Eric Walberg - Al-Ahram
									Le mouvement pour l’indépendance de la Palestine a tiré profit 
de l’amplification du mouvement BDS qui révèle au monde les terribles et
 injustes souffrances du peuple palestinien.
								
Des
 militants français manifestent leur solidarité avec les Palestiniens, 
en appelant à un boycott international de l’état sioniste - Photo : EPA
Une nouvelle campagne du Boycott, Désinvestissement et 
Sanctions a été lancée par l’Eglise Unie du Canada, qui va tenter de 
convaincre six compagnies opérant au Canada — Caterpillar, Motorola, 
Ahava, Veolia, Elbit Systems et Chapters/Indigo — de cesser de soutenir 
l’occupation israélienne. "La campagne est semblable à d’autres 
campagnes initiées il y a quelque temps par l’Eglise Presbytérienne et 
la Conférence de la Nouvelle Angleterre de l’Eglise Méthodiste Unie. 
Nous avons lancé ’Occupés par la paix’ après presque deux ans de 
réflexion et d’études" dit le porte-parole, Jean Lee.
Le Congrès des syndicats anglais a voté la réévaluation 
de ses liens avec la confédération syndicale israélienne Histadrut, et 
réaffirmé sa décision d’encourager ses membres, ses patrons et ses fonds
 de pension à se désinvestir des compagnies qui tirent profit des 
colonies illégales, de l’Occupation et de la construction du Mur, et à 
les boycotter.
Les militants culturels londoniens de "Admirateurs de 
Beethoven pour le boycott d’Israël", se sont livrés, le 1er septembre, à
 un acte militant tout à fait original en chantant leur propre version 
de l’Hymne de la Joie à plusieurs reprises pendant un concert de 
l’orchestre philharmonique israélien au Royal Albert Hall de Londres, ce
 qui a obligé la BBC à interrompre la retransmission en direct du 
concert. "Israël mettez fin à votre occupation. Il n’y a pas de paix sur
 une terre volée. Nous chanterons pour la libération jusqu’à ce que vous
 nous entendiez et nous compreniez."
Les étudiants Sud-Africains ont mis en place un boycott 
national contre Israël et les Autorités des Standards Publicitaires 
d’Afrique du Sud ont rejeté les plaintes concernant une publicité radio 
du guitariste principal de Faithless en soutien des Artistes d’Afrique 
du Sud contre l’Apartheid : "Salut, je suis Dave Randall de Faithless. 
Il y a 20 ans je n’aurais pas accepté l’apartheid en Afrique du Sud ; 
aujourd’hui je ne l’accepte pas en Israël. Soyez du non côté de 
l’histoire ? Ne soutenez pas l’apartheid. Ralliez-vous au boycott 
international d’Israël."
Le basketteur légendaire de la NBA, Karim Abdel-Jabbar, a
 refusé d’aller en Israël à cause des "inquiétudes suscitées par les 
violences du Jour de la Nakba". Abdel-Jabbar devait présenter son 
nouveau documentaire sur la ségrégation raciale dans le basket, "Sur les
 épaules des géants", et devait concourir pour le "prix de l’esprit de 
liberté" au festival du film de Jérusalem.
Suite à une intense campagne de boycott au niveau 
européen, le plus gros exportateur israélien de produits frais, Agrexco,
 qui commercialise des produits provenant des colonies illégales 
estampillés "produits d’Israël", a déposé le bilan cet été. Ses 
problèmes financiers sont peu de chose comparés à ceux de la 
multinational française Veolia, une entreprise de systèmes urbains qui 
fournit des services au tramway qui relie Jérusalem aux colonies 
illégales de Jérusalem Est sous occupation et à la Cisjordanie voisine.
Depuis le début de la campagne initiée par les 
Palestiniens en 2005, Veolia a perdu des contrats d’une valeur globale 
de 14 milliards de dollars. La fusion récente de la division des 
transports Veolia avec une filiale du principal fond d’investissement 
d’état français indique que la solution que le gouvernement français a 
choisie pour solutionner les problèmes de Veolia est de faire payer ses 
pertes financières par les contribuables. Veolia se retire de plus de 40
 pays mais pas du pays —Israël— qui est la cause principale de ses 
tracas financiers.
Son implication dans le projet de tramway viole les 
règles de l’Organisation pour la Coopération et le Développement 
économiques (OCDE). Considérant que le siège de l’OCDE est à Paris et 
que Israël est un nouveau membre, cela est particulièrement ironique.
