Eric Walberg  
En  dépit de la main mise des lobbys israéliens sur les politiciens et les  parlements européens, il y a eu dernièrement quelques réactions  officielles de protestation contre les colonies israéliennes illégales  étonnamment courageuses.
Les visites des maires israéliens en Espagne  et aux Pays-Bas ont été annulées en septembre dernier parce que la  délégation incluait des leaders des colonies israéliennes illégales de  Cisjordanie occupée.
La visite de trente Maires israéliens aux Pays-Bas avait été organisée par la branche israélienne de l’American Jewish Joint Distribution Committee (JDC) après que l’organisation municipale espagnole ait annulé une visite à cause de l’attaque israélienne sur la flottille de la paix pour Gaza.
La conférence hollandaise devait être reçue par l’Association des Municipalités Hollandaises (VNG) qui se trouve à La Haye.  Le but du voyage était officiellement de mieux connaître le système de  fonctionnement hollandais des autorités locales, régionales et  nationales, mais en réalité, ces visites officielles sont un subterfuge  israélien pour obtenir la reconnaissance dans les faits des colonies  illégales.
Le JDC et l’Union des Autorités Locales d’Israël ont  essayé d’organiser la visite par l’intermédiaire de l’Ambassade  hollandaise de Tel Aviv en incluant les Maires des colonies cisjordaniennes de Beit Aryeh, Har Adar, Kiryat Arba, Oranit, Beit El,  Efrat et Elkana, mais quand ils l’ont appris, VNG a dit qu’ils  refuseraient d’accueillir la délégation si elle contenait des maires de  l’occupation. "Quand ils nous ont demandé la liste, nous avons compris que nous avions un problème" nous a dit le leader du Conseil d’Efrat Oded Revivi bien que le JDC ait organisé des voyages similaires au Danemark, en France et en Chine.
Le Comité National du BDS palestinien souligne qu’il il a  plus de 150 colonies en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est,  dans lesquelles vivent 475 000 colons sur plus de 40% de la Cisjordanie.  Suite à la décision de VNG d’annuler la visite, le Ministre des  Affaires étrangères hollandais Maxime Verhagen fut attaqué par l’aile droite du parlement hollandais. Geert Wilders leader du Parti de la Paix exigea que Verhagen contraigne VNG à recevoir la délégation comme cela  avait été programmé. Le ministre pro-israélien Verhagen a soutenu VNG à  la grande surprise du Parlement et a reconnu que les colonies  israéliennes violaient le droit international.
VNG a fait la même chose dans les années 90, en encourageant les villes hollandaises à soutenir le mouvement anti-apartheid d’Afrique du Sud  alors que le gouvernement du pays rechignait à le faire. Amsterdam a  proclamé qu’elle était une "ville anti-apartheid" en boycottant l’Afrique du Sud  et en accueillant le représentant en Hollande de l’ANC. Par sa position  de principe actuelle, VNG montre à nouveau, à des politiciens  généralement timorés comme Verhagen, la voie de la résistance à  l’apartheid israélien.
L’entrée d’Israël dans l’Organisation pour la  Coopération Economique et le Développement (OCDE) a été un coup d’éclat  pour ce pays, étant donné l’invasion de Gaza et le développement  incessant des colonies. L’entrée dans l’Union européenne par la porte de  derrière a été rapidement mise à profit par Israël pour essayer  d’obtenir la reconnaissance de fait de Jérusalem comme sa nouvelle  capitale en accueillant la Conférence de l’OCDE sur le Tourisme dans la  partie Ouest de Jérusalem en octobre dernier.
Cependant, cela  échoua puisque 11 pays ont boycotté la Table Ronde de Haut Niveau  plutôt que d’accorder la reconnaissance tant désirée, y compris la  Norvège, le Canada, la GB, la Suède, l’Islande, la Turquie et l’Afrique du Sud. D’autres pays ont seulement envoyé des délégations de niveau subalterne : un employé du Bureau Grec d’Information de Tel Aviv  pour la Grèce et un statisticien pour le Danemark. La République  Tchèque fut le seul pays d’Europe à envoyer un représentant politique.  Lé délégation suédoise à l’OCDE a indiqué que le boycott de la  Conférence était conforme à la politique de l’UE sur le statut de  Jérusalem.
