De retour de la manifestation du vendredi à  Al-Walaja sous une chaleur insupportable, nous notons que les  pourparlers sur les pourparlers sur les pourparlers de paix vont  reprendre à Washington le 2 septembre. L’administration Obama a décidé  de ne risquer de perdre aucun capital politique en défiant le lobby  israélien. De fait, les hommes politiques des Etats-Unis veulent  désamorcer les critiques des Républicains en vue des élections à  mi-mandat en remportant un « succès » diplomatique sur la forme, sinon  sur le fond.                        
Et le processus de paix continue... De droite à gauche, Présidents  : Nixon, Ford, Carter, Bush 1, Reagan, Clinton, Bush 2, Obama, … (Jalal Al Rifa’i, pour le quotidien jordanien Al Dustour)
Des pourparlers directs conduiront à davantage d’érosion des droits  palestiniens, en particulier s’ils sont conduit dans une Washington sous  occupation israélienne entre Abbas, dont le mandat de président du  bantoustan palestinien en Cisjordanie a expiré en janvier dernier, et M.  Netanyahu, le terroriste et criminel de guerre notoire qui dirige le  gouvernement de droite le plus extrémiste de l’histoire de l’Etat  d’apartheid d’Israël.
Je crois que la plupart des Palestiniens (Abbas inclus) ne sont ni  optimistes ni heureux de ce développement. Mais peu d’entre nous pensent  qu’Abbas devait céder une fois encore. Beaucoup (dont de larges  segments du Fatah) croient que c’est une erreur énorme qui vient de  faire reculer la cause pour une paix réelle. 
Je mets ceux qui pensent autrement au défi de débattre avec moi publiquement de ces questions.
Un comité exécutif de l’OLP représentant diverses factions (qui sont  payées par le même système) a donné son accord, à la majorité, pour la  reprise des négociations directes (cédant ainsi à la pression des  Etats-Unis). 
Je serais curieux de lire les délibérations et d’écouter les voix  dissidentes de ceux qui ont voté non (et ne se sont pas contentés de le  dire à leurs cadres). La feuille de vigne qui est utilisée pour sauver  la face des responsables qui vont à ces négociations stériles est cette  déclaration du Quartet : 
« 
Le Quartet réaffirme son plein engagement à ses déclarations  précédentes, y compris à Trieste le 26 juin 2009, à New-York le 24  septembre 2009, et sa déclaration à Moscou le 19 mars 2010, qui  prévoient que des négociations directes et bilatérales pour résoudre  toutes les questions du statut final doivent conduire à un accord  négocié entre les parties qui mette fin à l’occupation qui a commencé en  1967 et qui aboutisse à l’émergence d’un Etat palestinien indépendant,  démocratique et viable, vivant aux côtés d’Israël et de ses autres  voisins en paix et en sécurité. »
Israël a déjà refusé de mettre fin à l’occupation, mais est ravie de négociations directes sans interférence ni « 
conditions préalables  » entre l’occupant et l’occupé. Après tout, il faut être deux pour  parvenir à un accord et Israël détient tous les pouvoirs et toutes les  cartes, et il peut dicter ce qu’il veut lors de « 
négociations directes, bilatérales. »
La seule question est de savoir comment parvenir au minimum des droits  palestiniens, le Quartet ayant même reculé sur la simple demande de «
 suspendre les activités de colonisation »  pendant les négociations (ce qui constitue en soi un recul par rapport à  la feuille de route qui demandait le démantèlement de tout ce qui avait  été construit illégalement depuis 2002). 
Si vous ne pouvez obtenir que le violeur suspende même le viol pendant  un temps, pourquoi demander des négociations directes avec la victime  violée, à huis-clos ? 
Si nous acceptons l’idée que la coalition politique de Netanyahu le  retient de faire ce simple petit geste de suspendre les activités  coloniales illégales (voir les Conventions de Genève), alors pourquoi  espérer qu’il sera en mesure de nous offrir plus (comme le démantèlement  des colonies ou le partage de Jérusalem, ou le retour des réfugiés) ?
Si nous croyons que les Etats-Unis et son Quartet sont aujourd’hui plus  sérieux, alors comment se fait-il que rien n’ait été obtenu par des  négociations indirectes, sous leur tutelle ?
Le mouvement sioniste a volé 78% de la Palestine et ne croit pas qu’il y  a occupation sur les 22% restant. Il a déjà annexé 10% de la  Cisjordanie, ainsi que les Hauts du Golan. Il a déjà installé 500.000  colons sur les terres les meilleures et les plus riches de Cisjordanie.  Il a déjà volé 80% de l’eau de Cisjordanie. Il se fait des milliards sur  l’occupation et d’autres milliards venant de dons directs déductibles  des impôts des sionistes du monde entier.
Qu’est-ce qui incite Israël à négocier bilatéralement une « 
fin de l’occupation qui a commencé en 1967  » et encore moins à traiter le problème le plus important et le plus  lourd de sens, celui du nettoyage ethnique perpétré en 1948, et qui se  poursuit aujourd’hui dans des endroits comme la Galilée et le Néguev ? 
