Pierre Rousselin
OPINION :
Le « printemps arabe » est survenu au moment où le  processus de paix entre Israël et les Palestiniens était au plus bas, si  ce n’est inexistant. Le réveil des opinions dans les pays de la région  contribuera-t-il à lever les blocages actuels et permettre de  ressusciter les efforts en vue d’un règlement isra&élo-palestinien ?
Pour le moment, l’Egypte et  les autres pays voisins d’Israël ont trop de soucis internes pour se  préoccuper d’autre chose. La chute de Moubarak, le 11 février, a  cependant été un sérieux coup de semonce pour Israël, qui a perdu  son  meilleur allié dans la région. Tant que l’armée conserve le pouvoir au  Caire,  la diplomatie égyptienne ne va pas beaucoup changer, mais les  élections prévues dans les mois qui viennent ne vont pas manquer de  lancer le débat que la conduite à tenir vis-à-vis de Gaza et vis-à-vis  d’Israël. Pour la première fois, les dirigeants égyptiens vont devoir  tenir compte de leur opinion.
Cela devrait inciter Israël à se montrer plus ouvert à  une solution négociée. Pour le moment tout est bloqué. Barack Obama  s’était très imprudemment avancé en septembre dernier en exprimant le  désir de voir un Etat Palestinien pleinement reconnu à l’ONU lors de la  prochaine Assemblée générale, en septembre prochain. Quelques semaines  plus tard, Netanyahou refusait de prolonger le moratoire sur la  colonisation en Cisjordanie et toute négociation devenait impossible.  Depuis, plus rien. Aucune perspective n’est en vue alors que les enjeux  régionaux s’aggravent.
L’Autorité palestinienne est soumise aux mêmes pressions  de l’opinion que les autres régimes arabes. Il lui faut obtenir un  progrès pour maintenir une légitimité. La campagne en vue d’une  reconnaissance par les Nations Unies de l’Etat palestinien est son  principal atout. Cela met la pression sur Netanyahou qui risque de faire  face à un « tsunami diplomatique » selon les mots de Ehoud Barak et  d’être isolé sur la scène internationale.
Le premier ministre israélien a obtenu des Républicains  qui dominent le Congrès des Etats-Unis une invitation a venir s’exprimer  devant les parlementaires américains en mai prochain. Nétanyahou compte  désamorcer la campagne palestinienne en s’appuyant sur le soutien des  Républicains d’autant plus précieux que la campagne pour les élections  de novembre 2012 va bientôt s’ouvrir aux Etats-Unis.
Barack Obama va-t-il se laisser manœuvrer ? Hillary  Clinton fait camapgne pour que le président ne laisse pas Nétanyahou  prendre l’initiative devant le congrès républicain. Elle voudrait  qu’Obama préempte la démarche de l’Israélien en rendant publiques ses  propres propositions pour une solution négociée avec les palestiniens.  Evidemment, la proximité de la campagne électorale fait hésiter les  conseillers politiques de la Maison Blanche.
En attendant, la France, la Grande Bretagne et  l’Allemagne se sont mis d’accord sur une position commune définissant  les « paramètres » de la négociation : gel des colonies, Jérusalem  capitale des deux Etats,  frontières à négocier sur la base de celles de  1967, conditions au droit au retour etc... Les Etats-Unis n’ont pas  voulu se prononcer sur ce texte et, du coup, ont repoussé déjà deux fois  des réunions programmées du Quartet (Etats-Unis, Union européenne,  Russie, ONU) pour ne pas avoir à entériner le texte des trois Européens.
Après le discours de Netanyahou devant les deux chambres  du Congrès, à la fin mai, se tiendra à Paris, en juin, une deuxième  Conférence des donateurs consacrée aux territoires palestiniens.  En  fonction de ce qui se sera passé d’ici là, cela peut être l’occasion de   donner une impulsion aux efforts de paix, come Paris en avait eu  l’intention à l’occasion d’un sommet annulé en novembre de l’Union pour  la Méditerranée.
Tout cela reste tributaire de l’attitude du Hamas  qui observe également le « printemps arabe » et pourrait être amené à  chercher l’escalade avec Israël pour tester l’attitude de l’Egypte.