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samedi 8 janvier 2011

Les Arabes dehors, Tel Aviv revendique toutes les ressources.

publié le samedi 8 janvier 2011
Manlio Dinucci

 
Gaz et pétrole. Nouveaux gisements marins (cartes sur article source)
La compagnie états-unienne Noble Energy Inc. a annoncé il y a quelques jours avoir découvert un gros gisement de gaz naturel dans les fonds marins, à 130 Kms du port israélien de Haïfa. Il est estimé à 450 milliards de m3. Dans la zone, il devrait y avoir en tout environ 700 milliards de m3 de gaz. La prospection et l’exploitation de ce gisement sont confiés à un consortium international, formé de la société états-unienne Noble Energy, qui détient à présent le quota majoritaire des 40%, et des entreprises israéliennes Delek, Avner et Ratio Oil Exploration.
Ceci n’est qu’une petite partie des réserves énergétiques présentes sur le Bassin du Levant, l’aire de la Méditerranée orientale comprenant Israël, les Territoires palestiniens, le Liban et leurs eaux territoriales. Ici, depuis quelques années la société U.S. Geological Survey, agence du gouvernement des USA, procède à des prospections. Elle estime que, dans le Bassin du Levant, il y a des réserves de gaz naturel se montant à environ 3.500 milliards de m3, et des réserves de pétrole d’un montant d’environ 1,7 milliards de barils.
Le gouvernement israélien, avec le soutien de Washington, considère que toutes les réserves énergétiques sont sa propriété. Les grands gisements de gaz naturel -a déclaré le premier ministre des infrastructures Uzi Landau- non seulement apporteront des bénéfices aux citoyens mais permettront à Israël de devenir un fournisseur de gaz dans la région méditerranéenne. Israël, a objecté le porte-parole du gouvernement libanais Nabih Berri, ignore cependant le fait que, d’après les cartes, les gisements s’étendent dans les eaux libanaises. Selon la Convention des Nations Unies, un Etat côtier peut exploiter les réserves offshore de gaz et de pétrole dans une zone qui s’étend à 200 miles marins (370 Kms) de la côte.
D’après ce même critère, les réserves appartiennent dans une mesure notable aussi à l’Autorité palestinienne. Selon la carte même établie par US Geological Survey, il s’avère que la majeure partie des gisements de gaz (60% environ) se trouve dans les eaux territoriales et dans le territoire de Gaza. L’Autorité palestinienne en a confié l’exploitation à un consortium formé de British Gas et Consolidated Contractors (compagnie basée à Athènes, de propriété libanaise), dans laquelle l’Autorité détient un quota de 10 %.
Deux puits, Gaza Marine-1 et Gaza Marine-2, sont déjà prêts mais ne sont jamais entrés en fonction. Tel Aviv, en fait, a rejeté toutes les propositions, présentées par l’Autorité palestinienne et par le consortium, d’exporter le gaz en Israël et en Egypte. Les Palestiniens possèdent donc une grande richesse qu’ils ne peuvent cependant pas utiliser.
Pour s’emparer des réserves énergétiques de tout le Bassin du Levant, libanaises et palestiniennes comprises, Israël utilise la force militaire. Il y a deux jours, le ministre des affaires étrangères libanais Ali Shami a demandé au Secrétaire général des Nations Unies d’empêcher qu’Israël n’exploite les réserves énergétiques offshore qui se trouvent dans les eaux libanaises. Le ministre Landau soutient au contraire que ces gisements se trouvent dans les eaux israéliennes et prévient qu’Israël n’hésitera pas à employer la force pour les protéger. Israël menace donc d’attaquer de nouveau le Liban, comme il le fit en 2006, avec l’intention aussi de lui enlever la possibilité d’exploiter les gisements offshore.
Pour la même raison Israël n’accepte pas l’Etat palestinien. Le reconnaître signifierait reconnaître la souveraineté palestinienne sur une grande part des réserves énergétiques, dont Israël veut s’approprier. C’est surtout à cette fin qu’a été lancée l’opération « Plomb durci » en 2008/2009 et Gaza prise ensuite dans la morsure de l’embargo. En même temps les navires de guerre israéliens contrôlent tout le Bassin du Levant, et donc les réserves offshore de gaz et pétrole, dans le cadre du « Dialogue méditerranéen », opération de l’OTAN - à laquelle participe aussi l’Italie - pour « contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région ».
Manlio Dinucci est géographe.
Publié par il manifesto, 6 janvier 2011 :
et en français par Mondialisation
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio