11 novembre 2010
Sept ans après l'invasion de l'Irak, Dirk Adriaensens  dresse le bilan d'une des guerres les plus ignominieuses de l'Histoire  moderne. L'auteur nous explique comment les forces de la coalition ont,  sur base d'un mensonge, entrepris de détruire méthodiquement un pays et  son peuple. Les responsables aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne  seront-ils un jour jugés pour crime contre l'humanité ?  (Investig'Action)
Première partie : “Victoire !” un bilan dévastateur  Au lendemain de l’invasion de  2003, le verdict triomphaliste des médias occidentaux était que, la  guerre venait d’être gagnée, l’Irak se voyait assuré d’un avenir radieux  et démocratique. Journaliste au New York Times, William Rees-Mogg exultait, célébrant la victoire : « 9 avril 2003, le Jour de  la Libération  pour l’Irak. » Libération obtenue par « ce moteur de libération  mondiale » que sont les États-Unis. « Après 24 années d’oppression,  trois guerres et trois semaines de bombardements continus, Bagdad émerge  à peine de l’âge des ténèbres. La journée d’hier était une journée de  libération historique[1]. 
  « Le problème de cette guerre  pour, je pense, pour de nombreux Américains, demeure que les prémisses  qui nous semblaient en justifier le déclenchement, à savoir la détention  par Saddam Hussein d’armes de destruction massive, se sont avérés  invalides », déclara aux reporters le Secrétaire à la Défense Robert  Gates, en visite officielle en Irak. « De sorte que, si on regarde les  choses sous cet angle et qu’on cherche rétroactivement comment on  devrait aborder cette guerre, même si le bilan est plutôt positif au  point de vue des USA, l’ombre au tableau reste la manière dont elle a  démarré »[2]. 
  Robert Gates reconnaît donc bien ici que cette guerre  était illégale du point de vue du droit international car il n’y avait  en réalité aucun « casus belli ». Mais dans la même  phrase, il n’en déclare pas moins que le bilan est plutôt positif pour  les États-Unis. Mais qu’entend-il par là exactement ? Comment le bilan  colossal des victimes et des destructions pourrait-il s’avérer positif  pour les USA ? Et que dire des responsabilités ? Lorsqu’on sait que  l’Irak paie encore aujourd’hui des réparations pour son invasion du  Kuwait de 1990, qu’en est-il du paiement de réparations par les USA pour  les destructions infligées illégalement à l’Irak ? 
  « Nous avons combattu ensemble,  nous avons ri ensemble et parfois pleuré ensemble. Nous sommes restés  côte à côte, payant ensemble le prix du sang », déclarait le Général Ray  Odierno aux officiers irakiens et aux centaines de soldats et  d’officiers américains réunis pour la cérémonie qui mettait  officiellement fin aux opérations de combat. « C’était pour les idéaux  de liberté et de justice que nous partageons »[3].  Oui, ils ont ri ensemble, comme riaient les infâmes auteurs des  « meurtres collatéraux » de l’attaque en hélicoptère de combat contre  les civils de Bagdad, en juillet 2007 – dont l’enregistrement vidéo a  été récemment publié par Wikileaks – et qui tua plus d’une  douzaine d’Irakiens, dont deux journalistes de Reuters. Quant au sang,  nul doute qu’ils l’ont effectivement versé ensemble, et fort  généreusement ! Celui de plus d’un million de mères, de pères, d’enfants  et de vieillards irakiens… Et tout cela, M. Odierno, au nom des  « idéaux de liberté et de justice que nous partageons ? » La plupart des  Irakiens ne sont pas de cet avis. Pour eux au contraire, le pays a  depuis sombré dans l’âge des ténèbres. 
Les faits
  Depuis 1990, début du régime de  sanctions imposé par l’ONU, le taux de mortalité infantile a augmenté de  150% en Irak. En 2008, à peine 50% des enfants en âge d’entrer en école  primaire étaient scolarisés, contre 80% en 2005 et près de 1 500  enfants étaient incarcérés dans des centres de détention. En 2007, les  statistiques gouvernementales officielles dénombraient 5 millions  d’orphelins en Irak. Plus de 2 millions d’Irakiens sont réfugiés hors du  pays et près de 3 millions sont réfugiés (ou déplacés) à l’intérieur du  pays. 70% des Irakiens n’ont plus accès à l’eau potable. Le nombre de  chômeurs (sans indemnités) atteint officiellement les 50%, il est de 70%  officieusement. 43% des Irakiens sont réduits à un épouvantable niveau  de pauvreté. 8 millions d’entre eux auraient immédiatement besoin d’une  aide d’urgence. 4 millions d’Irakiens sont sous alimentés et ont un  urgent besoin d’assistance humanitaire. 80% des Irakiens ne disposent  plus d’aucun système sanitaire (égouts et eaux usées). Les minorités  religieuses sont au bord de l’extinction[4].  Dans une récente étude commanditée par Oxfam, 33% des femmes n’avaient  reçu aucune assistance humanitaire depuis 2003 ; 76% des veuves  n’avaient reçu aucune pension ; 52% des femmes étaient sans emploi ; 55%  avaient été déplacées depuis 2003 et 55% avaient été victimes de  violences – 25,4% avaient été victimes de violences de rue, aveugles ou  indiscriminées ; 22% de  maltraitances familiales ou conjugales ;  14% avaient subi des violences infligées par des miliciens ; 10%  avaient subi des mauvais traitements ou avaient été enlevées ; 9%  avaient été abusées sexuellement et 8% avaient subi des violences des  forces multinationales[5]. En  Irak, le Parlement est incapable de fonctionner, les bidonvilles ne  cessent de s’étendre, les maladies prolifèrent de plus en plus, et on  constate une véritable épidémie de maladies mentales. Le fait que des  innocents soient quotidiennement tués fait désormais partie de la vie de  tous les jours. 
