par Kharroubi Habib
En suspendant du comité central du Fatah Mohammed Dahlane, l’ex-"homme fort" de cette organisation dans la bande de Gaza, Mahmoud Abbas  a été crédité par la presse palestinienne de vouloir faire le ménage  dans les rangs de son parti. Officiellement en effet Dahlane est sous le  coup d’une enquête sur l’origine de sa fortune qui fleure pour  l’opinion publique palestinienne l’affairisme antipatriotique, la  corruption et le détournement. Il est néanmoins très probable que le  président de l’Autorité palestinienne et le comité central du Fatah ont voulu du même coup faire un pas sur le chemin de la réconciliation avec le Hamas.  Réconciliation à laquelle Mohammed Dahlane et ses partisans sont  farouchement opposés et se sont ingéniés à rendre impossible à chaque  fois que des négociations dans ce sens ont été amorcées par les deux  factions sœurs ennemies.
 L’ex-patron de la sécurité préventive dans la bande de  Gaza ne s’opposait pas à cette réconciliation uniquement parce qu’il n’a  pas digéré l’humiliante déroute de ses forces face aux combattants  islamistes du Hamas en juin 2007. Mais aussi et surtout par connivence  avec les Israéliens et Américains qui ne veulent pas de l’unité des  rangs du mouvement national et de la résistance des Palestiniens. Ce  n’est donc pas sans raison que le Hamas qualifie l’ex-colonel de la sécurité préventive d’agent stipendié de l’ennemi israélien et de son allié américain.
 Dans l’impasse où se trouvent Mahmoud Abbas  et l’Autorité palestinienne après l’échec de la "médiation" américaine  en vue de redémarrer le processus des négociations  palestino-israéliennes, il s’impose à eux impérativement de trouver un  terrain d’entente avec le Hamas pour ressouder l’unité du peuple palestinien face à l’adversité aux dangereuses perspectives.
 La neutralisation de Dahlane a le double avantage d’être aussi bien un signe de bonne volonté en direction du Hamas, que de faire comprendre aux Américains que le temps  est en train d’être révolu où ils ont joué sur les divergences  inter-palestiniennes. Elle a aussi celui peut-être de renouer la  confiance des Palestiniens avec le Fatah et son président que Mohammed  Dahlane et ses protégés ont ruiné par les pratiques de la corruption et  de l’abus de pouvoir. Il est en tout cas à espérer que même tardivement  le président Abbas a enfin compris que le soutien et l’unité des  Palestiniens sont son principal atout dans la confrontation avec  l’ennemi israélien. En tout cas plus essentiel que les hypocrites  manifestations de solidarité que lui prodigue "la communauté  internationale".
 Rien n’est plus indispensable et urgent pour les  Palestiniens que de ressouder l’union de leur rang et de s’entendre sur  la stratégie de résistance aux pressions qui les poussent à la  capitulation aux exigences israéliennes. Ce qui passe par la  réconciliation absolument obligée entre le Fatah, le Hamas et toutes les autres  factions du mouvement national. Ce à quoi les agissements de Mohammed  Dahlane et de son clan faisaient obstacle. La suspension du comité  central du Fatah de l’ex-"homme fort" de Gaza est assurément un bon pas fait par Mahmoud abbas. Il lui faut maintenant non plus voir le Hamas  à l’aune des préventions israélo-américaines à l’égard de celui-ci,  mais en tant que patriote palestinien n’ayant pour ambition et objectif  que d’accroître les capacités de résistance de son peuple face à  l’ennemi sioniste.
Le Quotidien d’Oran - Analyse