Khaled Amayreh - Al Ahram
          Tandis que le processus de paix bricole dans de l’inapplicable, Israël, pousse les feux de façon éhontée dans ses activités de colonisation, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.         
 Alors que le premier ministre israélien Binyamin Netanyahu était à peine  arrivé aux Etats-Unis cette semaine, le gouvernement israélien a fait  connaître des plans pour construire jusqu’à 1300 unités d’habitation  coloniales supplémentaires en Cisjordanie occupée.
Le nouveau projet - qui s’ajoute à de  nombreux autres  plans pour installer des milliers, voir des dizaines de milliers de  nouvelles unités coloniales  — décapitera définitivement les maigres  espoirs qui pouvaient rester sur un accord de paix entre  Israël et une  autorité palestinienne (AP) mécontente et tenue pour négligeable.
La plus grande partie des unités coloniales prévues seront établies dans la colonie de Har Homa  dans la région de Bethlehem-Beit Sahur, comme dans d’autres colonies  juives à l’intérieur ou à côté de Jérusalem-est. La colonie de Har Homa, connue en arabe sous le nom de Jabal ab Ghuneim,  a été créée — en dépit d’un concert de protestations au niveau  international - il y a presque 20 ans avec pour but d’isoler les  Palestiniens du sud de la Cisjordanie méridionale, de Jérusalem-est.
Jérusalem elle-même a été constellée de douzaines de  colonies qui rendent bien sombres les perspectives d’un Etat pour les  Palestiniens [dans les frontières du cessez-le-feu de 1949 - N.d.T]. La  semaine dernière, on a appris que le gouvernement israélien s’était  entendu avec des groupes de colons pour construire 238 autres  appartements dans Jérusalem-est. Cette révélation a coïncidé avec une  autre information divulguée par des militants pacifistes [israéliens] et  prouvant que le gouvernement, en coordination avec les colons, avait  falsifié les droits sur les terrains et d’autres documents afin de  confisquer encore plus de propriétés arabes dans la ville occupée.
La révélation du nouveau plan d’expansion colonial  souligne la nonchalance et le complet mépris avec lesquels le  gouvernement d’Israélien considère le processus de paix. Elle illustre  également la défiance israélienne face aux efforts désespérés faits par  l’administration d’Obama pour remettre à flot le processus déjà  précaire, dans l’espoir que « quelque chose » peut être réalisé avant la  fin du mandat présidentiel d’Obama.
L’administration d’Obama, encore sous le choc de sa  défaite électorale face aux Républicains la semaine dernière, a critiqué  le nouveau plan de colonisation, disant être « profondément déçue » par  l’annonce israélienne.   « [L’annonce] est contre-productive pour nos  efforts de reprendre des négociations directes entre les deux parties, »  a dit Phillip J Cowley, porte-parole du Département d’Etat. « Nous avons  longtemps invité les deux parties à éviter des actions, y compris dans  Jérusalem, qui pourraient miner la confiance, et nous continuerons à  travailler pour reprendre des négociations directes pour aborder cette  question, comme d’autres liées à un accord définitif. »
Mais cette réaction semblait plus à vocation  diplomatique pour apaiser les Palestiniens, qu’une indication selon  laquelle l’administration d’Obama était sur le point de prendre une  position plus active contre les continuelles extensions coloniales  d’Israël. En fait, l’administration d’Obama a donné à Netanyahu toutes  les assurances possibles que Washington ne pense rien de ce qu’il dit  quand il prétend se distancier de l’expansion coloniale israélienne en  Cisjordanie. Donc le premier ministre israélien n’a aucune raison de  s’inquiéter.
Par exemple, le vice-président Joe Biden a déclaré à  Netanyahu que les différences entre Israël et les Etats-Unis sur la  question des colonies étaient de nature tactique et ne pouvaient pas  miner ni même affecter les incontestables relations entre les deux  alliés. Biden a été jusqu’à dire à Netanyahu que les relations  US-israéliennes demeureraient de fer « en dépit » des différences sur  les colonies. « Nos relations demeurent, à proprement parler,  incassables. »
Ironiquement, les seules critiques que Netanyahu a  reçues pour sa politique clairement opposée au processus [dit] de paix  en Cisjordanie, sont venues des membres de la communauté juive  américaine qui semblent avoir perdu une partie de leur patience face à  la politique israélienne de longue date, consistant à exploiter la  communauté juive américaine et son influence sur la politique intérieure  américaine pour favoriser le développement du racisme, du fascisme et  de la colonisation en Palestine occupée, aux dépens des efforts de paix. Alors qu’il donnait un discours devant l’Assemblée générale de la fédération juive [Jewish Federation General Assembly] à la Nouvelle-Orléans lundi, Netanyahu a été à plusieurs reprises interpellé par des membres de l’assistance.
Selon la presse israélienne, le premier élément perturbateur a interrompu Netanyahu à peine après qu’il ait  commencé son discours de 30 minute, criant, « le serment de fidélité  délégitimise Israël ! » Les interruptions suivantes ont été des  protestations contre l’occupation par Israël de la terre palestinienne,  aussi bien que contre la sauvagerie et le vandalisme des colons en  Cisjordanie. Netanyahu a recouru à des échappatoires et à des  déclarations creuses, disant espérer que « des entretiens sans  conditions » avec les Palestiniens mèneraient à un accord de paix d’ici  une année.
Le premier ministre israélien a ignoré les dizaines de milliers d’unités coloniales israéliennes établies illégalement selon le droit  international dans les territoires palestiniens occupés, et les  centaines de milliers de citoyens juifs israéliens que les gouvernements  israéliens successifs ont transféré en Cisjordanie pour vivre sur des  terres qui appartiennent à d’autres. En fait, au lieu d’aborder les  problèmes réels liés à l’effet paralysant de l’expansion coloniale sur  un processus de paix déjà moribond, Netanyahu a trouvé une diversion  facile et confortable à travers la question iranienne, invitant les  Etats-Unis à recourir à la menace de la force pour inciter les Iraniens à  repenser leur supposé programme nucléaire.
Israël est le seul pays au Moyen-Orient largement soupçonné de posséder des armes nucléaires.
En conclusion, les officiels de l’AP [de Ramallah -  N.d.T] ont répété leurs habituelles platitudes au sujet des obstacles à  la paix posés par la politique coloniale d’Israël. Le dernier rapport  venant du président [de l’AP de Ramallah - N.d.T] Mahmoud Abbas, est qu’il parlera fort quand le temps  sera venu. C’est le souhait de tout le monde. Mais assurément, Abbas et  ses collègues se sentent maintenant de plus en plus floués par  l’administration d’Obama, laquelle n’a pas fait geler les activités  israéliennes de colonisation en Cisjordanie. La popularité d’Abbas -  avec celle du processus de paix - a considérablement diminuée.
Traduction de l’anglais : Abd Al-Rahim