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samedi 22 janvier 2011

Iran, Hamas : les étonnantes confidences de l’ancien patron du Mossad

publié le vendredi 21 janvier 2011
Georges Malbrunot

 
La république islamique ne représente pas une menace existentielle contre l’État hébreu, a affirmé hier Ephraïm Halévy, l’ancien chef du Mossad lors d’une conférence à Paris devant le think-tank Center of Political and Foreign Affairs.
Israël est « en guerre contre l’Iran depuis plus de vingt ans, a ajouté Halévy, en réponse à une question de l’auteur de ce blog, mais c’est une guerre clandestine, et chaque camp a intérêt à conserver le caractère clandestin de cet affrontement. Les Iraniens comme nous (Israéliens) se comportent de façon rationnelle. Ils pensent et agissent logiquement. Les Iraniens sont certainement impliqués dans des activités clandestines en vue de fabriquer une bombe à des fins militaires. Mais entre Israël et l’Iran, les choses sont plus complexes » qu’il n’y parait, a poursuivi Ephraïm Halevy, qui a révélé avoir rencontré des responsables iraniens, ces dernières années.
« J’ai rencontré des responsables iraniens ces dernières années dans le cadre de contacts en coulisses », a poursuivi l’ancien maître espion. « Les Iraniens voulaient me rencontrer pour savoir ce que je pensais de la situation maintenant que je ne suis plus aux affaires. C’était des gens qui avaient des positions officielles en Iran. Un ou deux ambassadeurs m’ont dit ceci : mon rêve c’est d’être le premier ambassadeur d’Iran à venir prendre son poste à Jérusalem. J’ai dit d’accord, c’est bien, mais vous devez être prudents, la route est longue. » Officiellement, l’État hébreu et l’Iran n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1979, mais depuis des rencontres entre membres de leurs services de renseignements se sont tenues à différents points du globe, Vienne notamment.
Chose surprenante encore, en 2008, le plus proche collaborateur du président Mahmoud Ahmadinejad, Rahim Mashaïe avait déclaré que l’Iran n’avait rien contre le peuple israélien, et en dépit des protestations de certains radicaux, il a conservé son poste.
Les déclarations d’Halévy tranchent avec le discours officiel de l’État hébreu qui voit dans l’Iran la plus grande menace pesant sur son existence. Mais comme l’a reconnu l’ancien patron du Mossad, il n’y a pas consensus en Israël sur la réponse à donner au problème nucléaire iranien.
Ephraïm Halévy a tenu d’autres propos iconoclastes, sur le Hamas palestinien, cette fois : « Le Hamas est entrain d’évoluer vers une acceptation de l’État d’Israël », a-t-il déclaré. Les islamistes « ne le disent pas ainsi aujourd’hui. Ils disent quelque chose de différent : qu’ils accepteront un état palestinien dans les frontières de 1967. Si on comprend leur langage, cela veut dire qu’au-delà de cet État, il y a un autre État, c’est Israël. Ils accepteront de facto Israël », a soutenu Halévy, pour qui « ces changements prennent du temps. Nous devons avoir de la patience. »
L’ancien patron de Mossad estime que l’Occident a tort de ne pas parler aux islamistes palestiniens. Pour lui, la solution réside dans un accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas. En 2007, les États-Unis ont eu tort de saboter l’accord de réconciliation arraché à La Mecque par l’Arabie saoudite, a-t-il regretté.
publié sur le blog du Figaro "L’Orient indiscret"