  William Blum brosse des aspects  « bénéfiques » de cette guerre, un aperçu concis et particulièrement  éloquent. « Aucun Américain ne devrait pouvoir oublier que la nation  irakienne, la société irakienne, ont été détruites, ruinées, anéanties.  Après 1991, les Américains ont bombardé douze années durant, avec toutes  sortes d’excuses, puis envahi, puis occupé [l’Irak], en ont renversé le  gouvernement, massacré et torturé la population à leur guise… Les  habitants de cette malheureuse région ont littéralement tout perdu :  leurs maisons, leurs écoles, leur électricité, leur eau potable, leur  environnement, leur vie de quartier, leurs mosquées, leur archéologie,  leur travail, leurs carrières, leurs professionnels, leurs services  publics, leur santé physique, leur santé mentale, leur système de santé,  leur couverture sociale, leurs droits des femmes, leur tolérance  religieuse, leur sécurité, leurs enfants, leurs parents, leurs passé,  leur présent, leur avenir, leurs vies… Plus de la moitié des habitants  sont morts, blessés, traumatisés, emprisonnés, déplacés ou exilés à  l’étranger… L’uranium appauvri pollue leur air, leurs terres, leur eau,  leur sang, leurs gènes… Ils en enfantent des monstres épouvantables… Des  éléments non explosés de bombes à fragmentation gisent un peu partout,  attendant que des enfants les ramassent »[6]. 
  A ce sinistre tableau, Hannah  Gurman ajoute le défi suivant : « Quelque zèle que le gouvernement  américain puisse mettre à effacer le passé de l’Irak et à en prédire  l’avenir, les Irakiens ordinaires n’en seront pas moins confrontés aux  réalités bien plus chaotiques et complexes du présent. Je défie Obama ou  quiconque au sein de l’appareil politique américain, d’aller en Irak et  d’y regarder un enfant dans les yeux. Un enfant qui sept ans après  l’invasion américaine, n’a toujours pas de logement, d’eau potable, de  sanitaires, d’électricité ni d’école. Allez lui dire maintenant, à cet  enfant là, que la guerre d’Irak était une réussite »[7]. 
  Il suffit de lire cette évaluation de la success story irakienne, par le Dr Riad El Taher : 
  A ce jour, le bilan de l’aventure de Bush et Blair est  le suivant : l’avenir des Irakiens est désormais entièrement aux mains  de voyous et de profiteurs économiques. Aucun d’entre eux ne s’est  jamais soucié le moins du monde de se rendre utile aux Irakiens. A  preuve, la fortune considérable que Chalabi, Alawi, Maliki, Sistani,  Hakin, Bayati, Bachachi, Baher Alom et Rubai ont instantanément tiré de  leur aventure politique. Les ressources naturelles de l’Irak sont  hypothéquées pour les 50 années à venir, au profit de compagnies  pétrolières internationales. Les cerveaux comme les talents irakiens  sont contraints d’émigrer. Les querelles religieuses s’enveniment,  encouragées par la constitution. Les minorités religieuses – chrétiens,  sabéens, etc. – sont harcelées ou contraintes à l’exil. Les droits de  l’Homme, et en particulier concernant les femmes, sont constamment  violés et ont largement régressé, notamment dans le domaine de la santé,  de la maternité et de l’emploi. Les problèmes d’éducation, de santé,  d’environnement et de gestion des ressources en eau sont complètement  laissés de côté, et il en va de même de l’agriculture, des industries et  de la culture. Grâce à Bush et Blair, plusieurs élections  « démocratiques » se sont tenues en Irak, dont les votes furent achetés  massivement par clientélisme, menaces ou intimidation. Aujourd’hui, les  Irakiens ont accès par leurs téléphones cellulaires à de nombreuses  chaînes télévisées détenues par la pègre de la Zone Verte et ses sponsors américains, britanniques ou koweitiens. 
  La destruction de l’Irak a produit  deux millions de réfugiés mais ils ne sont pas les bienvenus en  Occident. A l’ONU, le Haut Commissariat pour les Réfugiés s’est dit  préoccupé par ce problème et a dénoncé le rapatriement forcé  systématique des réfugiés irakiens appréhendés en Europe, suite au  renvoi par avion de 61 d’entre eux à Bagdad[8]. 
  La contradiction fondamentale de  ces « succès » est que les 100 décrets de Bremer ont fait de l’Irak, ce  cauchemar infernal pour les Irakiens, un vaste paradis pour affairistes  de tous crins. Ils ont littéralement colonisé le pays pour le capital :  pillage organisé à grande échelle, un véritable coupe-gorge capitaliste  expérimental comme arme de destruction de masse. On n’a pas laissé aux  Irakiens le moindre rôle à jouer dans la planification et aucun des  contrats de sous-traitance ne leur a été accordé pour partager les  bénéfices. La nouvelle législation économique a institué une détaxation  quasi-totale. Les investisseurs étrangers détiennent désormais 100% des  actifs irakiens, avec en prime le droit d’expatrier l’intégralité des  profits, d’importer à volonté et sans restriction. Il bénéficient en  outre de contrats et de leasings à long terme, sur 30 ou 40 ans,  dépossédant les Irakiens pour des décennies de leurs propres ressources,  mais sécurisés de telle façon qu’aucun gouvernement ultérieur ne puisse  les modifier, écrit Stephen Lendman[9]. 
  Selon un rapport de Transparency International, la corruption qu’on observe en Irak est vouée à devenir « le plus grand scandale de corruption de l’Histoire »[10].  Tandis que les Américains se retirent, ils laissent derrière eux des  centaines de projets abandonnés ou incomplets. Selon un audit d’une  agence de surveillance financière américaine, plus de 5 milliards de  dollars des contribuables américains se sont ainsi évaporés – soit plus  de 10% des quelque 50 milliards que les Américains ont dépensés dans la  prétendue reconstruction de l’Irak. Il ne s’agit d’ailleurs  manifestement que d’une sous-estimation qui repose sur l’analyse, par  l’Inspecteur Général Spécial pour la Reconstruction de l’Irak, de plus de 300 rapports d’experts comptables[11].  Malgré les 53 milliards « d’aide » dépensés depuis l’invasion de 2003,  70% des Irakiens n’ont toujours ni électricité ni eau potable. Ces fonds  ont simplement rempli les poches d’entrepreneurs militaires étrangers  et de membres corrompus de l’administration[12]. Selon l’Inspecteur Général Spécial pour la Reconstruction de l’Irak, pour près de 8.7 milliards de dollars, le Département de la Défense US  est incapable de produire la moindre comptabilité crédible. Pour 9  autres milliards, 96% n’a pas été comptabilisé du tout. Il est  d’ailleurs intéressant de souligner que la plupart de ces sommes ne  provenaient pas d’aides mais de la vente du gaz et du pétrole irakien,  ainsi que de plusieurs avoirs ou actifs gelés depuis la période de  Saddam Hussein et vendus eux aussi[13]. 
