Au sein d’une UE tout à fait marginalisée concernant le       processus de paix, la France tente de jouer un rôle de       premier plan, mais sans pouvoir jusqu’à présent s’imposer à       Israël.
Beaucoup       d’interrogations se posent autour du rôle de l’Union       Européenne (UE) dans le processus de paix. Les Européens       sont-ils présents, absents, ou se contentent-ils de rester       en coulisses ? Rien n’est précis mais ce qui est sûr, c’est       que la France essaye de compenser ce manque. Paris, qui       tente depuis un certain temps de marquer son empreinte sur       les dossiers du processus de paix israélo-palestinien, a       demandé à Israël de prolonger le moratoire sur la       colonisation. Elle déplore vivement et désapprouve       l’autorisation de la construction de 1 300 nouveaux       logements à Jérusalem-Est, a déclaré à cet égard le       porte-parole du ministère français des Affaires étrangères,       Bernard Vsalero. La France, qui       par ses déclarations a révélé son désaccord avec les       agissements israéliens, n’a pas manqué de rappeler que « la       colonisation dans les territoires occupés est contraire au       droit international et aux dispositions de la feuille de       route du Quartette de 2003 ». Selon le porte-parole, cette       colonisation « constitue un obstacle à la paix et compromet       chaque jour un peu plus la solution à deux Etats que nous       appelons de nos vœux ».      
            De plus en plus, la France confirme son souhait de jouer un       rôle plus actif dans le processus de paix, que ce soit à       travers les tentatives de réconciliation entre les deux       parties ou même des critiques fermes. Cela dit, après avoir       fait part de son « inquiétude » et « déploré » la       non-reconduction par Israël de son moratoire partiel de la       colonisation en Cisjordanie, Sarkozy s’est attaqué à « la       méthode suivie jusqu’à présent qui ne semble plus produire       les résultats escomptés ». « Il s’agit nullement de       critiquer qui que ce soit, je veux d’ailleurs rendre hommage       aux efforts considérables du président       Barack Obama pour       relancer le processus, mais j’observe que dix ans après Camp       David, nous n’avons pas progressé et peut-être même reculé       dans la reprise du dialogue », avait-il lancé. Mais pour      Ossama       Mégahed, spécialiste des affaires       palestiniennes, l’influence française reste très limitée : «       Dans le fond, on ne peut pas parler d’un rôle concret de la       France. Il s’agit plutôt d’une logique de répartition de       rôles. La France tente de s’emparer d’une partie du rôle       américain. Mais ces tentatives restent toujours sans       résultat concret ». Selon les experts, Sarkozy entend bien       profiter de la situation pour tenter de réinsérer la France       dans le dialogue israélo-palestinien d’où l’Europe,       d’ailleurs, est presque exclue.
            L’initiative avortée 
            Sarkozy a décidé, le 27 septembre, de prendre l’initiative       d’inviter les deux parties (Palestiniens et Israéliens) à       Paris fin octobre pour prouver que l’Europe, et surtout la       France, pouvaient agir au Proche-Orient. Une tentative qui       n’a d’ailleurs pas prouvé une grande réussite, puisque ce       projet de sommet a été boudé. En effet, le premier ministre       israélien avait donné son accord et s’est depuis ravisé. Son       bureau a annoncé, sans autres précisions, que cette réunion       était reportée sine die : « Après consultations, les parties       concernées se sont mises d’accord pour décider d’une autre       date ». Résultat, l’initiative française a été enterrée. Le       négociateur palestinien Saëb      Erakat a aussi admis le report :       « La poursuite de la colonisation israélienne ruine tous les       efforts de paix, que ce soit ceux de       Barack Obama ou ceux de       Nicolas Sarkozy ». Selon des diplomates cités par Haaretz, «       Netanyahu s’est rendu compte qu’il serait soumis à une       pression énorme sur la question des colonies et a donc       décidé d’annuler sa participation ». Sarkozy avait rejeté       ces excuses qui l’empêchaient de se rehausser par une       initiative dans le conflit israélo-palestinien, tandis que       l’Europe se distinguait par son absence.
            Le président français tenait pourtant bien à cette réunion       qui lui permettait de jouer le médiateur entre deux       adversaires intransigeants. Sarkozy avait utilisé tous ses       atouts en envoyant en Israël son ministre des Affaires       étrangères, Bernard Kouchner, accompagné de l’Espagnol       Miguel Moratinos. Ils ont été       renvoyés par Avigdor Lieberman,       qui s’est ainsi vengé de sa position de « persona non grata       » en Europe. La visite fut un échec. Pour le premier       ministre israélien, l’Europe s’est volontairement désengagée       du processus de paix au Proche-Orient en prenant partie pour       les Palestiniens et ne peut prétendre intervenir en arbitre       indépendant dans le conflit.
            L’UE, rôle marginalisé ou réduit
            Jusqu’à présent, le rôle des Européens dans le processus de       paix s’est généralement limité au financement de l’Autorité       palestinienne. Si on additionne les aides de la Commission       européenne et les aides bilatérales, ces financements font       de l’Europe le premier contributeur du processus de paix.       Selon les experts, l’UE, divisée entre soutiens       inconditionnels et plus équilibrés d’Israël, ne parvient en       général à produire que des consensus a       minima lorsqu’il s’agit d’Israël. En effet, les pays       européens sont en fait divisés en deux camps sur la question       palestinienne, entre ceux qui refusent, pour des raisons       historiques ou politiques, à envisager la moindre pression       sur Israël, et ceux qui sont prêts à jouer un rôle plus       actif, y compris au prix de frictions avec les autorités       israéliennes. Ainsi, les initiatives du président Sarkozy se       définissent comme étant un rôle français plutôt qu’un rôle       européen. Mégahed explique que       l’UE ne possède aucun mécanisme de pression sur Israël : «       L’UE ne peut rien imposer à l’Etat hébreu même s’il a des       solutions. C’est une question de pouvoir. Il se contente       donc de faire des déclarations et des condamnations ». En       tout cas, il reste bien clair que le rôle de l’UE reste dans       le fond marginalisé. Quant à la France qui agit       indépendamment, elle poursuit son appel, affirmant que la       solution est la formation d’un Etat palestinien. La demande       ne cesse pas mais reste à savoir qui le reconnaîtra.
            Chaïmaa      Abdel-Hamid