Marc Henry
Plus  d’une centaine de pays sont prêts à reconnaître un État palestinien en  septembre prochain.  Pour l’heure, le premier ministre Benyamin Nétanyahou s’est contenté de  dénoncer par avance une possible déclaration d’indépendance unilatérale.
Israël serait  menacé d’un « tsunami diplomatique ». Cette expression, lancée par le  ministre de la Défense Ehud Barak, fait florès. Elle est reprise depuis  quelques jours par les commentateurs pour exprimer leurs craintes d’un  vote quasi unanime sur la reconnaissance d’un État palestinien, lors de  la prochaine Assemblée générale des Nations unies, dans cinq mois. Un  commentateur a même évoqué un « septembre noir ». Ce scénario, qui  prévoit un appel au retrait israélien sur les lignes de 1967,  c’est-à-dire hors de Cisjordanie et de la partie arabe de Jérusalem,  semble en effet pratiquement impossible à conjurer.
Plus d’une centaine de pays sont prêts à sauter le pas, y  compris en Europe. En outre, la Banque mondiale, le Fonds monétaire  international et l’ONU ont, dans trois rapports publiés ces derniers  jours, affirmé que Salam Fayyad, le premier ministre palestinien, avait  réussi à mettre en place les institutions politiques et économiques  indispensables pour créer un État viable. Bref, Benyamin Nétanyahou se  retrouve le dos au mur.
Pour l’heure, le premier ministre s’est contenté de  dénoncer par avance une possible déclaration d’indépendance unilatérale,  tout en admettant qu’il n’a pas de plan alternatif. « Je ne sais pas  encore ce que je vais dire et à quel moment je vais le dire », a-t-il  concédé cette semaine. L’État hébreu a rarement été aussi isolé. Selon  un diplomate israélien, le message de Benyamin Nétanyahou « ne passe  pas, on ne l’écoute plus vraiment ». « La plupart de nos interlocuteurs  ne cessent de nous rebattre les oreilles en nous expliquant qu’il faut  profiter du vent de démocratie qui souffle dans les pays arabes pour  négocier, comme si les deux choses étaient liées », ajoute-t-il avec  amertume.
Les commentateurs sceptiques
Conscient du danger, Benyamin Nétanyahou a organisé des  fuites sur une possible initiative. Ses proches évoquent un transfert de  contrôle d’une plus large partie de la Cisjordanie à l’Autorité  palestinienne, sans toucher aux colonies israéliennes. Le premier  ministre serait aussi favorable à la tenue d’une conférence  internationale visant à relancer des négociations au point mort depuis  deux ans. La plupart des commentateurs restent très sceptiques sur  l’efficacité de ce plan que les Palestiniens et la plupart des pays  européens n’ont aucune chance d’accepter. De plus, la « crise de  confiance » avec le grand allié américain a atteint un tel point que  « Barak Obama n’est plus prêt à acheter la moindre voiture d’occasion à  Benyamin Nétanyahou », estime Shimon Shiffer du quotidien Yédiot  Aharanot.
Moshé Arens, ancien ministre de la Défense et chef de la  diplomatie, qui a mis le pied à l’étrier à Benyamin Nétanyahou au tout  début de sa carrière politique, estime en revanche qu’il n’y a pas péril  en la demeure et qu’il laisse passer la vague. « Israël ne sera pas  dévasté en septembre comme l’a été le Japon. L’important est de rester  calme, de laisser retomber le brouhaha de tous ceux qui font à chaque  fois entendre leur voix dès qu’il s’agit de réclamer un retrait total  israélien », suggère Moshé Arens.