Prof. Chems Eddine Chitour
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          « Qu’il soit un démon, qu’il soit noir ou blanc, Il a le coeur  pur, il est toute innocence, Il vole au marché, un gâteau, une orange,  Et on le poursuit, il faut le rattraper, On donne l’alerte, on arrête un  ange, Et pour se défendre il se met à pleurer. Malheur à celui qui blesse un enfant. »         
Rabin : "Brisez-leur les os !". Et les soldats exécutèrent avec discipline l’ordre donné : briser, avec la crosse de leurs armes, les bras et les jambes des Palestiniens. 
Dimanche 6 et lundi 7 décembre 2010 s’est tenu à Alger  un colloque sur la condition des prisonniers palestiniens au vu du droit  international. Vaste sujet s’il en est ! Dans cette contribution, nous  allons aborder la question d’une catégorie particulière de prisonniers :  les enfants. Quel crime abominable ! Le chef d’accusation est connu,  jet de pierre contre des véhicules, voire des soldats israéliens Par  contre, les peines encourues varient en intensité en durée et  en...horreur. M.Ramsey Clark, ancien ministre de la Justice aux  Etats-Unis, a estimé que « la loi  internationale, la simple justice et la décence humaine exigent  qu’Israël se retire des terres palestiniennes définies par la résolution  181 de l’AG de 1948, et quitter toutes les colonies et structures qui  ont été construites ». L’orateur estime également, qu’Israël est  redevable au gouvernement palestinien de réparations pour les  persécutions, exploitations et injures subies durant des décennies par  le peuple palestinien. L’ancien député britannique George Galloway a souligné « la nécessité d’appeler la communauté internationale, et les Nations unies à débattre de la question des prisonniers politiques » jugeant impératif « que ce soutien commence à partir du Monde arabe ».(1)
Comment se traduit en pratique le sionisme combattant des enfants qui n’ont connu que la guerre,  que les bombardements, que le bruit des hélicoptères Apache ou des  F16 ? On ne peut qu’être décontenancé par les trésors d’imagination de  l’armée d’occupation pour terroriser sans discernement aussi bien les  enfants, les femmes et les personnes âgées que les personnes adultes.  Cette contribution parue dans Haa’retz, le journal israélien de gauche, est plus éloquente que cent discours. Nous lisons : « Des  soldats israéliens témoignent "Six heures du matin. Rafah est sous  couvre-feu. Y a pas un chat dans les rues. Seulement un petit enfant de  quatre ans qui joue dans le sable. Il bâtit une espèce de tour comme ça  dans la cour de sa maison. Celui-là se met tout à coup à courir et tous,  nous courons avec lui. Il était du génie. Nous courons tous avec lui.  Il attrape le gosse.(...). Il lui a brisé le bras, ici, à  l’articulation. Il lui a cassé le bras à hauteur du coude. Il lui a  cassé la jambe ici. Et il a commencé à lui marcher sur le ventre, trois  fois. Puis il est parti. Nous étions tous bouche bée, le regardant,  choqués... Le lendemain, je repars en patrouille avec lui et déjà les  soldats commençaient à faire comme lui." » (2)
Etat des lieux du calvaire des enfants détenus
« En 1973, une brochure officielle  destinée aux militaires israéliens pieux contenait les recommandations  suivantes : "Quand au cours d’une guerre, ou lors d’une poursuite armée  ou d’un raid, nos forces se trouvent devant des civils dont on ne peut  être sûrs qu’ils ne nous nuiront pas, ces civils, selon la Halakhah,  peuvent et même doivent être tués [...] En aucun cas l’on ne peut faire  confiance à un Arabe, même s’il a l’air civilisé [...] En guerre,  lorsque nos troupes engagent un assaut final, il leur est permis et  ordonné par la Halakhah de tuer même des civils bons, c’est-à-dire les  civils qui se présentent comme tels." » Dans le même ordre, Jacqueline Rose écrit : « Aujourd’hui, à titre de politique constante, l’armée israélienne brise les os des Palestiniens ».
