Alan Hart - Countercurrents
          Cela  fait des dizaines d’années que, malgré des affirmations contraires, la  politique de l’Occident sous la houlette des USA a été de préférer la  dictature arabe (et ses différentes formes d’autoritarisme) à la  démocratie arabe.         
Les travailleurs égyptiens ont aussi des revendications sociales qui ne peuvent attendre - Photo : AP
Cette préférence avait pour source les deux croyances suivantes.
La première était que les régimes arabes répressifs et  corrompus étaient la meilleure garantie possible que le pétrole  continuerait de couler à des prix raisonnables pour l’occident et qu’il  n’y aurait pratiquement pas de limite à la quantité d’armes qu’on  pourrait vendre aux états arabes les plus riches. (La conception, la  production, les tests et la vente des armes est une des secteurs les  plus créateurs d’emploi et de richesse des USA, de la Grande Bretagne  et de quelques autres pays occidentaux. Sans les achats d’armes de  l’Arabie Saoudite, l’industrie de l’armement britannique aurait sans  doute déjà fait faillite).
La seconde croyance à l’origine de cette orientation  politique était qu’on ne pouvait compter que sur des régimes arabes  répressifs et corrompus pour fournir l’aide nécessaire à  l’identification, la localisation, la poursuite et l’élimination des  terroristes islamiques. Cette considération devint la priorité après le 9  septembre.
De plus c’était un grand réconfort pour les politiciens  occidentaux de savoir qu’un régime arabe répressif et corrompu ne  combattrait pas Israël pour libérer la Palestine.  (Comme je l’ai indiqué dans les articles que j’ai mis auparavant sur le  net et comme je l’ai montré en détails dans mon livre " Zionism : The  Real Enemy of the Jews" ("Sionisme : le vrai ennemi des Juifs"), après  qu’Israël ait réglé le cas de la Palestine avec sa victoire militaire de  1948, les régimes arabes ont partagé le même espoir que les principales  puissances et le sionisme - à savoir que le dossier ne serait pas  rouvert. Le nationalisme palestinien n’était pas supposé renaître).
Les puissances occidentales ont aussi trouvé confortable  l’idée que leurs relations avec des régimes arabes répressifs et  corrompus garantissait que leur soutien à Israël ne serait jamais  sérieusement remis en question qu’il soit juste ou pas. En d’autres  termes, les gouvernements occidentaux, et spécialement celui qui se  trouve à Washington D.C.,  savaient que les régimes arabes ne protesteraient pas s’ils faisaient  tout ce que voulait le lobby sioniste et ses fantoches au Congrès et  dans la presse dominante.
Il n’est donc pas surprenant que pendant que le peuple  égyptien inspiré par l’exemple tunisien manifestait, le président Obama a  souvent semblé confus sur son désir de voir Mubarak rester ou partir.
Après le départ de Mubarak -et j’imagine les généraux  lui disant quelque chose comme : "Soit il faut que nous tirions sur le  peuple, soit il faut que vous partiez tout de suite"- la première  question est celle-ci : Le Haut Conseil des forces armées de l’Egypte  est-il vraiment prêt à présider au démantèlement d’un système cruel et  corrompu et à donner le feu vert à la démocratie ?
Le problème de certains des plus importants généraux  n’est pas seulement de lâcher prise du pouvoir politique.  Ils sont  aussi partie prenante du système commercial et financier corrompu sur  lequel régnait Mubarak. J’imagine qu’en les laissant se remplir les  poches il croyait s’assurer qu’ils ne s’élèveraient pas contre son  soutien à Israël pour asservir les Palestiniens allant même jusqu’à  refuser de reconnaître les résultats des élections qui ont donné au Hamas la victoire dans la bande de Gaza.
Ceci dit, je crois que le Haut Conseil honorera sa  promesse de passer la main à un gouvernement civil et qu’on verra naître  en Egypte quelque chose qui ressemblera de près à la vraie démocratie.  Et puis après ?
Le Haut Conseil a dit, sans surprise, qu’il respecterait  toutes les obligations internationales égyptiennes y compris le traité  de paix de 1979 avec Israël. (Mon point de vue personnel est que cette  paix séparée a été un désastre pour le monde entier. Pourquoi ? Parce  que, l’Egypte se retrouvant hors de l’équation militaire, Israël a eu  toute latitude d’imposer agressivement son pouvoir dans la région et  notamment au Liban. D’un seul coup d’un seul, la paix séparée de Sadat  avec Israël a aussi détruit tout espoir d’une paix totale dans la  région).
Question clé : Est-ce qu’un gouvernement civil élu  démocratiquement serait lié par les engagements du Haut Conseil en ce  qui concerne le traité de paix avec Israël ? La réponse est sans aucun doute  "non !" Si par exemple, le peuple qui a élu le nouveau gouvernement  désirait que le traité de paix soit revu, le gouvernement devrait mettre  en marche un processus de révision.
Cela créerait une situation très embarrassante pour le  gouvernement vis à vis d’Israël et des USA, mais le gouvernement  pourrait s’en sortir en décidant de soumettre le traité à un référendum.
S’il y avait un référendum, bien des choses dépendraient  de la manière dont la question serait posée. S’il fallait répondre par  un simple "oui" ou "non" au maintien du traité de paix avec Israël, la  réponse serait probablement majoritairement "non". Mais ça ne serait pas  une bonne stratégie.
La bonne stratégie serait que le gouvernement de  l’Egypte  élabore pour ce référendum une question  qui lui donne la  possibilité de dire à Israël quelque chose comme : "Nous souhaitons  maintenir le traité de paix avec vous, mais nous ne pourrons pas le  faire si vous ne mettez pas fin à l’occupation de toute la terre arabe que vous avez conquise en 1967."
A moins qu’une majorité d’Israéliens n’ait  complètement perdu la raison, ceci pourrait provoquer un changement qui  bénéficierait à toute la région et au monde entier, pas seulement aux  Palestiniens.
* Alan Hart (Alanhart.net) est un ancien correspondant étranger pour ITN et BBC Panorama. Il est l’auteur de Zionism : The Real Enemy of the Jews. Son blog est http://www.alanhart.net et il tweet via http://twitter.com/alanauthor
14 février 2011 - CounterCurrents - Pour consulter l’original :
http://countercurrents.org/hart1402...Traduction : Dominique Muselet