21.06.11
Le blocus israélien de Gaza dure depuis trop longtemps. Aujourd'hui, il  est permis à un Etat d'asphyxier tout un territoire sans que les  gouvernements du monde occidental ne s'en émeuvent. La bande de Gaza est  l'endroit au monde le plus densément peuplé et certainement l'un de  ceux où la population civile souffre le plus des privations en tout  genre.
Malgré les condamnations des différentes organisations  internationales de défense des droits humains, le gouvernement israélien  ne semble pas prêt à lever un siège qui viole les dispositions du droit  international humanitaire.
Le prétexte avancé par Israël pour bloquer toute livraison de vivres  ou de matériel destiné à reconstruire les milliers de bâtiments  endommagés suite à la funeste opération "Plomb durci" de l'hiver 2009  (dont de nombreux hôpitaux et écoles et qui s'est soldée par 1 400 morts  dont 350 enfants) ne tient pas la route. Ce n'est pas avec des jouets,  de la confiture ou du papier A4 que les militants du Hamas vont fabriquer des roquettes.
La politique du gouvernement de Nétanyahou est en réalité sordide.  Elle vise à rendre la vie aux Gazaouïs insupportable dans l'espoir  chimérique de voir la population se soulever contre le pouvoir du Hamas qu'elle a pourtant porté aux urnes de façon démocratique…
Cette stratégie de la punition collective relève du crime de guerre  selon nombre d'observateurs internationaux et à certains égards du crime  contre l'humanité. C'est une constante dans la politique israélienne de  sévir de la manière la plus agressive à l'égard de Gaza qui a toujours  constitué un problème épineux pour les gouvernements israéliens. En 1992  le premier ministre israélien Itzhak Rabin rêvait déjà de voir Gaza "sombrer dans la mer".
Face à cette impunité et au silence complice des Etats, notamment  occidentaux, la société civile internationale a décidé de réagir pour  exiger l'application du droit et des résolutions internationales.  L'insulte de la poursuite du blocus de Gaza a ainsi amené l'an dernier  des centaines de volontaires internationaux à se joindre à la première  Flottille de la liberté.
Malheureusement, l'armée israélienne avait arraisonné dans les eaux  internationales les cargos qui transportaient des tonnes de matériel  médical et humanitaire avec au bout du compte neufs civils turcs tués et  des dizaines de blessés. Gaza devait rester cette gigantesque prison à  ciel ouvert et personne ne devait remettre en question l'embargo infâme  qui dure depuis plus de quatre ans.
Aujourd'hui, l'élan de solidarité se poursuit et c'est en France que  la mobilisation a donné des signes encourageants. L'initiative "Un  bateau français pour Gaza" a été un vrai succès populaire puisque plus  de 1 500 actions à travers une centaine de villes de France ont permis  de récolter la somme nécessaire à l'achat d'un bateau (près de 600 000  euros récoltés à ce jour). Ce navire devra rejoindre la seconde  Flottille de la liberté dans quelques jours avec à son bord des citoyens  français de toutes origines décidés à exiger la levée de ce blocus  infâme et à apporter l'aide humanitaire qui manque cruellement à  l'étroite bande côtière.
Cette initiative non-violente, pacifique et citoyenne est un bel  exemple de solidarité humaine puisqu'elle a permis à des dizaines  d'organisations de défendre, au-delà de leurs appartenances partisanes,  philosophiques ou religieuses, une même idée de la justice et de la  dignité et d'incarner les principes républicains de liberté, d'égalité  et de fraternité.
Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF), et Pierre Stambul, membre du Bureau national de l'union juive française pour la paix (UJFP).