Au début de la première Intifada, Rabin avait donné cet ordre à l’armée : « "Brisez-leur les os !". Et les soldats exécutent avec discipline, l’ordre qui leur avait été donné : briser, avec la crosse de leurs armes, les bras et les jambes des Palestiniens. » Elle rapporte également que les soldats et les officiers israéliens « exécutent  sommairement des enfants palestiniens, et se justifient en proclamant  que le souvenir de l’Holocauste les conduit à perpétrer, de manière  routinière, ce qui est considéré comme de patents crimes de guerres  perpétrés contre des civils ne représentant aucun danger ! » (3)
Quand Israël ne tue pas les enfants comme lors de la  boucherie de Ghaza en 2008-2009, Israël terrorise les enfants, les  torture, les affame et les abîme. Nous allons relater d’abord la  situation actuelle, nous aborderons après le problème des manquements  graves à la IVe Convention de Genève relative aux prisonniers et aux  enfants en tentant de décrire les dérives les plus criantes de « l’armée  la plus morale du monde ». En août 2006, Israël détenait 10 073  prisonniers palestiniens dans plus de 30 prisons et centres de  détention. Depuis 1967, plus de 650 000 Palestiniens ont été arrêtés,  soit près de 20% de la population des Territoires palestiniens occupés !  En septembre 2006, la majorité de ces prisonniers palestiniens étaient  des hommes, mais on comptait aussi parmi eux 115 femmes et 450 enfants.  Ils sont incarcérés en Israël, au mépris de la IVe Convention de Genève  qui interdit un tel transfert. L’occupation des Territoires palestiniens  par l’armée israélienne et la violence de la répression qui  l’accompagne touchent de plein fouet les enfants. Ainsi, depuis le début  de la Deuxième Intifada, plus de 4000 enfants palestiniens ont été  arrêtés. En septembre 2006, 450 détenus dans les prisons et les maisons  d’arrêt israéliennes avaient moins de 18 ans.
Promulgué le 24 septembre 1967, l’ordre militaire 132  décrète que l’enfant palestinien peut, dès l’âge de 12 ans, être  poursuivi, arrêté, incarcéré et condamné par une juridiction militaire.  Et encourir ainsi des peines réservées aux adultes. Les enfants sont  arrêtés pendant les manifestations mais également dans leurs foyers,  généralement en pleine nuit, sur la foi de photos, de témoignages  d’autres détenus ou d’indicateurs. Les enfants emprisonnés sont aussi  des élèves qui ont été arrachés à leur école. Or, ils ne disposent  d’aucun moyen pour poursuivre leur scolarité ou ne fût-ce que pour  jouer. Il n’y a pas de bibliothèque dans les prisons ni de matériel  éducatif qui permette de préparer des examens de fin d’études  secondaires. (...) Un thème souvent ignoré, ou à peine abordé, est la  torture. (...) les techniques de torture ont été légalisées par Israël  en 1987. (4)
Eric Silverman raconte le parcours du combattant de parents voulant rendre visite à leurs enfants prisonniers : « Nabil  et Huda Ward, ainsi que leurs deux filles adolescentes, allaient  visiter leur fils Naseem, âgé de 26 ans, pour la première fois depuis  son incarcération en avril 2002. [Nabil et Huda Ward ] sont des vétérans  de la souffrance sous l’occupation israélienne ; la fille de Ward,  Riham, a été tuée à l’âge de dix ans par les forces israéliennes en  2001, à l’intérieur de sa salle de classe à l’école de filles Al-Ibrahim  à Jénine. (...) En novembre 2006, Israël retenait environ 700  Palestiniens en détention administrative. (...) Le CICR surveille les  conditions de détention et le traitement de tous les prisonniers  palestiniens, estimés à 11 500 et dont près de 400 sont des enfants et  120 des femmes. » (5)