Au départ, on a appris qu’Abbas n’irait jamais aux négociations tant  qu’Israël ne mettrait pas fin à la construction de colonies de  peuplement dans les 22% de Palestine dont certains rêvent qu’ils  deviennent un « Etat ».
Dans un entretien avec CNN après l’annonce US de la reprise des négociations sans conditions, Saeb Erekat a dit qu’il « 
espérait » qu’avec le démarrage de négociations directes, Netanyahu prolongerait le « 
moratoire sur les constructions » dans les colonies en Cisjordanie (qui doit expirer en septembre). 
Aujourd’hui, près de 500.000 colons vivent en Cisjordanie et il n’y a eu  aucun moratoire, à part la propagande/hasbara créée à ce sujet. Alors  j’aimerais poser la question : pourquoi mendier maintenant la  prorogation d’un « 
moratoire » qui n’en était pas un ?
C’est le même Erekat qui nous a dit à maintes reprises que le moratoire  partiel était une ruse. La construction coloniale a continué et avance  encore à grand pas au moment où je vous parle. J’aimerais avoir  l’occasion d’emmener M. Erekat ou quiconque a des yeux voir les villages  palestiniens et leur montrer ce qui se passe réellement sur le terrain.
Dans mon secteur, l’activité de construction coloniale à Har Gilo et Har  Homa a continué sans répit. Il y a même eu une accélération, le mois  dernier, des constructions à Har Gilo (en haut de Beit Jala) et de la  construction du mur qui fera de Al-Walaja un camp de concentration, en  attendant le nettoyage ethnique final de ce qui reste de la population  du village.
Oui, je connais tous les arguments pour revenir aux négociations. Les voici :
- 
Nous avons essayé différentes formes de résistance, l’équilibre du  pouvoir est entièrement du côté israélien, qui est soutenu par les  Etats-Unis (grâce au lobby israélien), les gouvernements européens n’ont  pas de colonne vertébrale, et blablabla. Un responsable de haut rang au  Fatah a dit qu’il ne nous restait que les négociations.
Je suis désolé, mais si les dirigeants du Vietnam ou d’Algérie ou  d’Afrique du Sud avaient fait des déclarations aussi défaitistes, ces  pays n’auraient jamais obtenu leur liberté. Si nos leaders ont perdu la  foi en leur cause, ils doivent s’écarter et laisser diriger ceux qui ont  un message positif. Si tout ce que nous réussissons à obtenir, c’est un  mini-Etat émasculé par des négociations sans fin avec de tels  dirigeants récoltant les fruits pourris tombant de l’arbre après 130 ans  de lutte, alors nous ne voulons pas d’un tel mini-Etat. Les dirigeants  doivent tout d’abord prendre la responsabilité de leurs erreurs et se  mettre au diapason de leur propre peuple. 
La plus grosse erreur de ces 20 dernières années a été la voie d’Oslo,  qui a mis fin à la recherche de la justice et à la revendication des  droits palestiniens pour les remplacer par la voie de « 
la sécurité d’Israël » (la puissance occupante), et un « 
processus » de négociations sans fin.
Le processus conduira en quelque sorte (si toutes les conditions  israéliennes sont remplies) à un Etat qui sera plus petit que l’Etat du  Zoulouland. 
Peut-être mes affirmations sont-elles trop dures. Mais ne devons-nous  pas attendre l’opinion d’un expert sur des questions existentielles ? Ne  devons-nous pas au moins attendre de la cohérence de la part de nos  supposés dirigeants, qui n’ont aucune expertise, ni en droit  international ni en diplomatie ?
Par exemple, ils nous ont ressassés que la raison de la demande du gel  de la colonisation est que pendant que nous négociions, Israël a rendu  impossible un Etat palestinien en continuant à absorber ce qui reste de  Palestine.
Aujourd’hui, les Palestiniens ont accès à 8,3% de la terre de la  Palestine historique, et ce chiffre est en réduction (les bantoustans de  Galilée, du Néguev, de Gaza et de Cisjordanie).
Puisque Israël continue à construire partout, même après avoir annoncé un « 
moratoire partiel de la construction coloniale », pourquoi acceptez-vous de revenir aux négociations ? 
Si Netanyahu et tous ses ministres disent qu’il n’y aura jamais de  compromis sur Jérusalem (annexée illégalement par Israël, selon le droit  international), comment obligerez-vous son gouvernement à changer de  position ?
Et comment traiterez-vous avec le fait que les politiciens israéliens de  toutes obédiences disent que les réfugiés palestiniens ne peuvent pas  revenir dans leurs maisons et sur leurs terres, mais qu’ils doivent  plutôt s’installer ailleurs (y compris en Cisjordanie et à Gaza déjà  surpeuplée, dont la moitié de la population est déjà constituée de  réfugiés et de personnes déplacées) ?
