlementaire et de la collectivité locale qu’il représente. Seule 
exception : l’aide à Israël, qui « est apparemment une question locale pour tous les législateurs ».
Ce sont des exceptions comme celle-ci, ou comme la 
clause qui inscrit dans la loi l’impossibilité de baisser le budget 
d’aide à Israël, que dénonce Walter Pincus dans les colonnes du Washington Post.
 Autre bizarrerie : la clause « qualitative military edge », également 
inscrite dans la loi, exige de prouver que toute vente d’arme à un autre
 pays du Moyen-Orient « n’affectera pas de manière négative l’avantage militaire d’Israël sur ceux qui menacent Israël ». Problème : l’Arabie saoudite et l’Égypte sont à la fois alliés des États-Unis et considérés comme une menace pour Israël.
Selon Rosenberg, l’article de Pincus, en soulignant les 
contradictions budgétaires de la situation, pourrait aider à faire 
évoluer la situation au Congrès :
    « Cela pourrait changer grâce à une 
tribune d’un journaliste intrépide, écrivant dans un journal résolument 
pro-Netanyahou, et de surcroît juif, ce qui le protège de l’accusation 
d’“antisémisme” portée contre tous ceux qui remettent en question la 
politique israélienne des États-Unis. »
      
         20 octobre 2011 - Slate.fr