Les premières tentatives d’installation du nucléaire au       Moyen-Orient se sont heurtées aux desseins israéliens.
Il       est sans doute nécessaire de procéder à un retour dans       l’Histoire pour évoquer la question de l’acquisition de la       technologie nucléaire au Moyen-Orient. Celle-ci n’est pas       nouvelle. Dès les années 1960 et 1970, plusieurs pays se       sont engagés dans le développement de programmes nucléaires       civils, soutenus par plusieurs Etats occidentaux, dont la       France et les Etats-Unis. L’Iran du Shah s’est ainsi engagé       très tôt dans des programmes de recherche nucléaire.       Adhérant immédiatement à l’Agence internationale de       l’énergie atomique, Téhéran a rejoint le TNP en 1970, et a       créé, en 1974, l’Organisation pour l’énergie atomique de       l’Iran. Le pays s’est ensuite engagé dans le développement       de capacités nucléaires à finalités civiles, autour de la       construction d’une première centrale, à Bouchehr. Mais la       chute du Shah marquera l’abandon pour plusieurs années de       ces velléités nucléaires, avant leur retour à l’avant-scène       en 2002 et les questions que l’on sait maintenant sur le       nucléaire iranien.       
            L’Arabie saoudite, de son côté, s’est engagée dans un       programme moins avancé que l’Iran, autour d’installations       nucléaires limitées, telles que le département d’ingénierie       nucléaire de l’Université King Abdul-Aziz fondée en 1977, et       l’Institut de recherches sur l’énergie atomique, créé en       1988. 
            Enfin, plusieurs autres Etats du Moyen-Orient ont également       tenté de développer leurs propres capacités nucléaires.       Cependant, ces différents programmes sont restés largement       léthargiques, voire inaboutis, du fait de la fin de la       guerre froide, mais aussi de la baisse d’intérêt du       nucléaire, après les accidents de Three Mile Island et de       Tchernobyl. 
            Israël, un nucléaire militaire
            Quant au programme israélien, il date de 1954, il a débuté       en étroite collaboration avec la France qui cherchait aussi       à se doter de l’arme nucléaire. Une centrale nucléaire de 24       MW a été construite à Dimona, dans le désert du Néguev au       sud du pays. Au sein du pouvoir israélien, Shimon Pérès,       directeur général du ministère de la Défense à l’époque, se       voit confier la conduite de ce programme très secret et       s’implique particulièrement dans l’achat d’armes. « La       coopération avec la France a cessé entre 1961 et 1963, avec       le retour du général De Gaulle au pouvoir », raconte Pierre       Razoux, auteur d’un ouvrage intitulé Tsahal, nouvelle       histoire de l’armée israélienne, publié aux éditions Perrin.      
            Les Américains ont alors pris le relais, en demandant à       Israël de maintenir l’ambiguïté sur cette question. A la       veille de la guerre des Six Jours, en juin 1967, les       premières armes nucléaires deviennent opérationnelles au       sein de Tsahal. L’Etat hébreu va ensuite coopérer avec       l’Afrique du Sud, en réalisant vraisemblablement un essai       commun dans l’océan Indien en 1979. Puis, « après le traité       de paix avec l’Egypte, en 1977, les Etats-Unis ont aidé       Israël à se doter de la bombe H », affirme Pierre Razoux,       qui est un historien de l’Institut Français des Relations       Internationales (IFRI). Il a écrit plusieurs ouvrages sur       les conflits contemporains. 
            En 1986, un physicien pacifiste de la centrale de Dimona,       Mordechai Vanunu, avait fait des révélations sur le       programme de son pays. Enlevé à Rome par les services       secrets israéliens, il a été condamné à dix-huit ans de       prison et libéré en 2004. Israël peut tout se permettre.      
            Pour le rappeler, il suffit d’évoquer le cas de l’Iraq et       son réacteur nucléaire d’Osirak au sud-est de Bagdad. Les       pays arabo-musulmans avaient renoncé à s’investir dans ce       domaine. Or, bien qu’Osirak ait été construit par la France,       il fut officiellement dédié à des recherches expérimentales       civiles.       Israël a       bombardé le site en juin 1981.