Drien Vanden Boer
Palestine Monitor
Palestine Monitor
          Nabeel se réveille tous les jours à cinq heures du matin pour  partir au travail. Il part à pied rejoindre des amis et des collègues de  travail dont certains n’ont pas plus de 10 ans, pour aller à la colonie  illégale de Tomer.         
Des enfants vont travailler dans la colonie juive de Tomer - Photo : Stop the Wall
Il a 13 ans, il habite dans un village de la Vallée du Jourdain qui s’appelle Al Fassayil. Nabeel n’a pas d’autre choix.
Le travail des enfants (palestiniens NdT) est un grave  problème dans la Vallée du Jourdain. En 2008, le Bureau Palestinien  Central des Statistiques a recensé plus de 7000 enfants de 5 à 17 ans  qui y travaillent, la plus grande proportion de tous les Territoires  Occupés de Palestine. Et depuis ce chiffre a augmenté.
Les statistiques sont en dessous de la réalité car  beaucoup d’enfants (palestiniens NDT) qui travaillent au noir dans les  colonies ne sont pas recensés. Ce manque d’information rendrait le  problème difficile à solutionner même si la volonté politique de le  résoudre existait.
L’âge légal du travail en Palestine a récemment été  porté de 14 à 16 ans, mais ce changement ne s’est pas matérialisé sur le  terrain. Les colons contournent la loi en sous-traitant le recrutement  de sorte qu’ils n’ont pas de relation directe avec les mineurs qui n’ont  aucun statut officiel d’employés ni aucuns droits. Mais cela n’empêche  pas les colons d’être parfaitement au courant que des enfants  travaillent dans leurs champs.
En 2007, le Ministre Israélien du Commerce et de  l’Industrie a étendu la loi sur le salaire minimum aux Palestiniens  employés dans les colonies juives mais cette loi n’est pas appliquée.  Tandis que le salaire minimum en Israël est de 5,51 dollars, les  Palestiniens qui travaillent dans les colonies gagnent 2 dollars l’heure  et parfois moins. Pour une journée de huit heures avec seulement une  demi-heure de pause, ils reçoivent environ 55 ou 60 shekels (15-16 $).  Les enfants qui travaillent n’ont pas d’assurance et n’ont droit à  aucunes vacances ni arrêt de travail en cas de maladie. Ils travaillent  souvent sur des chantiers de construction qui ne répondent pas aux  normes israéliennes de santé et de sécurité. Des accidents se produisent  fréquemment et les victimes, qui ne bénéficient d’aucune protection  sociale, sont simplement mises dehors.
Youssef est le directeur de l’école de Fasayil. Il me  parle de son neveu qui fut gravement blessé suite à un accident avec un  tracteur dans une colonie. Comme son employeur ne l’avait pas assuré et  que le tracteur n’était pas non plus assuré il n’a eu droit à aucune  indemnité. Sa famille a reçu une facture d’hôpital de 10 000 shekels.  C’est seulement grâce "à la forte solidarité qui unit les familles du  village" qu’ils ont pu payer les frais d’hôpital sans être complètement ruinés.
Bien que le problème de l’emploi des enfants dans les  colonies des Territoires Occupés soit crucial, il y a peu  d’organisations humanitaires qui s’en préoccupent. Iman Nijem, une des  responsables des activités de Save the Children  Angleterre, nous a dit que son ONG est la seule à s’occuper du problème  en Palestine et cela ne fait qu’un an qu’ils se sont attaqués à la  question.
Iman pense que l’occupation est responsable du  développement catastrophique du travail des enfants. Dans la Vallée du  Jourdain les Palestiniens sont soumis à des restrictions de déplacement  particulièrement draconiennes parce que les colonies couvrent environ  50% du territoire sans compter les Zones Militaires fermées et les  "réserves naturelles" qui rongent aussi les terres palestiniennes. Les  colonies se sont aussi approprié la plus grande quantité de l’eau n’en  laissant que vraiment très peu à l’agriculture palestinienne.
Comme la production palestinienne est handicapée et que  les adultes ne peuvent pas gagner leur vie, les enfants sont la  solution. Les envoyer travailler dans les colonies permet à leurs  familles d’échapper à la pauvreté absolue même si leur travail au rabais  fait progresser l’expansion des colonies qui étranglent la population  palestinienne. Ce moyen de survivre sur le court terme engendre  davantage de souffrances sur le long terme.
Il n’y a pas que dans les colonies de la Vallée du  Jourdain que les enfants travaillent. Des sous-traitants du sud de  Hébron ont été poursuivis cette année pour avoir introduit  clandestinement des enfants la nuit dans des colonies pour travailler  sur des chantiers de construction et dans les champs. Les employeurs  eux-mêmes n’ont pas été condamnés.
Le système légal facilite l’emploi d’enfants. Dans le  secteur C des territoires occupés c’est l’armée israélienne qui fait la  loi et elle rechigne à poursuivre les colons israéliens. Le Ministre du  Commerce et de l’Industrie, qui devrait normalement inspecter les  colonies de Cisjordanie ne le fait presque jamais, sous prétexte qu’il  n’en a pas les moyens.
Save the Children voudrait  développer un système de supervision des enfants d’agriculteurs. En  coopération avec les Ministère du Travail et des Affaires Sociales de  l’Autorité Palestinienne, l’organisme tente de mettre en place un  système de surveillance des enfants pour veiller à ce qu’ils ne soient  pas employés à des travaux dangereux et qu’ils n’abandonnent pas  l’école. Le projet comprend une formation professionnelle pour les  enfants et des cours de sensibilisation pour les parents. Un programme  similaire qui devait commencer en 2003 a du être interrompu par manque  de financement.
Il faut espérer que ce nouveau projet mettra enfin en  lumière les abus continuels et inadmissibles dont sont victimes les  enfants palestiniens.
Pour en savoir plus sur the Jordan Valley Solidarity group : www.jordanvalleysolidarity.org
30 octobre 2010 - The Palestine Monitor - Pour consulter l’original : 
http://www.palestinemonitor.org/spi...Traduction : Dominique Muselet
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