Lors de la Journée nationale des prisonniers palestiniens, le 17 avril, la Délégation générale de Palestine en France a rédigé le rapport suivant. Nous lisons : « La  question des prisonniers politiques palestiniens dans les prisons  israéliennes ne se limite pas à des chiffres ou à des statistiques, mais  pour connaître leur situation, il faut connaître leur nombre, leurs  lieux de détention et leurs conditions de vie. Le nombre d’arrestations  de l’année 2009 a atteint le nombre de 5200, soit une moyenne de 14  arrestations par jour. Ces milliers de prisonniers hommes, femmes et  enfants sont retenus dans les 13 prisons et 3 centres d’immobilisation à  travers Israël..(...) Selon un récent rapport de Friends Of Humanity International paru  le 1er avril 2010, l’année 2009 a été l’une des années les plus  difficiles pour les prisonniers palestiniens. (...) Les forces  d’occupation israéliennes ont continué, en 2009, à pratiquer toutes  sortes d’arrestations, perquisitions et enlèvements. (...) Il y a plus  de 1000 détenus dans les prisons israéliennes, atteints de maladies  chroniques, qui sont soumis à une négligence médicale. (...) Considérant  qu’en vertu de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, dont Israël est signataire, un enfant  s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans ; considérant  que les prisonniers palestiniens, enfants compris, sont soumis à des  traitements humiliants et dégradants ; considérant que les autorités  israéliennes continuent de recourir à la contrainte physique dans les  interrogatoires, ainsi qu’à des menaces physiques et psychologiques  allant jusqu’à la torture, notamment pour intimider les détenus et  obtenir d’eux des aveux, la Délégation générale de Palestine en France demande le respect de l’interdiction absolue de la torture comme l’impose le droit international. » (6).
Le nouveau supplice
Parmi les exactions, le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqa’, rapporte un nouveau scandale :  des soldats israéliens ont uriné sur deux enfants de 13 ans et les ont  obligés à rester tout nus dans les WC pendant deux jours. Il a dit que  le pire toutefois était quand les soldats entraient et que, au lieu de  se soulager dans les toilettes, ils pissaient sur la tête et la figure  des deux garçons. Puis les soldats se moquaient d’eux et riaient en  prenant des photos. Après deux jours de ce cruel traitement, on les a  emmenés dans la colonie de Binyamin et on les a interrogés de 10 h du  soir à 3 h du matin, puis on les a emmenés au camp militaire de Ofer.  Ils y sont restés pendant 3 mois avant d’être transportés à la prison  des enfants de Rimonim. Ils n’ont jamais été présentés à la justice. (7)
Dans le même ordre, le responsable des Affaires des prisonniers auprès de l’Autorité palestinienne et ancien prisonnier Abdul Nasir  Farawneh a déclaré lundi à Alger, lors du Colloque international de  soutien aux prisonniers palestiniens, qu’Israël continuait de se servir  des prisonniers pour tester les effets de différents médicaments. « Israël n’a pas cessé un seul jour », a dit Farawneh. « Au contraire,  il a accru ses crimes et a autorisé le ministère de la Santé à  augmenter de 15 % sa quote-part annuelle de médicaments.  Progressivement, de plus en plus de prisonniers sont exposés à ces  traitements, ce qui explique l’augmentation du nombre de prisonniers  malades dans les prisons de l’occupation israélienne et l’émergence de  nouvelles maladies étranges. » Selon Farawneh, environ 3000  prisonniers palestiniens dans les prisons Nafaha, Ramon et Néguev - soit  45 %du total de prisonniers - sont soumis à des essais de médicaments  et les prisonniers de la prison du Néguev sont exposés à des toxines  nocives en raison de la proximité du réacteur Dimona. (...) Depuis 2007,  Al-Farawneh affirme que les autorités carcérales israéliennes traitent  les Palestiniens comme des « cobayes ». (8)