  Les autorités irakiennes ont  dernièrement entamé la construction d’une enceinte de sécurité autour de  la capitale Bagdad, rapporte la chaîne nationale  Al-Iraqiya TV,  citant le porte-parole de la sécurité à Bagdad. Ce mur de béton percé  de huit postes de contrôle devrait être terminé vers l’été 2011[14].  De sorte que, bien que la population de Bagdad soit d’ores et déjà  contrainte de vivre en communautés fermées (avec des barrières de  « sécurité » en béton entre chaque quartier), c’est bientôt toute la  ville qui sera enfermée et coupée du reste du pays comme une forteresse  médiévale. 
  En mai dernier, une étude intitulée l’Étude Mercer sur la Qualité de Vie[15],  a rendu ses résultats concernant « les villes les plus habitables » en  2010. Bagdad était de loin la dernière – c’est à dire la ville la moins  habitable de la planète. Cela tient à la totale destruction des réseaux  d’égouts, des installations d’épuration, des usines, des écoles, des  hôpitaux, des musées et des centrales électriques d’Irak par l’armée  américaine[16]. UN-HABITAT, une agence des Nations Unies, a récemment publié un rapport de 218 pages intitulé L’État des villes dans le monde 2010-2011 : réduire la fracture urbaine[17].  Pour Adil E Shantoo, un fait particulièrement choquant y s’y trouve  presque délibérément passé à la trappe, concernant les populations  urbaines d’Irak : au cours des décennies qui précèdent l’invasion  américaine de l’Irak, en 2003, les bidonvilles regroupaient moins de 20%  de la population urbaine d’Irak. Aujourd’hui, ce pourcentage est de  53%, soit 11 millions de citadins sur 19 au total. Au cours de la  dernière décennie, la plupart des pays ont fait des progrès pour  diminuer la population des bidonvilles. L’Irak glisse au contraire  dangereusement dans la direction opposée[18]. 
  Lancé en 2007, le Global Peace Index  (GPI) classe chaque année les pays en fonction de la tranquillité qui y  règne, sur la base d’indices caractéristiques de paix ou de violence.  Dans son rapport de 2009, sur 144 pays, l’Irak arrivait dernier,  l’Afghanistan avant dernier. En avril 2010, Amnesty International  publiait un rapport intitulé « Irak : compte-rendu sur les droits de  l’Homme ». Leur conclusion était que : « la situation des droits de  l’homme dans le pays reste grave. Toutes les parties du conflit en cours  ont commis des abus choquants et la population civile continue  d’assumer le coût des violences qui se poursuivent. La situation sur le  plan sécuritaire est toujours précaire en dépit de quelques  améliorations en 2009. Arrestations, kidnappings, fusillades et attaques  armées contre des civils demeurent quotidiennes ». 
  Il n’y a toujours aucun  gouvernement digne de ce nom en Irak. Comme l’écrit Saad Jawad, qui  enseigne les Sciences Politiques à l’Université de Bagdad, « certains  analystes cyniques estiment que la situation actuelle reflète exactement  ce que visaient les États-Unis (et Israël) ou ce que Washington avait  en tête en jetant les bases de la nouvelle Constitution. Les tensions  qui divisent actuellement l’Irak continuent d’affaiblir le pays et le  maintiennent à la merci des USA, permettant à ceux-ci d’y conserver leur  rôle de puissance tutélaire afin d’y perpétuer leur présence »[19]. 
  Mais qui menace réellement la  sécurité de l’Irak ? Qui est à l’origine des attaques meurtrières et des  attentats à la voiture piégée ? Dans de nombreux cas, on dénonce la  complicité des forces de sécurité. Le 28 août, les forces américaines  ont arrêté un député d’Ahmad Chalabi, Ali Faisal al Lami – qui fut un  temps le politicien irakien favori de l’administration Bush – pour son  implication dans une série d’attentats qui avaient coûté la vie à des  ressortissants américains et Irakiens. Al Lami est un responsable  Shiite, membre du parti Sadriste et responsable du Justice and Accountability Committee, dirigé par Chalabi[20].  Ce que démontre cette information, c’est que les crapules qui sont  venus en Irak avec les troupes américaines et dont les milices étaient  armées, formées et financées par les USA, sont au moins partiellement  responsables des séries d’attentats qui ravagent le pays. 
  Lorsqu’on garde de tels faits à  l’esprit, il semble ahurissant d’entendre des responsables américains  parler, au sujet de l’Irak, d’un « bilan positif pour les USA ». Obama a  proclamé la prétendue suspension définitive de  la Mission de Combat en Irak[21].  Mais il refuse toujours de faire réellement le bilan de ces sept années  de catastrophe, préférant regarder vers l’avenir et éluder ses  responsabilités. L’un des commentaires les plus pertinents du discours  officiel d’Obama fut sans doute celui de Chris Floyd : 
  Après avoir fallacieusement déclaré le 30 août « la fin de la Mission  de Combat en Irak », […] Obama a lâché ce qui était peut-être le  mensonge le plus énorme, le plus honteusement malhonnête de la soirée : “A travers ce remarquable chapitre de l’histoire des États-Unis et de l’Irak, nous avons assumé nos responsabilités ». Nous avons assumé nos responsabilités !  Non, Monsieur le Président ! Certainement pas ! Pas tant que de  nombreux Américains, et de très haut rang, n’auront été jugés pour  crimes de guerre. Pas avant que les États-Unis n’auront payé des  centaines de milliards de dollars de réparations sans restrictions aux  Irakiens pour le viol de leur pays et l’extermination de sa population.  Pas avant que les États-Unis n’aient ouvert leurs frontières à tous ceux  et celles qui ont été et vont être chassés d’Irak par l’épouvantable  niveau de destructions que nous avons infligé à leur pays, ou qui le  quitteront pour fuir les ignobles crapules et les fanatiques qui nous  doivent aussi bien la puissance que la totale liberté d’action qu’ils  ont acquise dans le pays. Pas avant que vous-même, Monsieur le  Président, faisant pénitence avec le sac et la cendre, n’ayez proclamé  une Journée Nationale de la Honte,  à célébrer chaque année par des lamentations, des réparations et des  confessions, pour les crimes contre l’humanité que nous avons commis en  Irak[22]. 
