Ma’an - AFP
Le Hamas a pressé dimanche les Nations-Unies de confirmer leur rapport sur l’offensive d’Israël de 2008/2009 contre la bande de Gaza, après que l’auteur du rapport ait déclaré que ses conclusions auraient été différentes si Israël avait coopéré à l’enquête.
Un petit enfant blessé lors d’une attaque aérienne israélienne sur la ville de Gaza le 14 janvier, est soigné à l’hôpital Shifa - Photo : Mohamed Al-Zanon/MaanImages
La mission d’enquête du juriste sud-africain Richard Goldstone (*) sur l’opération Plomb durci a constaté qu’Israël et le Hamas pouvaient avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. La mission a trouvé la preuve qu’Israël avait commis « de graves violations de la Quatrième Convention de Genève pour ce qui est des meurtres délibérés et des grandes souffrances causées sciemment à des personnes protégées ».
Elle a recommandé aux deux parties de conduire des enquêtes sur les allégations.
Dans un article d’opinion publié vendredi (1er avril) dans The Washington Post, Goldstone critique le Hamas pour n’avoir conduit « aucune enquête sur les tirs de roquettes et de mortiers contre Israël ».
Goldstone félicite Israël d’avoir ouvert des enquêtes, bien qu’il note que peu d’entre elles n’aient été conduites à terme.
Hamas : le rapport n’est pas une « production privée » de Goldstone
Dans une déclaration de dimanche (3 avril), le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, a mis en doute les regrets de Goldstone sur le rapport, et il a fait remarquer qu’Israël avait refusé de coopérer avec les enquêteurs des Nations-Unis « alors que dans la bande de Gaza, on les avait accueillis et facilité leur travail ».
Le responsable du Hamas a noté aussi que Goldstone n’avait pas une autorité exclusive sur le rapport, lequel rapport est un document international et non sa « production privée ».
Abu Zuhri d’ajouter : « Le rapport n’est pas la propriété privée de Goldstone, il est cosigné par lui et aussi par un groupe de juges internationaux.
« En outre, le rapport s’est fondé sur des documents et des témoignages qui lui donnent crédibilité et force. »
Le haut responsable du Jihad islamique, Ahmad Al-Mudallal, s’est déclaré également « déçu par les commentaires de Goldstone » qui, dit-il, résultent « de pressions exercées sur lui par le lobby sioniste ».
Il a ajouté qu’Israël pouvait se saisir des remarques de Goldstone comme prétexte pour engager une nouvelle guerre contre la bande de Gaza et « commettre encore plus de massacres ».
Israël demande aux Nations-Unies d’annuler le rapport
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré samedi que le commentaire de Goldstone « confirmait ce que nous tous avons toujours su... Je pense que nos soldats et notre armée se sont comportés conformément aux règles internationales les plus élevées. »
« Nous comptons que cette farce soit immédiatement corrigée » a-t-il ajouté lors d’une brève allocution télévisée.
Le ministre de la Défense d’Israël, Ehud Barak, a déclaré que l’article d’opinion du Washington Post était « un développement extrêmement important et que dès maintenant, nous multiplions nos efforts pour obtenir que ce rapport soit retiré ».
Goldstone : le processus d’investigations d’Israël est en cours
Dans son commentaire, Goldstone se réfère à l’enquête de l’armée israélienne sur le meurtre par ses soldats de 29 membres de la famille Samouni dans leur maison à Gaza.
« Si la lenteur de cette enquête est frustrante, il apparait qu’un processus approprié est lancé, et je suis convaincu que s’il est constaté que l’officier a été négligent, Israël réagira en conséquence ».
Cependant, dans un récent rapport des Nations-Unies par des experts indépendants chargés de donner suite aux recommandations de Goldstone, la Commission a dit qu’elle « n’avait pas d’informations suffisantes pour établir l’état actuel des investigations criminelles en cours sur les meurtres d’Ateya et Ahmad Samouni, l’attaque contre la maison de Wa’el Al-Samouni et le tir sur Lyad Samouni. »
La Commission a noté que l’officier qui avait approuvé les raids aériens qui ont tué 29 membres de la famille était « prétendument » conscient que des civils avaient reçu l’ordre d’attendre dans la maison. Le même officier avait refusé de permettre aux ambulances d’accéder au secteur.
Toutefois, la Commission a constaté que les enquêteurs militaires israéliens « n’avaient pas conclu qu’il y avait quoi que ce soit sortant de l’ordinaire dans le raid ».
La Commission s’est dite « incapable de déterminer si une quelconque enquête avait été effectuée » par Israël en lien avec plusieurs autres allégations de crimes de guerre.
Le rapport de contrôle ajoute : « La Commission réitère la conclusion de son précédent rapport qu’il n’y a aucune indication qu’Israël ait ouvert des enquêtes sur les actes de ceux qui ont conçu, planifié, ordonné et supervisé l’opération Plomb durci ».
Les forces israéliennes ont tué plus de 1400 Palestiniens durant l’offensive de 22 jours sur l’enclave côtière assiégée, commencée le 27 décembre.
Gaza Ville, le 3 avril 2011 - Ma’an - avec la contribution de l’AFP - traduction : JPP