La compagnie israélienne Sodastream, quant à elle, a 
subi un revers sérieux en Suède quand la chaîne de supermarchés Coop a 
annoncé qu’elle allait arrêter d’acheter ses produits. La principale 
unité de fabrication de Sodastream est située à Mishor Adumim, la plus 
grande colonie israélienne en Cisjordanie occupée. Unilever a déjà cédé à
 la pression du BDS en annonçant en juillet qu’il avait l’intention de 
ramener son usine de Bagels et de Bagels pretzels à l’intérieur de la 
ligne verte. Sodastream lui-même a laissé comprendre qu’il va aussi 
céder en annonçant la construction d’une nouvelle usine à l’intérieur de
 la ligne verte pour 2013, date de l’expiration du bail de l’usine de 
Mishor.
La campagne contre Sodastream s’est rapidement étendue 
dans le monde entier y compris aux USA. En mars, une pétition appelant 
Bed Bath & Beyond à cesser de vendre les produits de Sodastream 
(ainsi que ceux de Ahava, l’entreprise de cosmétiques basée dans une 
colonie) a été distribuée à 15 endroits le long de la côte ouest des USA
 de Seattle à Los Angeles et un groupe de militants déguisés en mariés a
 mis en scène un simulacre de mariage appelant les mariés concernés par 
la justice à ne plus utiliser les services de Sodastream (et Ahava) pour
 de leur mariage.
La lutte s’intensifie, spécialement en Australie. Une 
action pacifique du BDS contre une entreprise de cosmétiques de Jéricho 
qui vend des sels de la Mer Morte a été attaquée en juillet par la 
police et 19 militants de Melbourne sont menacés d’une amende de 32 000 
dollars. L’attaque a suivi la demande du président de la communauté 
juive de Victoria de "réprimer plus sévèrement les protestataires 
agressifs." En ce moment des centaines de militants pro-Palestine des 
USA, France et Grèce, sont sous le coup d’une enquête criminelle pour 
avoir lutté pacifiquement pour les droits des Palestiniens.
Et il y a aussi la loi d’anathémisation votée le 11 
juillet par la Knesset en Israël qui permet aux "victimes" de poursuivre
 en justice ceux qui promeuvent le boycott. Cette loi succède à la 
récente loi sur la Nakba qui interdit de financer des institutions qui 
reconnaissent le nettoyage ethnique de la Palestine.
L’organisation israélienne,  Peace now, a tout de suite 
mis en place un groupe facebook "Attaque-moi en justice, je boycotte les
 colonies". "Nous n’avons jamais boycotté les colonies, nous le faisons 
maintenant à cause de la loi sur le boycott", nous a dit le militant de 
Peace Now, Etai Mizrav, "Quand ils ont décidé de faire taire les gens, 
nous avons décidé qu’il était temps de dire aux Israéliens que ceux qui 
soutiennent les colonies concourt à l’isolement d’Israël et font du tort
 à l’état." Une coalition de groupes alliés a décidé de demander à la 
Cour Suprême israélienne d’abroger la loi. "C’est vraiment absurde que 
les victimes de l’occupation soient obligées de payer des indemnités aux
 occupants s’ils organisent un boycott des produits des colonies" a 
déclaré le porte parole de la coalition, Idan Ring.
Une victoire de la campagne pour le Désinvestissement a 
été enregistrée cet été avec la décision du fond de pétrole norvégien de
 450 milliards d’euros d’exclure deux firmes israéliennes - Africa 
Israel Investments et sa filiale d’ingénierie Danya Cebus— à cause de 
leur activité dans les colonies.
Quant aux Sanctions, l’événement le plus important de 
l’été a été le rapport Palmer de l’ONU qui a critiqué Israël pour son 
usage excessif de la force contre la Flottille de la Liberté mais qui 
cependant soutient son siège de Gaza en dépit du fait qu’une Commission 
des droits de l’homme de l’ONU précédente l’ait déclaré illégal. A cause
 de l’absence de réelles sanctions contre Israël par l’institution 
internationale le gouvernement turc a renvoyé l’ambassadeur d’Israël. 
Suite à l’assassinat par Israël d’au moins cinq gardes frontières 
égyptiens cet été, les manifestants égyptiens ont eux aussi chassé 
l’ambassadeur israélien et celui de Jordanie s’est enfui par peur de 
manifestations similaires.
Ceux qui voudraient que les politiciens israéliens 
rendent des comptes viennent de subir un revers. La semaine dernière les
 Anglais ont amendé une loi qui permettait de délivrer des mandats 
d’arrêts contre des politiciens et des militaires israéliens selon une 
juridiction internationale qui stipule que certains crimes sont si 
graves qu’ils peuvent être jugés partout. C’est un tel mandat qui avait 
été délivré contre le leader de l’opposition israélienne Tzipi Livni en 
2009.
* Eric Walberg est un journaliste qui a travaillé en Ouzbékistan et qui écrit actuellement pour l’hebdomadaire Al-Ahram au Caire.
Al Ahram weekly - Pour consulter l’original : 
http://weekly.ahram.org.eg/2011/106...Traduction ; Dominique Muselet
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