  Mais les États-Unis n’ont  aucune intention de payer la moindre réparation pour les destructions  commises. Au contraire : Christopher Crowley, directeur d’USAID en Irak,  a lui-même déclaré que les pressions qui exigent des Irakiens qu’ils  prennent en charge le coût du Programme d’aides aux victimes américaines  faisait partie d’un accord général sur l’ensemble des programmes  d’assistance en Irak. Les USA “entendent  obtenir l’augmentation de la contribution du gouvernement [irakien] à  ces programmes, afin qu’ils puissent être maintenus sur le long terme »,  déclare-t-il. Selon Crowley, nombreux sont ceux qui aux USA estiment  que l’Irak, avec les troisièmes plus grandes réserves mondiales de  pétrole brut, a largement les moyens de payer d’une manière ou d’une  autre pour les reconstructions de l’après-guerre. Lorsqu’on lui demande  pourquoi le gouvernement irakien devrait payer des compensations pour  les victimes des opérations américaines, il répond que les victimes  « sont des citoyens irakiens »[23].  C’est littéralement incroyable : les USA exigent que ce soit le  gouvernement irakien qui paie des compensations pour l’ensemble des  morts et des destructions que la machine de guerre américaine a infligé à  l’Irak. Et les raisons qu’ils avancent sont : 1) l’Irak peut vendre  suffisamment de pétrole pour reconstruire le pays ; 2) les victimes sont  irakiennes, donc les compensations doivent être payées par… les  Irakiens ! C’est le monde à l’envers ! Commentaire d’un Irakien :  « Quelqu'un pénètre chez moi illégalement, y détruit tout ce qui peut  l’être, massacre ma famille, et exige que ce soit à moi de payer pour ce  qui a été commis ? Mais à qui on parle, là ? A des sauvages à peine  sortis de l’âge des cavernes ? » 
  Certes, toutes ces destructions  ont coûté énormément d’argent au contribuable américain. « Tandis que  les États-Unis mettent fin aux combats en Irak, il s’avère que notre  estimation de trois mille milliards de dollars (qui incluait à la fois  le coût direct de la guerre pour le gouvernement US et l’impact général  de celle-ci sur l’économie américaine), était de toute façon  sous-évaluée. Par exemple, le coût de l’indemnisation des vétérans –  diagnostics, soins, versement de compensations, s’avère supérieur à nos  prévisions », écrit Joseph Stiglitz dans le Washington Post[24]. Un rapport publié en Inde par le Groupe de Prévision Stratégiques, dans un ouvrage intitulé Le coût des conflits du Proche-Orient,  calcule en outre que, sur les 20 dernières années, ces conflits ont  coûté aux nations et aux populations de la région plus de 12 mille  milliards de dollars. Ce rapport précise que le Proche-Orient a  enregistré « une forte augmentation des dépenses militaires au cours des  20 dernières années, et qu’il est désormais considéré comme la région  la plus lourdement armée du monde »[25].  Imaginez les mêmes sommes dépensées en infrastructures rurales et  urbaines, en réservoirs, en systèmes de désalinisation et d’irrigation,  en reforestation, en pisciculture, en médecine et santé publique, en  logement, en information et technologie, en emplois, en programmes  d’intégration équitable de villes et de villages, en réparation des  ravages des guerres, plutôt que dans des armes qui ne peuvent que semer  la destruction. 
L’insupportable légèreté des services publics irakiens
  Comme nous l’avons vu plus haut,  la très grande majorité des Irakiens n’ont plus accès aux services de  première nécessité, tels que la distribution d’eau potable, le ramassage  des ordures ménagères, un réseau électrique fiable, un réseau d’égouts  fonctionnel, l’emploi, le système de santé, etc. L’Irak a d’ores et déjà  sombré dans l’âge des ténèbres, non seulement au sens figuré mais même  au sens le plus littéral du terme, car même la lumière est devenue une  denrée rare. Des plaintes de plus en plus nombreuses dénoncent des  coupures de courant qui réduisent l’alimentation électrique publique à  seulement quelques heures par jour. Le 22 août dernier, les forces de  l’ordre irakiennes ont eu recours aux canons d’eau et aux matraques pour  disperser les manifestants dans la ville irakienne du Sud, Nasiriyah,  et réprimer les émeutes qui avaient éclaté en protestation contre les  coupures de courant, qui handicapent toute activité, et contre  l’insuffisance des services publics. Des protestations similaires  avaient déjà eu lieu à Nasiriyah en juin dernier lorsque 1 000  manifestants avaient essayé de prendre d’assaut le siège du Conseil  Régional défendu par les forces de l’ordre, ainsi qu’à Bassorah, où deux  personnes avaient été tuées lors d’affrontements avec la police[26].  Des émeutes similaires ayant éclaté pendant tout le mois de juin contre  les pénuries d’électricité dans plusieurs villes d’Irak, le ministre   Kareem Waheed fut finalement contraint de   démissionner[27].  
  Il fut remplacé par  Hussain al-Shahristani,  ministre irakien du Pétrole, débarqué en Irak en 2003 dans le sillage  des chars américains et britanniques. Il publia alors un  décret interdisant toute activité syndicale et suspendant toute forme de  coopération ou de pourparlers avec les syndicats de l’électricité  publique. Il a lui-même supervisé les opérations de police imposant la  fermeture des bureaux des syndicats et la confiscation de tout ce qui  s’y trouvait : documents, mobilier, ordinateurs, etc. Akram Nadit,  Représentant International de la  Fédération des Syndicats et Conseils d’Ouvriers en Irak (http://fwcui.org/french/french.html),  a alors lancé un appel à la population, lui demandant d’adresser des  lettres de protestations à Al-Shahristani : « Cet ordre est une  violation patente de la réglementation  internationale  du travail que votre gouvernement est tenu de faire respecter. Nous  donc faisons appel vous pour que cette situation soit rétablie et qu’on  mette fin à cet assaut contre les syndicats irakiens »[28]. 