Il y a pire ! Stephen Lendman rapporte une information parue le 10 septembre sur le site israélien Ynetnews.com : L’IDF (Forces de défense israéliennes) a commis des abus sexuels sur des enfants palestiniens dans lequel on lisait : « des  rapports accablants de CNN (9 septembre) font état d’accusations non  corroborées d’abus sexuels sur des enfants palestiniens détenus par  l’IDF. » Les officiels militaires ont refusé de «  "répondre à ces accusations d’abus sexuels car aucune précision n’a été fournie", a déclaré un porte-parole. "CNN a parlé d’un enfant  palestinien non identifié qui affirmait que des soldats de l’IDF  avaient essayé de lui enfoncer un objet dans le rectum" et que des  douzaines d’officiers regardaient ça en riant. La source de CNN était  l’association Defense of Children international  (DCI). En mai 2010, l’organisme a demandé au Rapporteur spécial de l’ONU  sur la torture d’enquêter sur 14 cas d’abus sexuels dont il avait eu  connaissance et qui avaient été commis par des soldats, interrogateurs  et policiers de janvier 2009 à avril 2010. Les enfants, qui avaient été  victimes de ces abus, avaient de 13 à 16 ans et avaient été arrêtés pour  avoir lancé des pierres qui n’avaient blessé personne. Dans son rapport  d’avril 2008, le ministère palestinien des Affaires des détenus et des  ex-détenus a écrit que plus de 7000 enfants avaient été arrêtés depuis  septembre 2000, date du début de la seconde Intifada. (9)
Environ 360 enfants, dont certains  n’avaient que 10 ans, étaient toujours en détention et traités avec  autant de dureté que les adultes, en violation avec le droit  international qui prescrit un traitement spécial pour les enfants. Sur  ces 360 enfants 145 avaient été condamnés, 200 attendaient d’être jugés,  et 15 étaient en détention administrative. Le rapport dit qu’environ  500 jeunes avaient atteint leur dix-huitième année en détention. Environ  75 étaient tombés malades et n’avaient pas été soignés et presque tous  avaient été torturés et victimes de mauvais traitements. Chaque année,  environ 700 enfants sont arrêtés, la plupart pour avoir lancé des  pierres, puis interrogés sans l’assistance d’un avocat et condamnés.  Plus de 80% d’entre eux ont signé des confessions forcées, pour un tiers  écrites en hébreu qu’ils ne comprennent pas. Le 10 mai, la journaliste  d’Haaretz, Amira Hass  écrit (...) : "69 enfants se sont plaints d’avoir été battus, 4 d’avoir  été victimes d’abus sexuels et 12 autres enfants ont affirmé avoir été  menacés d’abus sexuels". Elle a ajouté que la plupart avaient été  terrorisés, brutalisés et insultés pendant leur détention, avant et  pendant les interrogatoires. De plus, on les privait de nourriture et de  boisson des heures durant et on ne cessait de les martyriser que s’ils  donnaient des noms. (...) En fait, les enfants et les adultes sont  souvent détenus des semaines, voire des mois, avant d’être jugés ou de  pouvoir négocier leur peine (plea bargain). Il n’y a pas de justice en  Israël pour qui n’est pas juif, même s’il n’a que 9 ou 10 ans. » (9)
Tout est dit il n’y a pas de justice pour les enfants  palestiniens. L’impunité jusqu’à quand ? La chanson de Macias devrait  être méditée par l’armée d’occupation israélienne .
Pr Chems Eddine CHITOUR
(1) - Forum sur le soutien aux détenus palestiniens APS 05-12-2010
(2) - Des soldats israéliens témoignent : Haaretz, 21 septembre 2007
(3) - Jacqueline Rose : La Question de Sion, Presses universitaires de Princeton - 2005
(4) - http://www.association-belgo-palest..., 13 juillet 2009, IVe Convention de Genève, Les prisonniers politiques
(5) - http://www.palestine-diplo.com/ - Les prisonniers politiques
(6) - Erica Silverman : Prisonniers palestiniens en Israël : perdus dans la machine - http://www.info-palestine.net/artic... - 25 janvier 2007
(7) - Nouveau scandale de torture d’enfants prisonniers : des soldats urinent sur des enfants de 13 ans - http://www.info-palestine.net/artic... - 10 novembre 2010
(8) - Israël continue de tester des médicaments sur les prisonniers palestiniens. - http://www.protection-palestine.org...
(9) - Stephen Lendman : http://www.legrandsoir.info/Des-sol... 
                12 décembre 2010 - Oulala.net