Alice Rothchild - Mondoweiss
          Maintenant que nous en savons plus sur le mouvement BDS, une  question essentielle se dégage : quelles sont les entreprises impliquées  dans des activités qui soutiennent au bout du compte l’occupation ?         
Colonie israélienne. Comme une verrue sur la terre de Palestine.
Les critères pris en compte pour mettre une entreprise  sur cette liste comprennent les travaux de construction dans les  colonies, la vente de produits des colonies, l’usage d’espace industriel  à l’intérieur des colonies, la fourniture de services déterminants aux  colonies tels que transports et fournitures d’équipements à l’armée, et  la construction de murs  et de check-points. Darit nous indique qu’Israël a exploité la  main-d’œuvre palestinienne et le marché palestinien qui est un marché  captif où la politique israélienne a coupé court à beaucoup de  concurrences. Par exemple, les Palestiniens sont autorisés à cultiver  uniquement les produits agricoles moins rentables que les mêmes produits  israéliens et qui ne viennent pas concurrencer les produits israéliens  sur les marchés européens.
Who Profits ? est une organisation  populaire unique, qui procède à une recherche économique remarquable  avec une documentation minutieuse, utilisant des preuves tangibles à  partir de documents du gouvernement et des entreprises. Ses membres sont  très attentifs à rester dans le cadre de la loi, sachant que toutes  poursuites judiciaires en dommages et intérêts seraient désastreuses  devant les tribunaux israéliens. Leur activité consiste par exemple dans  l’initiative « Crossing the Line », (pdf) un train rapide qui reliera Tel Aviv  à Jérusalem et franchira la Ligne verte en Cisjordanie sur deux  sections. Les riverains israéliens ne voulaient pas du train ni du bruit  près de leur propriété, et le tracé a été déplacé ce qui va entraîner  la quasi-disparition du village palestinien de Beit Iksa. Péniblement, une pétition est maintenant lancée dans le monde depuis le village  palestinien pour faire passer le train sur un terrain DÉJÀ exproprié.  Le train est en cours de construction par des sociétés européennes et  américaines.
Ensuite, il y a la question des financements de  l’occupation. Toutes les six banques israéliennes sont directement  impliquées dans le soutien aux colonies. Dalit nous rappelle que  d’ailleurs nous ne pouvons pas séparer l’économie de l’occupation de  l’économie d’Israël et de l’économie des États-Unis. Par exemple, Soda  Stream, une société israélienne qui produit de l’eau gazéifiée, vient  juste d’être cotée sur le marché Nasdaq.
Elle tourne son attention sur ce que cela signifie de  boycotter les marchés des colonies. Elle évoque 18 magnats qui  contrôlent de grandes entreprises impliquées, faisant remarquer que  quand ces magnats commenceront à perdre de l’argent, ils quitteront les  colonies. Elle dépeint la vie en Israël comme frustrante mais elle dit aussi, « nous nous sentons efficaces ».  Par exemple, son groupe va sur un check-point, s’informe sur  l’infrastructure, ses télécommunications, etc., puis il fait des  recherches avec Google sur les entreprises, lance les recherches appropriées et met les informations sur son site. « Opération directe, sans anesthésie ! Nous utilisons notre privilège de voir l’occupation. »  Le groupe se rend également aux expositions de l’industrie de la  sécurité et s’adresse aux personnes qui veulent vendre un maximum  d’armes. Dalit met l’accent sur la dispersion accumulée de ce qu’on  appelle dans le business, « les armes non létales », alors que tout le  monde sait que ces armes peuvent être mortelles utilisées en doses  suffisamment élevées ou en tir tendu. Et elle le ressent à titre  personnel, en tant que militante qui a été confrontée aux gaz  lacrymogènes et à d’autres moyens utilisés contre les manifestations.
Un autre aspect de ce macabre  business dont nous parle Dalit touche aux armes fabriquées aux  États-Unis. Parce que les États-Unis donnent à Israël une quantité  énorme d’argent pour l’achat d’équipements militaires américains, il y a  maintenant des entrepreneurs israéliens qui créent des sociétés aux USA  et profitent ainsi des largesses de nos impôts. Ainsi, il existe de  nombreuses forces aux États-Unis mêmes qui ont de gros intérêts  économiques à ce que dure cet arrangement lucratif où les USA financent  en fait leur propre industrie de guerre. Ceci a conduit un groupe de  militants, après une manifestation, à rendre les corps de grenades  lacrymogènes, vides après usage, à l’ambassadeur US. Ils se sont faits  promptement arrêtés pour possession d’armes, mais les charges  d’accusations furent par la suite abandonnées.
Dalit nous rappelle qu’il y a beaucoup à faire aux  États-Unis et que tout effort contribue à servir la cause. Il est  important de choisir des cibles stratégiques qui impliquent aussi un  volet éducatif. Pour elle, boycotter des sociétés informatiques ou des  laboratoires de médicaments génériques, par exemple, ne relève pas d’une  activité stratégique. Elle est très optimiste, à la fois parce que ce  mouvement est dirigé par les militants palestiniens, et aussi parce  qu’il y a une réponse venant de la Knesset israélienne qui suppose que  les gens au pouvoir s’inquiètent. La loi Anti-BDS dans le processus rend les individus personnellement responsables de tout dommage aux entreprises. La loi relative aux Associations vise à mettre hors la loi  toute ONG qui fournit des informations à des entités étrangères qui  pourraient mener à des accusations de crimes de guerre contre les  Israéliens. La législation sur la lutte contre le terrorisme cible tout  militant israélien ou palestinien qui agit contre des soldats israéliens  ou des symboles de l’État, et définit vaguement et obscurément toutes  ces activités comme étant du terrorisme. Ceci inclut donc la résistance  non violente, légitime, à l’occupation. La loi interdisant l’institution  d’un boycott criminalise les citoyens israéliens qui soutiennent une  activité locale et internationale de boycott. Récemment, la Knesset a  lancé une enquête sur le financement des ONG.
Dalit considère ces tendances droitières comme un  plongeon dans le fascisme et qu’il est particulièrement inquiétant que  ces agressions antidémocratiques trouvent leur source à la Knesset,  parlement israélien, qui est supposée être la pierre angulaire d’une  société démocratique.
Je quitte cette rencontre avec le sentiment qu’il y a  une quantité énorme de travail à faire aux États-Unis, à lier activement  à l’appareil et aux entreprises militaires qui rendent possible  l’occupation israélienne. En outre, la « seule démocratie au  Moyen-Orient » semble s’en aller rapidement dans une direction  dangereuse ; je me demande combien de ceux qui soutiennent qu’Israël est  « moral » apprécient pleinement ceci et quand, soutenir les actes du  gouvernement israélien deviendra intenable pour une partie plus large de  la population.
Je suis impressionnée de voir qu’un petit groupe de  militants réfléchis et convaincus puisse avoir un tel impact  significatif sur le processus. J’espère seulement que la prochaine fois  que je viendrai en Israël, je ne les visiterai pas en prison.
Alice Rothchild
Alice Rotchild est médecin et écrivain états-unienne.
Son site : http://alicerothchild.com/
Pour contacter le groupe Who Profits ? : http://www.whoprofits.org/Contact.php
Pour consulter la liste Who Profits ? d’entreprises profitant des colonies : http://www.whoprofits.org/Involveme...
                15 janvier 2011 - Mondoweiss - traduction : JPP