  Après la campagne de bombardement de l’Opération Tempête du désert  de 1991, les centrales électriques et les lignes à haute tension  irakiennes étaient détruites à 91% : soit 95 centrales électriques ainsi  que l’intégralité des lignes de  400  000 et 135 000 volts. La distribution du pétrole était totalement  stoppée et les sites de forage de Kirkuk, au Nord du pays et de Rumaila  au Sud, ainsi que les raffineries, stations essence et sites de stockage  du pétrole pour l’export des ports pétroliers d’Umm Qasr et de Fao  étaient intégralement détruits. Les Irakiens parvinrent néanmoins à  rétablir l’électricité en à peine six mois, en dépit des sanctions  drastiques imposées au pays. La campagne de reconstruction qui suivit la  fin des hostilités en mars 1991 fut un véritable exploit aux dimensions  stupéfiantes. A l’heure actuelle, sept ans après la « libération », les  principaux services publics ne fonctionnent toujours pas correctement. 
  Un bloggeur irakien  écrivait récemment : « Sous le précédent ministre, nous avions  généralement droit à deux heures d’électricité puis quatre heures de  coupure. Ce qui nous faisait en moyenne huit heures d’électricité par  jour. Parfois c’était moins que ça. Aujourd’hui, sous  Shahristani,  on a moins de quatre heures d’électricité par jour pendant l’infernal  été irakien où, plus de trois mois durant, la température ne descend  jamais au-dessous de 50°C. Le grand vizir a trouvé une explication à ce  problème et une solution simple pour résoudre le dilemme de  l’électricité. Il estime que nous, les Irakiens, nous gaspillons  l’électricité, et que dans chaque maison toute la famille devrait se  rassembler le soir dans une même pièce et y dormir ensemble. Je ne sais pas comment il peut seulement dire une chose pareille ou même imaginer une solution aussi honteuse »[29]. 
  A vrai dire, la chaleur  torride de l’été, Shahristani ne s’en soucie guère. Ces chiffres donnent  une idée des salaires de certains pontes irakiens : environ 700 000 $  US par an pour le Président et quelque 600 000 $ US pour les  Vice-présidents – quoique selon certaines agences de presse irakiennes  l’ensemble des revenus mensuels du Vice-président  Adel Abdul Mahdi atteindrait le million de  dollars US.  Le salaire d’Al-Maliki [le Premier Ministre] est, lui, identique à  celui du Président irakien. Le Président du Conseil de la Magistrature  touche environ 100 000  dollars US  par mois (sans compter les allocations). Leur retraite s’élève à 80% du  montant de leur dernière paie, et ce jusqu’à la fin de leurs jours[30].  
  Liberté ? Justice ? 
  Deuxième partie : L’interminable occupation et ses effets pernicieux.
Quel retrait ?
  Lors même que le Président Barack Obama annonçait la fin des    combats en Irak, les forces américaines poursuivaient leurs opérations  militaires, malgré la prétendue fin de leur mission de combat en Irak.  Le 1er septembre, les soldats américains prenaient d’assaut  un village du Nord, tandis que leurs supplétifs irakiens en pillaient  les maisons et y arrêtaient des dizaines d’insurgés présumés[31].
  « A l’instar de la Grande  Muraille de Chine », disait l’Ambassadeur Hill, « l’Ambassade US de  Bagdad est l’une des choses qu’on peut voir à l’œil nu depuis l’espace.  Je veux dire… elle est énorme ! »[32].  C’est le moins qu’on puisse dire ! S’étendant sur plus de 420 km2,  c’est de très loin la plus grande ambassade du monde. Outre ses six  immeubles résidentiels, elle dispose d’une piscine de luxe, ainsi qu’une  installation de traitement de l’eau et d’uns station d’épuration.  (…)  Le Département d’État a exigé la présence d’une véritable mini armée  pour protéger cette petite Amérique fortifiée – avec notamment 24  hélicoptères Black Hawk et une cinquantaine de véhicules anti-bombes[33].
  Après ce mois de retrait, il  restera encore 50 000 soldats américains dans 94 bases militaires US  d’Irak, pour « conseiller » et former l’armée irakienne, « assurer la  sécurité » et encadrer des missions « contre-insurrectionnelles ».  Environ 5 800 d’entre eux appartiennent à l’armée de l’Air a déclaré le  Major-Général Joseph Reynes,  directeur de l’Air Component Coordination Element for U.S. Forces-Iraq[34]. 
  Dans le même temps, le  gouvernement américain ne fait pas que changer l’étiquette de  l’occupation, il la privatise aussi. Quelque 100 000 supplétifs privés  [contractors] travaillent pour les forces d’occupation, dont plus de  11 000 sont des mercenaires armés. Ce sont presque exclusivement des  ressortissants de pays tiers et assez souvent de  pays  en voie de développement. Un Péruvien et deux Ougandais d’une compagnie  de sécurité ont été tués il y a une quinzaine de jours lors d’une  attaque à la roquette sur la Zone Verte[35].
  Bien que le Pentagone  réduise drastiquement ses forces de combat en Irak, l’armée américaine  n’en prévoit pas moins de contrôler plus étroitement la couverture  médiatique de ce qui s’y passe et la manière dont elle est présentée au  public, en Irak aussi bien qu’aux USA  [ou en Europe]. « Il  est essentiel pour le succès du nouveau gouvernement irakien et de la  mission des forces américaines en Irak, que tous deux communiquent  efficacement en direction de nos publics stratégiques (à savoir le  public irakien, arabe, international, américain et les forces  américaines stationnées en Irak), afin d’assurer à nos principaux thèmes  et messages un soutien optimum », claironnait le texte d’un appel  d’offre pour une équipe de 12 experts civils destinée au secteur des  « services de gestion des communications stratégiques » en Irak[36].  
  De toute évidence, la  guerre et l’occupation continueront jusqu’à ce que le peuple irakien et  le reste du monde imposent à Washington un retrait total d’Irak. La  population des États-Unis a donc le devoir moral d’organiser un vaste  mouvement d’opposition politique particulièrement déterminé contre  l’actuelle occupation de l’Irak et la guerre qui y est menée par le  gouvernement des Etats-Unis. Inutile d’imaginer que l’administration  Obama ou aucune autre ultérieure quitte un jour l’Irak de son propre  gré, conclut Kenneth  J. Theisen du groupe américain anti-guerre    World Can’t Wait[37].  La Résistance Populaire Nationale irakienne a récemment intensifié ses  activités contre l’occupation : Selon le Général de Brigade  Ralph  O. Baker, commandant en second des Forces Américaines du centre de  l’Irak, le nombre d’attaques à la roquette ou au mortier contre la Zone  Verte fortifiée et l’aéroport de Bagdad a lui aussi fortement augmenté.  Le Général Baker déclarait récemment qu’il y avait eu une soixante  d’attaques de ce genre au cours des deux derniers mois, contre « deux ou  trois » seulement dans les mois précédents[38].