Le compromis est-il déjà défini puisque vous ne pouvez amener à la table  de négociations aucun dossier sur lequel les occupants ont déjà fait  savoir qu’ils diraient non ?
Nos « dirigeants » savent que non seulement ils ont dû céder pour  revenir aux négociations, mais que d’autres concessions vont leur être  demandées pour continuer à financer leur économie de bantoustans (et  leur statut de VIP) grâce aux donateurs occidentaux et aux pays arabes  redevables à l’Occident.
Alors pourquoi essaient-ils de donner l’impression que des négociations  bilatérales peuvent réussir dans de telles circonstances. 
 Si la menace d’une suspension de l’aide financière vous fait revenir à  des négociations stériles, pourquoi devrions-nous croire que vous  pourrez résister à cette même menace pour l’abandon de Jérusalem et des  réfugiés ?
Les négociateurs palestiniens ne sont déjà pas autorisés à évoquer la  question du traitement des Palestiniens à l’intérieur de l’Etat  d’Israël, où Israël démolit des villages entiers.
Alors, il faudra beaucoup d’autres concessions pour garder le privilège  de gérer des zones autonomes avec l’argent de l’Occident et les Etats  arabes accommodants.
Je crois qu’à ce stade, trois autres concessions ont été réclamées :
a) revenir à des négociations directes et officielles sans fin qui  renforcent le gouvernement israélien (et pourraient briser l’isolement  croissant de cet Etat paria),
b) rétracter la très douce mesure de boycott des produits des colonies  et s’abstenir de soutenir les enquêtes internationales sur les crimes de  guerre israéliens ou les poursuites judiciaires pour le tenir  responsable, et
c) continuer à réprimer la résistance locale sous toutes ses formes.
Certains peuvent contester ces conclusions et affirmer que l’AP soutient  la résistance populaire (et réprime la résistance armée). Mais,  malheureusement, les faits de cette dernière année racontent une  histoire différente.
Qu’ils veuillent bien venir à des endroits comme Beit Sahour, Beit Jala  et Jayyous et expliquer aux gens ce qui s’est passé pour mettre fin à la  résistance populaire là, et dans des dizaines d’autres endroits.
Qu’ils expliquent pourquoi, dans de nombreux endroits, la résistance  populaire qui coûtait cher à l’occupation est maintenant ritualisée en  coup publicitaire.
Qu’ils rencontrent les gens qui se sont engagés dans une réelle  résistance populaire et sont des bénévoles, et non des employés de l’AP  rémunérés, et qu’ils leur demandent à quels défis ils sont confrontés.
Les réponses seraient scandaleuses.
Je pose ici trois défis à tous ceux qui négocieront avec les politiciens israéliens.
1) Je vous mets au défi de venir et de vous attacher à un bulldozer  israélien (ou vous asseoir devant l’un d’eux) en un acte de  désobéissance civile, et
2) Je vous mets au défi de réunir des panels d’experts indépendants (pas  ceux qui profitent) dans tous les principaux centres de population  palestinienne pour discuter de la voie des accords d’Oslo et de ce qui  en a découlé ces vingt dernières années, et
3) à partir de 1) et 2), je vous mets au défi de dire la vérité à la population. 
Beaucoup d’autres sacrifices sont nécessaires et viennent de notre peuple, avec ou sans direction honnête.
Ne serait-il pas plus digne et plus susceptible de nous donner la  liberté de se passer de l’aide étrangère pendant un ou deux ans ?
Et désolé, mais de bonnes actions d’il y a 20 ans ne donnent à personne le droit d’abandonner les droits palestiniens.
En droit international, même les dirigeants dûment élus par un peuple occupé ne peuvent brader les droits de leur peuple.
Nos vies ne sont rien comparées aux 5.000 ans d’histoire de notre peuple  sur cette terre. Et même la lutte contre le sionisme a déjà duré 130  ans, y compris toute la durée de la vie de beaucoup de ceux qui ont «  négocié ». Qui se souvient aujourd’hui de Hassan Dajani, qui a essayé  d’être arrangeant avec l’occupation britannique à cause de l’équilibre  du pouvoir ? 
L’histoire ne sera pas tendre avec ceux qui ont abandonné leur propre  peuple. Nous, les gens ordinaires, devons prendre les choses en mains.
ولا يغير الله ما بقوم حتى يغيروا ما بأنفسهم
[« 
Dieu n'apporte de changement à un peuple qu'après que ce peuple se soit remis lui-même en question. »]
Confucius ajoutait : « 
Savoir ce qui est juste et ne pas le faire est la pire des couardises. »
Les négociations, ces 4 dernières années... (dans le désordre  chronologique et la plus parfaite inutilité, pour les Palestiniens)
avec Condoleeza Rice
avec N. Sarkozy et E. Olmert, juillet 2008, et petite tape style “Gentil-chien-chien” à l’Elysée
avec G.W. Bush et E. Olmert
avec G. Mitchell
avec B. Obama, 2008
avec H. Clinton
avec Tzipi Livni