Le point de rupture a été quand le ministre israélien du Tourisme Stas Misezhnikov  s’est vanté à la presse que cette réunion - la première à avoir lieu en  Israël depuis que ce pays était membre de l’OCDE - prouvait que les  membres de l’OCDE reconnaissaient Jérusalem comme la capitale indivisible d’Israël. Dans une lettre extrêmement claire au Premier Ministre Benjamin Netanyahu, le Secrétaire Général de l’OCDE, Angel Gurria a qualifié ces paroles de "contraires à la réalité et tout à fait inacceptables".
Même les chauffeurs utilisés pendant cette funeste Table Ronde, pour faire visiter les lieux saints aux délégués provoquèrent la fureur  quand il apparut qu’ils appartenaient au Conseil Régional extrémiste de  Mateh Binyamin qui a construit et contrôle plus de 42 colonies en  Cisjordanie.
Ceux qui critiquent l’entrée d’Israël dans l’OCDE  affirment que Israël ne répond pas aux normes pour être membre du point  de vue économique ni en ce qui concerne le respect des droits de l’homme  et que les pays de l’OCDE qui l’ont accepté l’ont fait en violation de  leur propres engagements aux Conventions de Genève. Les données  israéliennes qu’Israël a soumis à l’OCDE contiennent sans vergogne des  informations concernant des colonies illégales d’Israël en Cisjordanie  qui reviennent à une acceptation implicite par l’OCDE de l’occupation  israélienne.
Le Comité National du BDS a qualifié le boycott de la  Table ronde de "condamnation claire du continuel nettoyage ethnique  qu’Israël conduit en Palestine". Le coordinateur du BDS, Hind Awwad, a  dit que le fait que "des pays comme le Canada et la GB qui sont  traditionnellement des défenseurs inconditionnels de l’apartheid, de la  colonisation et de l’occupation auxquels se livre Israël aient refusé de  venir à la Conférence est le signe d’une évolution significative."
Ce scandale  confirme qu’il est impossible d’avoir à faire à Israël sans être  complice de son occupation des territoires palestiniens et de ses  violations quotidiennes des lois internationales et des droits de  l’homme, ce qui force jusqu’aux pays occidentaux les plus pro-israéliens  à se joindre à la compagne de boycott en dépit de leur condamnation  officielle de cette même campagne.
Ce n’est pas seulement le gouvernement israélien qui est  coupable mais toutes les organisations israéliennes, spécialement les  universités, qui collaborent avec l’occupation par le canal de la  recherche. Cela  a incité 200 universitaires de 14 universités sud africaines à soutenir  le mois dernier la décision de l’université de Johannesburg de mettre  fin à sa collaboration avec l’université de Ben Gourion dans le Negev.  « En tant qu’universitaires nous sommes conscients que tout notre  travail académique s’insère dans des contextes sociaux beaucoup plus  larges - en particulier dans des institutions qui sont engagées dans la  transformation sociale. Les institutions sud africaines sont dans  l’obligation de remettre en cause des liens formés à l’époque de  l’Apartheid avec d’autres institutions qui ferment les yeux sur  l’oppression raciale au nom du travail "purement académique" ou  "scientifique" ».
Le Conseil de Recherche en Sciences Humaines de l’Afrique du Sud,  suite à une enquête ordonnée par le gouvernement sud africain en 2009, a  publié un rapport qui confirme que le racisme structurel et  l’oppression imposés par Israël au jour le jour constituent bien un régime d’apartheid et de colonisation comparable à celui qui a été mis en place en Afrique du Sud.
En dépit de l’influence du puissant lobby des Amis  d’Israël sur les trois partis anglais et de la fragile coalition  anglaise, le 3 novembre, un autre Hague (la Haye) a pris l’Europe par surprise. Cette fois il s’agit du secrétaire d’état aux Affaires Etrangères britannique, William Hague, qui a défié Israël en rencontrant des militants israéliens et palestiniens qui luttent contre le Mur à Bitunia au sud de Ramallah, un endroit qui surplombe la prison d’Ofer dans laquelle sont enfermés de nombreux militants.
"Quand les négociations semblent n’être qu’une promesse  jamais tenue à cause du refus d’Israël d’accepter une solution juste, la  résistance populaire à l’Occupation est la seule alternative qui reste  aux Palestiniens pour obtenir justice et éviter la lutte armée" a dit Hague pour encourager les militants à qui il a promis le soutien du gouvernement anglais dans leur combat.
Eric Walberg est un journaliste qui a travaillé en Uzbekistan et qui écrit maintenant pour le quotidien Al-Ahram au Caire. http://ericwalberg.com/
publié par Dissident voice
et en français par le Grand Soir
Traduction : D. Muselet
Titre modifié : CL, Afps