  La honteuse sous-évaluation du bilan des victimes civiles
   Tandis  qu’à Washington, l’élite dominante voit dans la destruction de l’Irak  « un bilan plutôt positif pour les États-Unis », la plupart des  journalistes des médias corporatistes s’efforcent de maintenir le nombre  officiel des victimes civiles irakiennes autour de 100 000 morts. Un  mensonge de plus, une sous-estimation flagrante et une insulte aux  souffrances du peuple irakien. Ce chiffre est celui de l’Iraq Bodycount,  une organisation qui effectue un remarquable travail d’inventaire des  victimes civiles dont le décès est attesté dans les médias de langue  anglaise[39].  Bien évidemment, ce type de calcul peut difficilement servir de  fondement scientifique à une estimation pertinente du nombre réel des  victimes civiles irakiennes. 
  Voici quelques exemples : sur 34 000 médecins inscrits en Irak, 20 000 ont quitté le pays suite à l’invasion américaine[40]. Depuis avril 2009, moins de 2 000 médecins y sont revenus et le même nombre y a été tué pendant la guerre[41]. Dans sa base de données, Iraq Bodycount signale seulement 70 médecins tués en Irak[42], ce qui signifie qu’ils ont pris en compte à peine 3,5% du nombre réel des médecins victimes du conflit.  
108 intellectuels universitaires apparaissent dans leur base de données. Le BRussells  Tribunal possède une liste non exhaustive de 448 universitaires assassinés[43], établie par recoupement de diverses sources. Bien que cette liste soit loin d’être complète,  Iraq Bodycount  mentionne à peine 24% du nombre des universitaires assassinés dont le BRussells Tribunal ait pu réunir les noms. 
  La catégorie de victimes la mieux suivie de ce conflit est sans doute celle des journalistes.  Le BRussells Tribunal a pu dresser une liste de 354 de professionnels des médias victimes de la guerre[44]. En septembre 2007, M. Habib al-Sadr, directeur général d’Al-Iraqiya   [la chaîne de télévision nationale irakienne],  confiait à l’AFP que depuis sa prise de fonctions en 2005, au moins 75  membres de son personnel avaient été tués et 68 autres blessés[45]. A l’époque,  la liste du  BRussells Tribunal consacrée aux professionnels des médias contenait moins du tiers de son total actuel. Mais pour Iraq Bodycount, le cumul dans cette catégorie ne dépasse pas 241 morts.
  Auteur de deux importantes études sur la mortalité en Irak, publiées dans la revue scientifique britannique The Lancet,  l’épidémiologiste Les Roberts s’est défendu le 20 septembre 2007 contre  des allégations dénonçant ses enquêtes comme « totalement biaisées »,  avec cet argument : 
  « Présentée lors d’une conférence à  Harvard, une recherche portant sur treize pays frappés par la guerre, a  récemment montré que plus de 80% des morts violentes survenues au cours  de conflits ne sont signalés, ni par la presse, ni par les  gouvernements. Récemment cités dans Middle East Online, des  membres de l’administration de la ville irakienne de Nadjaf expliquaient  que 40 000 corps non-identifiés avaient été enterrés dans cette ville  depuis le début du conflit. Dans son discours aux membres du Rotary Club du 5 septembre dernier – retransmis par le réseau américain C-SPAN (Réseau câblé et satellitaire pour les affaires publiques),    Samir Sumaida’ie, l’ambassadeur irakien aux USA, a déclaré qu’il y  avait 500 000 veuves récentes en Irak. La Commission Baker-Hamilton  elle-même a constaté que le Pentagone ne signalait à peine le dixième du  nombre d’incidents violents survenus pendant le conflit. Enfin, le  vénérable institut de sondage britannique ORB a récemment publié les  résultats d’un sondage selon lequel 22% des foyers irakiens ont perdu au  moins un parent, victime des violences sous l’occupation, ce qui  équivaut à un total d’un million deux cent mille de morts. Cette  découverte corrobore assez largement les résultats d’un autre sondage  effectué par la BBC en février dernier, selon lequel 17% des Irakiens  avaient perdu au moins un de leurs proches dans le conflit. A l’heure  actuelle, ce sont donc deux sondages et trois études scientifiques qui  démontrent que les chiffres officiels et les estimations basées sur les  déclarations médiatiques ont bien occulté 70 à 95% du total des victimes  de la guerre en Irak. Et tout semble indiquer que la proportion  d’occultation des faits  par les médias ne cesse d’augmenter avec le temps »  [46]. 
  Une note de Sir Roy Anderson, Conseiller scientifique en chef auprès du Ministère britannique de la Défense, insiste que « l’approche  méthodologique de l’étude [du Lancet] est solide et recourt à des  méthodes que l’on peut considérer comme étant aussi proche que possible  des « meilleures pratiques » de ce domaine, étant donné les difficultés  spécifiques de la collecte et du contrôle des données, dans les  circonstances qui prévalent actuellement en Irak ». Dans un courrier  électronique publié par le Ministère britannique des Affaires  Etrangères, dans lequel un responsable demande des précisions sur  l’enquête du Lancet, celui-ci écrit : « Pour autant, la  méthodologie de l’enquête employée ici peut difficilement être prise à  défaut, c’est un mode d’évaluation de la mortalité dans les zones de  conflit qui a depuis longtemps fait ses preuves »[47]. 
  La polémique autour du nombre des  victimes est sans doute loin d’être close, mais nous pouvons avancer  avec certitude un excédent de plus d’un million de décès directement  imputables à cette guerre – pour la plupart de mort violente. On peut  trouver sur le site du BRussells Tribunal un archivage  non exhaustif des articles relatant les virulentes polémiques  répercutées dans la presse et les blogs au sujet du décompte des  victimes civiles de l’occupation US :  http://www.brusselstribunal.org/Lan... 
