Renée-Anne Gutter
Son refus de revenir aux frontières d’avant 1967 est idéologique et sécuritaire.
Benjamin Netanyahou a bouclé  mercredi  (25 mai) sa croisade politique à Washington, sans percée  diplomatique et plus résolu que jamais à refuser tout retour aux  frontières d’avant juin 1967. A la colère des Palestiniens. Mais à la  satisfaction des Israéliens. Selon les derniers sondages, 61 % des  Israéliens rejettent la formule Obama qui base tout futur règlement avec  les Palestiniens sur les lignes de 1967 avec des échanges de  territoires. Et 70 % félicitent M. Netanyahou pour avoir ouvertement  tenu tête au président américain sur ce point.
M. Netanyahou décrie les frontières d’avant la guerre  des Six-Jours pour des raisons à la fois idéologiques et sécuritaires.  Il l’a redit mardi devant le Congrès américain : la "Judée-Samarie"  (Cisjordanie) est "la patrie ancestrale du peuple juif".  "Nous n’y sommes pas des occupants étrangers, comme étaient les  Britanniques en Inde ou les Belges au Congo", a souligné le Premier  israélien.
Les colonies juives en Cisjordanie sont donc à ses yeux un prolongement inhérent à l’Etat juif  et sioniste. Mardi, M. Netanyahou s’est dit prêt à être "généreux au  sujet de la superficie d’un futur Etat palestinien" et à laisser  quelques colonies isolées hors de la future frontière israélienne. Mais  il refuse de céder les grands blocs d’implantations juives.
L’aire construite et habitée par les 300 000 colons de  "Judée-Samarie" ne couvre aujourd’hui qu’un pour-cent de la Cisjordanie.  Mais la juridiction municipale de ces colonies, c’est-à-dire le  territoire que les autorités israéliennes ont octroyé à chaque colonie à  des fins diverses, s’étend au total sur 42 % de la Cisjordanie. Aux  dépens des 2,5 millions de voisins palestiniens.
Bien que M. Netanyahou n’ait jamais élaboré  officiellement à ce sujet, l’on croit savoir que pour préserver les  blocs d’implantation juive, il voudrait annexer au moins 10 % de la  Cisjordanie. Il maintiendrait ainsi quelque 250 000 colons sur place.
A cela, il ajoute divers lieux d’importance sécuritaire à  ses yeux. Dont la vallée du Jourdain qui longe la frontière jordanienne  et fournit à Israël la profondeur stratégique vitale pour défendre son  front oriental. M. Netanyahou n’exige pas de l’annexer à proprement  parler, mais bien d’y garder une présence militaire.
Or, rien que cette vallée représente environ un tiers de  la Cisjordanie. Et c’est sans compter avec la Jérusalem-Est  palestinienne, déjà annexée unilatéralement depuis 1967, dont  M. Netanyahou ne veut pas se séparer. Plus de 200 000 Israéliens y  vivent aux côtés d’environ 250 000 Palestiniens.
Mardi, tout en réitérant son intention de garder  Jérusalem comme la "capitale unifiée" d’Israël, M. Netanyahou a pour la  première fois déclaré qu’"avec créativité et bonne volonté, une solution  pourrait être trouvée".
Il n’a pas précisé sa pensée, mais les analystes  n’excluent pas qu’il proposerait aux Palestiniens d’établir leur future  capitale dans les banlieues de Jérusalem-Est situées en dehors de l’aire  municipale annexée.
Cela ne suffira cependant pas aux Palestiniens qui  veulent récupérer leur Jérusalem-Est citadine, avec la vieille ville en  son cœur qui englobe les lieux saints musulmans et chrétiens.