Francis A. Boyle - Dissident Voice
          Il est temps que les Palestiniens adoptent cette nouvelle  stratégie que je leur recommande respectueusement de bien vouloir  étudier : Ne plus rien signer et attendre qu’Israël s’effondre ! Il y a  peu, on a entendu dire que la CIA américaine a prédit l’effondrement  d’Israël dans les 20 ans qui viennent. Mon conseil respectueux aux  Palestiniens est de laisser Israël s’effondrer !         
Manifestation du mouvement Hamas - Mai 2008
Le 5 novembre 1988, le Conseil national de Palestine  (PNC) réuni à Alger publiait la Déclaration palestinienne d’Indépendance  qui créait l’Etat indépendant de Palestine. Aujourd’hui l’Etat de  Palestine est reconnu bilatéralement de jure par environ 130 états. La  Palestine a la reconnaissance diplomatique de facto de la plus grande  partie de l’Europe. C’est seulement l’importante pression diplomatique  des USA qui a empêché les Etats européens d’accorder à la Palestine la  reconnaissance diplomatique de jure.
La Palestine est membre de la Ligue arabe et de  l’Organisation de la Conférence islamique. Quand la Cour de justice  internationale de La Haye - la soi-disant Cour mondiale de  l’organisation des Nations unies - a mené les procédures légales sur le  Mur d’apartheid d’Israël en Cisjordanie, la Cour mondiale a invité  l’Etat de Palestine à participer aux débats. En d’autres termes, la Cour  internationale de justice reconnaît l’Etat de Palestine.
La Palestine a le statut d’Etat observateur auprès de  l’ONU et essentiellement tous les droits d’un membre de l’ONU sauf le  droit de vote. Dans les faits la Palestine est membre de facto de l’ONU.  La seule chose qui empêche la Palestine d’avoir la reconnaissance de  jure est la menace implicite d’un veto des USA au Conseil de sécurité de  l’ONU qui serait clairement illégal. Un jour la Palestine sera un Etat  membre de l’ONU à part entière.
Du point de vue de l’ordre mondial, la Déclaration  d’indépendance de la Palestine a créé une occasion remarquable de faire  la paix avec Israël parce que par là même le PNC acceptait explicitement  la Résolution 181(II) de 1947 sur la partition de la Palestine décidée  par l’Assemblée générale de l’ONU qui instituait un Etat juif et un Etat  arabe dans la Palestine sous mandat britannique ainsi que  l’administration internationale de la ville de Jérusalem, pour résoudre  le conflit de base :
En dépit de l’injustice historique que constitue pour le  peuple palestinien la Résolution 181(II) de 1947 qui a divisé la  Palestine en deux Etats, un arabe et un juif, en les privant du droit à  l’autodétermination et en provoquant leur dispersion, c’est toutefois  cette résolution qui assure la légitimité internationale qui garantit au  peuple arabe palestinien son droit à la souveraineté et à  l’indépendance nationale.
L’importance de l’acceptation du PNC de la Résolution  sur la partition dans le cadre de la Déclaration d’indépendance est  capitale. Auparavant, la Résolution sur la partition avait été  considérée par le peuple palestinien comme un acte criminel perpétré  contre eux par l’ONU en violation flagrante de leur droit fondamental à  l’autodétermination tel qu’il est établi par la Charte de l’ONU et les  principes généraux du droit international publique. L’acceptation de la  Résolution sur la partition dans la Déclaration d’indépendance a révélé  le désir sincère des Palestiniens de mettre fin au terrible conflit du  siècle dernier qui les opposait au peuple juif illégalement implanté en  son sein afin de parvenir à un arrangement historique sur la base de  deux états.
Le fait même que l’acceptation de la Résolution 181 sur  la partition ait été mis en avant dans leur Déclaration d’indépendance  indique le degré de sincérité avec lequel les Palestiniens ont accepté  Israël. Cette acceptation se devait d’être déterminante, définitive et  irréversible. Comme le PNC le savait très bien à l’époque, leur  Déclaration d’indépendance n’était pas quelque chose qui pouvait être  amendé ni faire l’objet de marchandages.
Cependant, cela fait maintenant 22 ans que les  Palestiniens essaient en vain de négocier honnêtement avec Israël la  solution de deux Etats inscrite dans la Résolution 181. Ils n’ont abouti  à rien du tout. Israël n’a jamais manifesté la moindre bonne foi dans  les négociations pour une solution globale du conflit au Moyen-Orient  avec les Palestiniens sur la base de deux Etats. Même l’Accord d’Oslo de  1993 ne fut jamais qu’un arrangement bantoustan temporaire décidé par  les Israéliens pour une période de 5 ans et qui fut rejeté à Washington  par la délégation palestinienne pour les négociations de paix au  Moyen-Orient pour cette raison précise. Israël comme les USA veulent  maintenant entériner l’accord bantoustan d’Oslo de manière permanente et  dans la foulée supprimer le droit au retour des réfugiés palestiniens  que leur accorde la Résolution 194(III) de 1948 de l’Assemblée générale  de l’ONU et les principes généraux du droit international public.