  Un été noir pour les intellectuels irakiens
  Le BRussells  Tribunal s’est rendu célèbre par la vaste campagne lancée en 2005, qui  visait à sensibiliser le public au sort des intellectuels irakiens. Le BRussells  Tribunal reçoit régulièrement d’un large éventail de sources  irakiennes, des informations complémentaires sur les exécutions  sommaires d’intellectuels et d’universitaires irakiens. Voici un aperçu  des principales exécutions répertoriées dans le courant de l’été :  
  Ehab Al-Ani : Directeur  d’hôpital à Al Qa’im, tué le 5 juin 2010 par une bombe artisanale.  D’après l’enquête initiale, Dr. Al Ani n’a pas été tué au hasard.
  Ahmed Jumaa :  Vice-chancelier de l’Université islamique à Ramadi, tué le 29 juin 2010 à  Hit par une bombe artisanale. Le même jour, le professeur Ali Sayegh Zidane, cancérologue de l’Hôpital d’Harithiya à Bagdad, était abattu par des tireurs embusqués ou des snipers.
  14 juillet 2010 : La police irakienne découvre le cadavre décomposé d’un professeur d’université Adnan Al-Makki, poignardé à mort, chez lui, à Bagdad. Le même jour, un autre  professeur d’université est abattu dans l’Ouest de Bagdad par des tireurs ou des snipers. Son nom ne nous a pas été communiqué.
  11 août 2010 : Tôt le matin, un groupe de tueurs fait irruption chez le Dr. Intisar Hasan Al Twaigry, directeur de l’Hôpital d’obstétrique Illwiyah, à Bagdad. Le Dr. Al Twaigry est assassinée, son mari est ligoté mais laissé en vie. Les tueurs emportent avec eux environ 20 000 dollars US.
  Mohammed Ali El-Din :  Expert en pharmacologie, assassiné dans l’après-midi du 14 août 2010,  dans la région d’An Numaniya. Abattu par des tireurs ou des snipers, Mohammed Ali El-Din était rentré en Irak à peine quelques mois plus tôt, après un séjour d’études à l’Université de George Washington, USA.
  Dr Kamal Qasim Al Hiti :  Professeur de sociologie kidnappé dans Bagdad le 14 août 2010, à 16 h.  Quelques semaines auparavant, il avait reçu une lettre de menaces  contenant une balle et lui enjoignant de quitter le pays. Son corps  mutilé, le visage en partie brûlé, a été retrouvé le 22 août dans le  Tigre en face de la Zone Verte, dans le district al-Karada (sous  contrôle du Conseil Suprême Islamique – Brigade Badr). Il a été torturé  puis pendu. Très ouvertement critique contre l’occupation, il était  l’éditeur du journal Al Mustaqila dont le siège avait été récemment mis à sac et qui fut finalement interdit pour avoir dénoncé l’occupation et ses milices[48].
  28 août 2010 : Le BRussells Tribunal reçoit le courrier électronique suivant : « Je voudrais ajouter le nom de mon ami très proche Dr. Samer Saleem Abbas,  abattu à bout portant dans sa clinique privée par un homme armé d’un  pistolet à silencieux, qui a froidement annoncé aux patients : « Inutile  d’attendre ou de rester dans la clinique, votre médecin est mort ! » Le  Dr. Samer a été abattu de 5 ou 6 balles, dont une dans la bouche… Il a  été tué un stylo à la main. Il était spécialiste en radiologie et  Président du département de radiologie de la section chirurgicale  Al-Jerahat  de la Cité de la Médecine, à Bagdad. Nous avons donné son nom à  l’amphithéâtre de son département. Nous discutions ensemble et rêvions  de donner une nouvelle impulsion à la radiologie en Irak après la  guerre. J’espère sincèrement que ces informations vous seront  suffisantes pour rajouter son nom à votre liste ».  
  On ne voit toujours pas la fin de cette  campagne d’assassinats systématique des meilleurs et les plus brillants  cerveaux d’Irak. Il semble que près de 40% des Irakiens de classe  moyenne avaient déjà fui le pays vers la fin de 2006. La situation n’a  fait qu’empirer depuis, bien que la proportion de départs semble  diminuer progressivement. Les actions visant à stopper et inverser cette  fuite de cerveaux demeurent indispensables. Pour la plupart des  observateurs hélas, force est de constater que le gouvernement ne prend  aucune mesure concrète susceptible de créer les conditions nécessaires  au retour en Irak des classes moyennes éduquées. Privé de classes  moyennes, l’Irak n’a aucun avenir viable.
 Sources : Dirk Adriaensens, brussellstribunal.org
        [1]  Roy Greenslade,   Press Gang : How Newspapers Make Profits From Propaganda,   revised ed.,  London, Pan Books, 2004.     Voir aussi “Time to Judge the  Iraq Pundits”    http://www.buzzle.com/editorials/4-...
        [2] “Gates : Iraq outcome 'will always be clouded by how it began'”, 1er septembre 2010,    http://www.mcclatchydc.com/2010/09/...
        [3] “As U.S. combat role ends in Iraq, new commander takes charge”,  1er septembre 2010,    http://www.mcclatchydc.com/2010/09/...  
        [4]   “Iraq's ignored minorities face extinction - new MRG report”, 26 février 2007,    http://www.minorityrights.org/682/p...
        [5] Mission accomplished ?   Not for the Iraqi people, 27 juin 2010,    http://www.sfgate.com/cgi-bin/artic...
        [7] “The Iraq withdrawal : An Orwellian success”, 15 août 2010,  
http://www.salon.com/news/iraq_war/index.html?story=%2Fnews%2Ffeature%2F2010%2F08%2F15%2Firaq_withdrawal_success
http://www.salon.com/news/iraq_war/index.html?story=%2Fnews%2Ffeature%2F2010%2F08%2F15%2Firaq_withdrawal_success
        [8] “UNHCR concerned at continuing deportations of Iraqis from  Europe”, 3 septembre 2010, 
http://www.unhcr.org/4c80ebd39.html
http://www.unhcr.org/4c80ebd39.html
        [9]   “Iraq Today : Afflicted by Violence, Devastation, Corruption, and Desperation”, 27 avril 2010,     http://sjlendman.blogspot.com/2010/...  
        [10]   “Corruption In Iraq May Account for More Than 1/3 of the Total Cost of the US-Iraq Occupation”, 15 avril 2008,     http://www.americanchronicle.com/ar...
