Rachad Armanios
Côté  palestinien, « l’espoir » suscité par l’élection du démocrate à la  Maison-Blanche est définitivement douché et la crédibilité étasunienne  est à son niveau le plus bas dans le monde arabe.
Suspendues depuis fin  septembre après moins d’un mois de discussions, les négociations de paix  directes entre Israéliens et Palestiniens aboutissent à l’échec que  tout le monde prévoyait il y a trois mois. Début septembre, les  Etats-Unis faisaient s’asseoir les parties à la table des négociations  après vingt mois de blocage. Mardi, le médiateur étasunien a renoncé à  exiger d’Israël le pré-requis palestinien à la reprise des pourparlers,  le gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Désormais, les acteurs directs et indirects font mine de  tenter de sauver ce qui peut l’être. Des ministres arabes se réuniront  au Caire,  juste pour la galerie. Tandis que les Etats-Unis affirment vouloir  changer de méthode et se concentrer enfin sur « les problèmes centraux »  du conflit. Que les Palestiniens tiennent à consolider leurs frontières  sans que celles-ci continuent d’être grignotées serait-il soudain  devenu un point de détail ?
Côté palestinien, « l’espoir » suscité par l’élection du  démocrate à la Maison-Blanche est définitivement douché et la  crédibilité étasunienne est à son niveau le plus bas dans le monde  arabe. Le démocrate était pourtant censé être l’homme de la situation,  après le pro-Israélien Bush. A mi-mandat, on constate en réalité que le  Proche-Orient a perdu deux ans, durant lesquels la paix n’a pas avancé  d’un pouce. Alors qu’Israël compte sur les Etats-Unis pour être soutenu  sur la scène internationale et qu’il dépend largement de ces derniers  pour sa sécurité, c’est le grand  frère qui a été humilié par le gouvernement de Benyamin Netanyahou.  Inflexible, celui-ci sait qu’il est un allié indispensable au sein d’un  Moyen-Orient globalement hostile aux Etats-Unis. Il a aussi profité des  succès électoraux des républicains aux élections de mi-mandat pour  mettre Obama K.-O.
Il faut dire que le président ne s’est pas montré très combatif, malgré les mots  forts qu’il a eus contre la politique de colonisation, qu’il reconnaît  être illégale. Les crispations entre les alliés en sont finalement  restées à du verbiage. Israël a alors eu beau jeu de refuser les avions de chasse F35 que le médiateur lui offrait en échange du moratoire sur les nouvelles implantations.
Des négociateurs palestiniens suggèrent désormais aux  Etats-Unis de reconnaître leur Etat dans ses frontières de 1967. Sûr  qu’une telle menace aurait davantage de poids que quelques avions dernier cri. Ce pas a été franchi par l’Argentine, quelques jours après le Brésil,  avec le soutien de l’Uruguay. Une reconnaissance d’autant plus  remarquable que, comme les Etats-Unis, ces pays latinos comptent  également une forte diaspora juive.
De quoi ouvrir quelques perspectives ? Tandis que  l’Union européenne s’efforce de rester insignifiante dans le dossier  proche-oriental, tandis que Wikileaks a rappelé combien les pays arabes  détestent au moins autant l’Iran qu’ils s’accommodent d’Israël, et  tandis que les Etats-Unis s’avèrent plus que jamais des fossoyeurs de la  paix, celle-ci sera peut-être un jour imposée par la communauté  internationale. Pour peu que les rapports de force continuent d’y  évoluer en défaveur de l’hégémonie étasunienne.