Pages

mardi 23 août 2011

Israël tente de calmer le jeu avec l’Égypte

22/08/2011
Israël tentait hier de désamorcer la crise diplomatique avec l’Égypte après la mort de cinq policiers égyptiens lors d’une opération israélienne, il y a quatre jours. Au Caire, plus d’un millier d’Égyptiens ont manifesté hier, pour la deuxième nuit consécutive, devant l’ambassade d’Israël.
Les dirigeants israéliens s’efforçaient hier de désamorcer la crise diplomatique la plus sérieuse dans leurs relations avec l’Égypte depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février, après la mort de cinq policiers égyptiens dans le Sinaï. Le président Shimon Pérès a ainsi exprimé ses « regrets » pour la mort de ces policiers égyptiens en qualifiant de « stratégique » le traité de paix conclu entre les deux voisins en 1979. « Je suis certain qu’aucun Israélien ne veut voir des soldats égyptiens tués. J’adresse mes condoléances au peuple d’Égypte et aux familles des soldats », a souligné le président israélien. « Aussi bien les Israéliens que les Égyptiens ont un intérêt suprême à empêcher le terrorisme de se déchaîner. Le Sinaï doit rester un centre touristique et de paix. Il faut tout faire pour garantir que les terroristes et les extrémistes n’en saisissent pas le contrôle », a affirmé M. Pérès. Le plus haut personnage de l’État hébreu a fait symboliquement ces déclarations aux médias au cours de visites de condoléances aux familles d’un soldat et d’un policier israéliens tués jeudi près d’Eilat, dans le sud d’Israël. Six civils israéliens ont également été tués au cours de ces attaques attribuées par Israël à un groupe radical palestinien de Gaza, les Comités de résistance populaire (CRP). C’est au cours de ce même incident que les policiers égyptiens ont été tués dans ces circonstances non éclaircies.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal Palmor a pour sa part « espéré que la crise est derrière nous ». « C’est de l’intérêt bien compris des deux parties », a déclaré M. Palmor. Adoptant un ton un peu moins diplomatique, le vice-Premier ministre Sylvan Shalom, un faucon, a souhaité que les relations avec l’Égypte « reviennent à la normale car elles sont très importantes ». « L’accord de paix est effectif, il y a toujours deux ambassades », a-t-il remarqué. M. Shalom a toutefois déploré l’assaut donné samedi par des manifestants égyptiens au Caire contre l’ambassade d’Israël. « Je n’ai pas aimé le fait que des manifestants soient montés sur le toit et que des drapeaux israéliens aient été brûlés », a-t-il reproché. « Nous approchons d’élections en Égypte, et l’absence d’un ambassadeur (égyptien) en Israël pourrait pousser la région vers l’extrémisme. Les États-Unis et la communauté internationale ne veulent pas de cette escalade. Si l’Égypte abandonnait sa ligne modérée prooccidentale, toute la région et ses ressources pétrolières passeraient sous le contrôle de l’Iran », a averti le ministre israélien.
Au Caire, plus d’un millier de personnes se sont rassemblées dans la nuit de samedi à dimanche devant l’ambassade d’Israël pour dénoncer la mort des policiers. Sous les acclamations, un manifestant a retiré le drapeau israélien flottant au sommet de l’immeuble abritant l’ambassade et a hissé à sa place celui de l’Égypte, ont indiqué des témoins. Hamdi Sabahi, candidat à l’élection présidentielle égyptienne, l’a félicité dans un communiqué : « Hamdi Sabahi (...) salue avec fierté Ahmad ach-Chahat, le héros qui a brûlé le drapeau sioniste qui polluait l’air égyptien depuis 30 ans. » La police antiémeute, présente aux abords de l’ambassade, n’est pas intervenue.
Le gouvernement égyptien a jugé jusqu’à présent insuffisants les « regrets » exprimés dès samedi par le ministre de la Défense Ehud Barak pour la mort des soldats égyptien, en s’abstenant toutefois de mentionner le rappel de son ambassadeur à Tel-Aviv, annoncé samedi par la télévision d’État mais qui n’a pas été confirmé officiellement. Le Caire avait rappelé son ambassadeur dans l’État hébreu en novembre 2000 pour protester contre « l’usage excessif de la force » par Israël contre les Palestiniens après le déclenchement de la deuxième intifada. L’Égypte a néanmoins salué l’ouverture d’une enquête conjointe sur l’incident. Une délégation emmenée par un diplomate israélien de haut rang, qui n’a pas été identifié, est arrivée hier au Caire selon des sources aéroportuaires.
La Ligue arabe a de son côté condamné « l’agression israélienne contre les forces égyptiennes ».
(Source : agences)