        [11]   “AP IMPACT : US wasted billions in rebuilding  Iraq”, 29 août 2010,
http://news.yahoo.com/s/ap/20100829/ap_on_bi_ge/ml_iraq_us_reconstruction_legacy
http://news.yahoo.com/s/ap/20100829/ap_on_bi_ge/ml_iraq_us_reconstruction_legacy
        [13] “US 'fails to account' for  Iraq reconstruction billions”, 27 juillet 2010, 
http://www.bbc.co.uk/news/world-south-asia-10774002
http://www.bbc.co.uk/news/world-south-asia-10774002
        [14]   “Iraq starts construction of security wall around  Baghdad”, 4 mai 2010,
http://www.twocircles.net/2010may03/iraq_starts_construction_security_wall_around_baghdad.html
http://www.twocircles.net/2010may03/iraq_starts_construction_security_wall_around_baghdad.html
        [15] “Quality of Living worldwide city rankings 2010 – Mercer survey”, 26 mai 2010,  http://www.mercer.com/qualityoflivingpr
        [16] “The truth about the 'end of combat operations' », 22 août 2010,
http://www.michaelmoore.com/words/mike-friends-blog/truth-about-end-combat-operations
http://www.michaelmoore.com/words/mike-friends-blog/truth-about-end-combat-operations
        [17]   “State of the World's Cities 2010/2011 - Cities for All : Bridging the Urban Divide”,
http://www.unhabitat.org/content.asp?cid=8051& ;catid=7&typeid=46&subMenuId=0
http://www.unhabitat.org/content.asp?cid=8051& ;catid=7&typeid=46&subMenuId=0
        [18]   “What You Will Not Hear About Iraq”, 20 août 2010,
http://www.fpif.org/articles/what_you_will_not_hear_about_iraq
http://www.fpif.org/articles/what_you_will_not_hear_about_iraq
        [19] “A local dilemma or US design ?”, 22 juillet 2010,   http://www.bitterlemons-international.org/inside.php?id=1292
        [20] “Chalabi aide arrested on suspicion of Baghdad bombings”,  28 août 2010,  http://www.mcclatchydc.com/2008/08/28/51031/chalabi-aide-arrested-on-suspicion.html
        [21]   “Obama Declares an End to Combat Mission in  Iraq”, 31 août 2010,     http://www.nytimes.com/2010/09/01/w...
        [22] “Speech Defect : Emissions of Evil From the Oval Office”, 1er septembre 2010,
http://chris-floyd.com/articles/1-latest-news/2016-speech-defect-emissions-of-evil-from-the-oval-office.html
http://chris-floyd.com/articles/1-latest-news/2016-speech-defect-emissions-of-evil-from-the-oval-office.html
        [23]   “US Wants Iraq to Pay Bill for War Victims”, 12 août 2010,    http://abcnews.go.com/International...
        [24] “The true cost of the  Iraq war : $3 trillion and beyond”, 5 septembre 2010,
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/09/03/AR2010090302200.html
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/09/03/AR2010090302200.html
        [25] “Middle East Loses Trillions As U.S. Strikes Record Arms Deals”, 3 septembre 2010,
http://rickrozoff.wordpress.com/2010/09/03/middle-east-loses-trillions-as-u-s-strikes-record-arms-deals/
http://rickrozoff.wordpress.com/2010/09/03/middle-east-loses-trillions-as-u-s-strikes-record-arms-deals/
        [26] “Iraq police, protesters clash over power shortages”, 22 août 2010,  http://alertnet.org/thenews/newsdesk/LDE67L04Z.htm 
        [27] “Iraq electricity minister resigns after deadly protests”, 21 juin 2010,     http://www.bbc.co.uk/news/10371581   
        [28] “Iraq : Minister closes all union offices in Saddam-style move”, 14 août 2010,     http://www.ahewar.org/eng/show.art....   
        [30] “Iraq’s Top Ten Salaries… And The Best Pension in The World, I guess”, 9 juin 2010,     http://blogs.mcclatchydc.com/iraq/2...   
        [31] “U.S. forces still in fight at end of  Iraq combat mission”, 1er septembre 2010,    http://www.salon.com/news/feature/2...   
        [32] “Outgoing U.S. Envoy Defends Iraq Progress”, 11 août 2010,    http://www.npr.org/templates/story/...  
        [33] “The Iraq withdrawal : An Orwellian success”, 15 août 2010,  
http://www.salon.com/news/iraq_war/index.html?story=%2Fnews%2Ffeature%2F2010%2F08%2F15%2Firaq_withdrawal_success
http://www.salon.com/news/iraq_war/index.html?story=%2Fnews%2Ffeature%2F2010%2F08%2F15%2Firaq_withdrawal_success
        [34] “More than 5,000 airmen will remain in  Iraq”, 24 août 2010,
http://www.airforcetimes.com/news/2010/08/MONDAYair-force-iraq-5800-airmen-remain-082310w/
http://www.airforcetimes.com/news/2010/08/MONDAYair-force-iraq-5800-airmen-remain-082310w/
        [35]   “The US isn't leaving  Iraq, it's rebranding the occupation”, 4 août 2010,     http://www.guardian.co.uk/commentis...   
        [36]   “Pentagon tries to steer media coverage on  Iraq”, 25 mai 2010,  
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/05/24/AR2010052403839.html
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/05/24/AR2010052403839.html
        [37] “A Combat Brigade Leaves ; U.S. War of Terror Against Iraq Continues”, 19 août 2010,
http://www.worldcantwait.net/index.php/home-mainmenu-289/6594-a-combat-brigade-leaves-us-war-of-terror-against-iraq-continues
http://www.worldcantwait.net/index.php/home-mainmenu-289/6594-a-combat-brigade-leaves-us-war-of-terror-against-iraq-continues
        [38] “In Baghdad, U.S. Officials Take Note of Milestone”, 1er septembre 2010,
http://www.nytimes.com/2010/09/02/world/middleeast/02iraq.html?_r=2
http://www.nytimes.com/2010/09/02/world/middleeast/02iraq.html?_r=2
        [40] « Iraq Index », 1er septembre 2010,  http://www.brookings.edu/ /media/Files/Centers/Saban/Iraq%20Index/index.pdf 
        [46] “Ignorance of Iraqi death toll no longer an option”, 22 septembre 2007,  http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticle& ;code=ROB20070922&articleId=6848
        [47] “Iraqi deaths survey 'was robust'”, 26 mars 2007,   http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/politics/6495753.stm