Rami Almeghari - The Electronic Intifada
La journée du 22 mars marquera à jamais cette famille habitant le quartier Shujaiya, situé à l’Est de la Bande de Gaza.
Abou Hamad Al-Hilu à l’endroit où son fils Mahmoud a été tué - Photo : Rami Almeghari
Sur place, quelques cartes de jeu et autres petits objets sont tout ce que le petit Mahmoud Jalal Al-Hilu, âgé de 10 ans, a laissé derrière lui lorsqu’il a été tué par l’obus d’un char israélien pendant qu’il jouait à proximité de la maison.
Le père de la victime, Abu Hamad Al-Hilu, 48 ans, a raconté à The Electronic Intifada ainsi qu’aux personnes venues lui présenter leurs condoléances suite au décès de son fils que ce jour là, se dirigeant vers la mosquée pour la prière de l’après-midi, Mahmoud venait juste de rentrer de l’école. Le garçon a informé son père que les cours étaient annulés à cause des bombardements israéliens. La famille Al-Hilu compte six filles et quatre garçons. Ne pouvant empêcher ses larmes de couler, le père de famille esquissa un sourire en se rappelant Mahmoud. Il reconnait : « Mahmoud était le benjamin. Nous l’aimions tous sans exception et chaque membre de la famille, que se soit moi-même, sa mère ou les autres l’avions tant gâté et choyé, mais hélas, il n’est plus là, ni son sourire d’ailleurs qui nous a quittés à jamais ».
Fan de catch, Mahmoud adorait regarder ce divertissement sportif à la télé. Son idole, poursuit le papa, n’est autre que le catcheur John Cena : le garçon l’imitait assez souvent en se livrant à des duels avec ses frères, ses sœurs, et même avec moi.
S’agissant du drame, le père de Mahmoud raconte à The Electronic Intifada comment son fils a été touché. A l’extérieur de la maison de famille, il déclare : « Après mon retour de la prière de l’après-midi, j’ai vu mon oncle Yasser Hamad et son petit-fils Yasser Ahed baignant dans leur sang à côté de cette porte. » « J’ai essayé de leur porter secours mais je fus choqué par l’image de mon fils Mahmoud, étendu près de cette clôture, éventré et gisant dans une mare de sang » nous décrit Al-Hilu en nous montrant l’endroit où les obus israéliens ont été tirés.
Outre Mahmoud, trois autres personnes ont péri dans l’attaque. Selon le Centre Palestinien des Droits de l’Homme (Palestinian Centre for Human Rights) il s’agit de Mohamed Saber Harara, 19 ans, Yasser Hamad Al-Hilu, 51 ans et son petit-fils Yasser Ahed Al-Hilu, âgé de 15 ans. Côté blessés, le Centre déplore 11 civils, dont 8 enfants et 3 dans un état critique.
À l’intérieur de la maison de Mahmoud Al-Hilu, sa mère Umm Hamad recevait des parents et des amis venus soutenir et présenter leurs condoléances à toute la famille réunie et endeuillée, notamment à ses grands-mères, ses frères et ses sœurs.
Dans la chambre du garçon, Umm Hamad, en compagnie de son mari, se rappelle les instants ayant précédé la mort de son fils. Elle raconte : « Deux heures avant qu’il ne soit assassiné, Mahmoud se disputait joyeusement et se chamaillait avec son frère Ahmad... Ensuite, il m’a demandé un shekel, c’était le cinquième ce jour-là ! J’avoue que Mahmoud aimait avoir de l’argent et je n’en lui ai jamais refusé ».
Dans la chambre de la victime, son lit est désormais occupé par son frère Ahmad. Le garçon de 15 ans nous révèle à travers ses larmes qu’il a commencé à dormir dans le lit de Mahmoud depuis que ce dernier a été tué. « Peut-être que ce lit saurait me consoler ou tout simplement me rappeler mon frère » conclut Ahmed. Pour sa part, Umm Mohamed Al-Hatto, grand-mère de Mahmoud, 72 ans, s’interroge « N’y a-t-il personne pour nous protéger de ces tueries ? Où est le reste du monde ? » et d’ajouter, non sans amertume : « Sommes-nous destinés à hériter de la souffrance de génération en génération ? »
D’après le quotidien israélien Haaretz, le porte-parole de l’armée israélienne a affirmé que des militants palestiniens avaient tiré des mortiers sur Israël et que l’armée israélienne n’a fait que répliquer en ciblant la source du tir, ignorant la présence de civils dans cette zone. Il y a des oliveraies situées à trois cents mètres de la maison des Al-Hilu.
En réponse à l’assassinat des quatre personnes, y compris Mahmoud, l’armée israélienne a publié un communiqué déplorant la mort de civils et accusant le Hamas, le parti au pouvoir à Gaza, d’utiliser les civils palestiniens comme « boucliers humains » pour lancer des roquettes. En vérité, Israël a souvent eu recours à ce type d’accusations pour justifier la mort de civils palestiniens et libanais, bien que les groupes de défense des droits de l’homme et les enquêteurs onusiens aient rarement trouvé des preuves pour étayer de telles accusations.
En effet, ces derniers jours ont été placés sous le signe de représailles contre les tirs de barrage lancés à partir de Gaza sur Israël, ce qui a poussé ce dernier à intensifier ses attaques sur la Bande. Ainsi, le nouvelle vague de violence dans la région côtière occupée a débuté la semaine dernière lorsque des avions de guerre israéliens avaient tué deux militants du Hamas dans le sud de Gaza.
A la veille de sa mort, se souvient Umm Mahmoud, le petit garçon était venu la voir en s’excusant de ne pas pouvoir lui acheter un cadeau pour la Fête des Mères. Elle conclut : « Il ne me reste plus qu’à prier Allah pour qu’il m’accorde force et patience afin de surmonter l’absence de Mahmoud ».
* Rami Almeghari est journaliste et conférencier universitaire vivant dans la bande de Gaza.
Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.
29 mars 2011 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...Traduction de l’anglais : Niha