Dominique Ballereau, CVPR
OPINION :
Le journal Le Monde,ignore-t-il qu’il y a un occupant et un occupé, un colonisateur et un colonisé ?
Le quotidien Le Monde nous a  habitué depuis longtemps à ses prises de position très « soft » à  l’égard de la politique israélienne, en particulier dans les Territoires  occupés.
Comme la plupart des medias français, ce journal tente  par tous les moyens de présenter le face-à-face entre Israël et les  Palestiniens comme un dialogue entre deux parties qui seraient « à  égalité » de droits et de devoirs, mues par des motifs de paix et de  coopérations. Or, rien n’est plus faux. D’un côté, nous trouvons un Etat  constitué, surarmé, agissant dans l’impunité la plus totale selon ses  intérêts, soutenu et armé par l’ensemble des nations occidentales. De  l’autre, nous observons une administration sans aucun pouvoir, dirigée  par un président échu depuis 2009, dont le rôle est réduit à compter les  victimes des multiples agressions israéliennes et les innombrables  destructions d’infrastructures et de bâtiments, publics ou privés.  L’éditorial du Monde du vendredi 10 décembre 2010, intitulé « Proche-Orient : Washington doit changer de cap »  nous transmet une vision trompeuse de ce face-à-face diplomatique en  remuant les vieux poncifs de la propagande israélienne, en pointant les  responsabilités réciproques des adversaires et en proposant les moyens  de parvenir à une paix véritable.
Il y a tout d’abord, précise l’éditorial,  le rôle  d’Obama qui a su prendre à bras le corps le conflit israélo-palestinien  « dès son arrivée à la Maison Blanche ». Louable intention, dira-t-on, mais le résultat est là : aucune avancée n’a été enregistrée, bien que le président US ait  employé « la méthode douce ». Faudrait-il la méthode « forte » ? Deux  années de perdues donc, malgré « quelques poignées de mains » sans  lendemain entre les deux protagonistes.
Mais voilà, les Américains « ne veulent pas être  davantage humiliés », précise l’éditorial, et c’est pourquoi Obama  propose des avions F35 « dernier cri » à Netanyahou… pour accepter  l’arrêt des implantations en Cisjordanie ! Ce dernier refuse bien sûr et  les Américains sont doublement humiliés ! On rêve devant tant de  soumission d’un côté et de cynisme de l’autre. Mais, reconnaît l’auteur  de l’éditorial, Le chef du gouvernement de Tel Aviv profite de la victoire des républicains pour « renforcer ses positions ». On s’en serait douté.
Plus loin, il est précisé – quelle  hardiesse… - qu’  « Obama doit changer d’approche » et qu’il est urgent de « placer chacun  face à ses responsabilités ». Nous y voilà ! s’agit là d’une vaste  supercherie qui permet aux sionistes de faire croire que la faute est du  côté palestinien, alors que les Israéliens « peinent » à construire la  paix.
La suite de l’éditorial suggère que « Washington doit mettre un plan sur la table »,  pour que les problèmes pendants soient définitivement réglés :  frontières, Jérusalem, réfugiés. Mais pour qui prend-t-on les  Palestiniens ? Ont-ils le droit de donner leur avis, ou les Américains  et les Israéliens sont-ils les seuls à décider ? Mais la suite vaut son  pesant de papier : il faudra installer un « dispositif de sécurité pour  empêcher que le futur Etat palestinien ne se transforme en base de tirs  de missiles contre Israël » ! Imagine-t-on que la future Palestine  indépendante, qui a subi des décennies d’occupation, de destructions et  d’assassinats, va se mettre à bombarder son voisin, ce qui  l’encouragerait à réoccuper la Cisjordanie et ferait revenir l’ensemble  de la région à son point de départ ?
La conclusion de l’éditorial se veut moralisatrice, et ne manque pas de sel : « Passé un certain délai [lequel ?] le plan pourrait être soumis au Conseil de sécurité de l’ONU. Cela lui conférerait une légitimité de nature à l’imposer. » Notons que cela  fait des années qu’une intervention de l’ONU est réclamée, alors que  les Israéliens comme les Américains s’y opposent, ces derniers par le  biais de leur veto au Conseil de sécurité.
En prenant une fois de plus fait et cause pour  l’occupant israélien, malgré la l’esquisse de proposition d’un plan de  paix en trompe-l’œil, le quotidien Le Monde, comme la quasi-totalité des  medias français, se range résolument dans le sillage de la diplomatie  israélienne. Notre devoir est de dénoncer cette connivence, qui n’a que  trop duré.