Aujourd’hui, à la Knesset, Ronit Tirosh, du parti Kadima (parti d’opposition qui n’a pratiquement jamais dit non à la législation raciste et antidémocratique et qui, souvent, l’a même soutenue) a lancé un débat au sein de la Commission de l’Enseignement, de la Culture et des Sports sur la façon de contraindre les pop stars à se produire en Israël. Les législateurs ont été rejoints en cela par Shuki Weiss, gros promoteur de concerts israélien qui a perdu de grosses sommes à cause de milliers d’annulations par des artistes comme Elvis Costello. « L’État doit intervenir » dit Weiss, d’après Achbar Ha’ir, magazine arts et culture israélien (je résume l’article qui est en hébreu).
Quel genre d’intervention propose donc la Commission ? D’abord, Tirosh soulève l’idée qu’il faudrait indemniser les promoteurs, tels que Weiss, pour leurs pertes, avec un certain contrôle de l’État ou des assurances. Voilà une merveilleuse idée, mais seulement si vous êtes pro-BDS. Car l’un des arguments clé contre BDS repose sur l’idée spécieuse que le boycott cible en fait les citoyens israéliens qui sont innocents. Pourquoi devrions-nous, font valoir les anti-BDS, punir les Israéliens pour ce que fait leur gouvernement ? comme si, quelque part, la population n’avait pas élu son gouvernement et ne participait pas au maintien de l’occupation. Mais si le gouvernement israélien se met à distribuer l’argent à des riches promoteurs pour couvrir leurs pertes (pendant que les ministères des Finances et du Logement escroquent, exploitent et expulsent des milliers de familles juives de la classe ouvrière - et vous ne saurez rien de leur détresse sur les blogs de Z Word ou autres hasbaristes), le boycott culturel alors devient un moyen direct pour cibler l’État.
La seule idée que Tirosh et la Commission peuvent mettre en avant est de lancer une hasbara, une propagande qui serait autorisée officiellement, sur Facebook et des sites d’informations sociales pour inciter les artistes à monter de bons projets de spectacles en Israël. Cela semble être la réponse d’Israël à tous ses problèmes, comme si les annonces publicitaires pleines de filles en bikini sur les plages de Tel Aviv pouvaient nous faire oublier les crimes que ces mêmes filles ont pu commettre sous l’uniforme de l’armée israélienne.
Bien entendu, si Israël veut améliorer sa réputation au niveau international, il pourrait accorder des autorisations en nombre illimité aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza pour qu’ils puissent assister aux concerts en Israël. Pourquoi les colons juifs de la colonie illégale d’Hashmonaim peuvent-ils voir Maci Gray se produire à Tel Aviv alors que mon ami Saïd Amirey, jeune Palestinien de 19 ans qui habite à quelques centaines de mètres de là, à Ni’lin, est emprisonné derrière un mur géant et ne le peut pas ? La réponse, c’est que l’État s’est construit sur la base d’une discrimination. Et parce qu’il n’a aucunement l’intention de changer, il doit s’attendre à être blâmé dans le monde entier.
Et Weiss prédit que les choses vont aller en s’empirant pour Israël, surtout à l’ère des révolutions inspirées sur les médias sociaux du monde arabe, comme celle d’Égypte. Sur ce point, il a totalement raison. Le succès semi-satyrique du groupe israélien Dizengoff Command Band de 1970, « Le monde entier est contre nous », est devenu aujourd’hui une prédiction qui s’est réalisée d’elle-même.
Ndt : Chelm, dans l’humour juif :
Ndt : Chelm, dans l’humour juif :
« Chelm, les héros de la bêtise » - de Salomon Simon - « Les simples d’esprit de Chelm. Ce n’est pas vrai. Les Chelemer ne sont pas des simples d’esprit. Mais toutes les idioties se trouvent chez eux. » - Source