dimanche 19 juin 2011 - 07h:08                    
                                                                                              
Traduction : Nazem
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Budour Youssef Hassan - The Electronic Intifada
          Beaucoup d’attention a été accordée aux marches organisées par les réfugiés palestiniens au Liban et en Syrie sur les frontières avec la Palestine occupée, ainsi qu’aux courageuses manifestations au checkpoint de Qalandiya en Cisjordanie occupée et à Gaza.         
Les  forces répressives israéliennes s’affrontent le 15 mai, jour de la  Nakba, avec de jeunes palestiniens dans le quartier d’Isswiya à  Jérusalem-est - Photo : ActiveStills
Mais les Palestiniens qui vivent à l’intérieur de ce qui est connu sous le nom de ligne verte,  ou ligne d’armistice internationalement reconnue d’Israël avec la  Cisjordanie occupée et Gaza, ont également organisé une marche le 15  mai. Nous avons convergé à la frontière avec le Liban, dans l’objectif  de protester symboliquement contre le régime d’Apartheid qui a confisqué  nos terres, nous impose sa discrimination et tente de nous dépouiller  de notre identité nationale.
Le jour a commencé dans l’inquiétude. L’autobus qui  était censé aller du village de Bédouins palestiniens d’Al-Araqib  jusqu’à Jérusalem été arrêté par les forces de sécurité sraéliennes sur  son trajet et trois des passagers ont été détenus par la police  israélienne. Une heure plus tard, nous avons été forcés de trouver un  autre conducteur pour nous emmener de Jérusalem vers la ville  frontalière libanaise de Maroun al-Ras.
Dans notre long voyage vers le nord, nous suivions avec frénésie les nouvelles venant de Qalandiya, de Gaza, de Maroun al-Ras et du village de Majdal Shams,  sur les hauteurs du Golan occupé par les Israéliens. Pour les 25  passagers de l’autobus, c’était un mélange d’inquiétude, de fierté  envers le courage incroyable montré par les jeunes révolutionnaires  palestiniens, et d’espoir. Très peu parmi nous ont cru réellement que  nous pourrions arriver à la frontière et que nous puissions accueillir  nos soeurs et frères palestiniens de retour dans leur foyer. Mais nous  avons voulu envoyer un message clair à l’occupant israélien, montrant  que nous sommes ici pour y rester et que la lutte des Palestiniens pour  la liberté, la dignité et la justice est tout à fait résolue.
Alors que nous arrivions au checkpoint  près du village détruit de Birim, des protestataires venus de Haïfa et  de Nazareth ont été arrêtés ou forcés de repartir après avoir été  violemment dispersés par la police israélienne des frontières. Les  forces de « sécurité » ne nous ont pas laissés atteindre la frontière,  ayant déclaré cette zone secteur militaire interdit. Nous avons donc  décidé de maintenir notre protestation et de crier des slogans au checkpoint.
Armés de la puissance de notre juste cause et de nos  voix fortes nous avons scandé des slogans pendant 25 minutes par  solidarité envers nos camarades de Maroun al-Ras, de Majdal Shams,  de Gaza et de Cisjordanie, et nous avons fait savoir que même après que  63 ans se soient écoulés, nous n’avions pas oublié la catastrophe de  1948 et que nous n’avions pas abandonné le droit au retour pour les  réfugiés Palestiniens.
La police Israélienne en a eu assez et elle nous a  ordonné de partir. Nous n’avons pas cédé et nous avons continué nos  slogans. Meissa Irshaid, une juriste auprès du Comité Public contre la  Torture en Israël, a essayé d’expliquer au commandant adjoint du secteur  de la Galilée, Kobi Bachar, que notre présence au point de contrôle ne  violait aucune loi. Mais juste pendant qu’elle parlait avec lui, Bachar l’a giflée brutalement,  puis la police a commencé à nous frapper à coups de pied, puis à nous  envoyer des gazs lacrymogènes et à arrêter des manifestants.
Maath Musleh, un blogger Palestinien pour la Voix de la Jeunesse de la Palestine [Palestine  Youth Voice ] et consultant indépendant en médias sociaux, était l’un  des huits militants qui ont été détenus dans la prison dans la ville de Safed  pendant toute une nuit. Il a ensuite été asssigné à domicile pendant  quatre jours. « J’étais juste le témoin des dix premières secondes de  l’attaque, parce qu’ensuite quatre soldats s’en sont pris à moi et m’ont  traîné dans la rue, » raconte Musleh.
« Un soldat m’a maintenu au sol avec son genou sur mon  visage. Mes yeux regardaient un homme âgé déjà étendu au sol et  j’entendais et sentais les grenades lacrymogènes tirées sur les  manifestatnts pourtant pacifiques. Alors que Je regardais fixement les  soldats dans les yeux, j’y ai vu de la crainte. Une crainte de la force  [de ceux qui sont dans leur droit], une crainte de la force du peuple  palestinien qu’ils n’ont pu briser durant ces 63 années, » a-t-il  ajouté.
Décrivant la nuit passée à la prison de Safed, Musleh continue : « Quand J’ai été enfermé à clef dans ma cellule dans la prison de Safed,  j’ai du constater les trois plus mauvais trois aspects de  l’enfermemement en prison. Premièrement, c’était vraiment blessant de  voir des Palestiniens travailler côte à côte avec votre ennemi pour vous  opprimer ; le juge qui a nous imposé l’assignation à domicile pour  quatre jours était un Arabe de même que certains des gardiens de  prison. »
« Deuxièmement, Je me demandais si le mouvement  en-dehors des murs de la prison continuait. J’ai été submergé par la  crainte que le peuple ait cédé, » a ajouté Musleh. « Troisièmement, J’ai  été accablé par le sentiment que certains aient sacrifié beaucoup plus  que ce j’ai fait. Nous avons eu à déplorer la perte de dizaines de  martyrs ce jour-là. Ces gens ont perdu leurs vies pour la défense de  leurs droits. Tandis que moi je n’ai rien perdu. »
L’avocate Meissa Irshaid, qui a été également détenue  pendant une nuit et assignée à domicile pendant quatre jours, a  parfaitement résumé la cruelle ironie de la Nakba : « Ma famille faisait  partie des familles qui ont été expulsées de Safed en 1948. Il est ironique de constater que 63 ans après, j’aie été forcée de retourner dans ma ville natale de Safed avec des menottes aux poignets. »
* Budour Youssef Hassan  est originaire de Nazareth. Elle est militante socialiste et étudiante  de troisième année à l’université hébraïque de Jérusalem. On peut suivre  ses activités sur Twitter
31 mai 2011 - The Electronic Intifada - Vous pouves consulter cet article à : 
http://electronicintifada.net/conte...Traduction : Nazem
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