A ce propos, peu de temps avant sa mort le 24 septembre  2007, j’ai appelé l’ancien chef de la délégation palestinienne des  Négociations de la paix au Moyen-Orient, Dr Haidar Abdul Shaffi chez lui  à Gaza pour faire le point de la situation avec lui. Selon le Dr  Haidar : "Les sionistes n’ont pas changé d’objectif depuis la conférence de Bâle de 1897 !"  En d’autres termes, les sionistes veulent un "plus grand" Israël sur  tout le territoire de la Cisjordanie mandataire en procédant, pour se  débarrasser des Palestiniens, à autant de nettoyage ethnique qu’ils  pensent que la communauté internationale peut tolérer.
Après 22 ans de négociations que n’ont mené nulle part,  mais qui au contraire ont permis l’érection du mur d’apartheid en  Cisjordanie et l’asphyxie de Gaza, il est temps que les Palestiniens  adoptent cette nouvelle stratégie que je leur recommande  respectueusement de bien vouloir étudier : Ne plus rien signer et  attendre qu’Israël s’effondre ! Il y a peu, on a entendu dire que la CIA  américaine a prédit l’effondrement d’Israël dans les 20 ans qui  viennent. Mon conseil respectueux aux Palestiniens est de laisser Israël  s’effondrer !
Si les Palestiniens signaient un traité de paix global  avec Israël, cela n’aboutirait qu’à consolider, renforcer et garantir  l’existence du sionisme et des sionistes en Palestine pour toujours.  Pourquoi les Palestiniens voudraient-ils faire une chose pareille ? Sans  l’accord écrit des Palestiniens, le sionisme et Israël vont  s’effondrer. Donc les Palestiniens ne doivent signer aucun accord de  paix pour le Moyen-Orient avec Israël, mais au contraire maintenir la  pression sur Israël pour que le sionisme s’effondre dans les 20 années  qui viennent comme l’a prédit la CIA. La comparaison historique adéquate  n’est pas l’Afrique du Sud de l’apartheid mais la Yougoslavie  génocidaire qui s’est effondrée en tant qu’Etat, a perdu son statut de  membre de l’ONU et n’existe plus en tant qu’Etat pour cette raison  précise.
L’évolution démographique est favorable aux Palestiniens  et défavorable aux sionistes. Le gouvernement des USA commence à se  lasser de donner un chèque en blanc à Israël car le soutien  inconditionnel qu’il lui procure nuit considérablement et même s’oppose à  l’objectif américain impérialiste de s’approprier par tous les moyens  les gisement de pétrole qui se trouvent sous les terres arabes et  musulmanes. Israël est handicapé, paralysé même par tellement de  conflits et de contradictions internes qu’il est impossible de les citer  tous ici.
De fait depuis le tout début de son existence née du  génocide sioniste de 1948, la Nakba, Israël a été l’exemple même de  l’Etat failli et il l’est resté. Israël n’aurait jamais existé sans le  soutien des puissances impériales coloniales occidentales au cours du  vingtième siècle. Et c’est toujours vrai. Sans le soutien politique,  économique, diplomatique et militaire fourni principalement par les USA  et dans une moindre proportion pas la Grande-Bretagne, la France et  l’Allemagne, Israël s’effondrerait immédiatement. La campagne de boycott  internationale (BDS) menée contre Israël réduit rapidement le soutien  des habitants de ces pays. Les atrocités commises par Israël contre les  Palestiniens et les Libanais ont révélé le vrai visage du sionisme au  monde entier : le génocide.
En fait Israël n’a jamais été un Etat ; c’est juste une  armée déguisée en Etat - un Etat Village Potemkine. Israël est  l’archétype de la Grande-Bande de voleurs que St Augustin décrit au  livre 4, chapitre 4 de "la Cité de Dieu" :
"Les royaumes sans justice sont  semblables aux grands voleurs. S’il n’y a pas de justice, que sont les  royaumes sinon des bandes de voleurs ? Car les bandes de voleurs ne  sont-elles pas de petits royaumes ? La bande est aussi un groupe  d’hommes gouvernés par un leader, qui ont des liens sociaux et qui se  partagent le butin selon les règles en vigueur chez eux. Si en ralliant  toujours plus d’hommes désespérés ce fléau grossit au point qu’il  réussit à conquérir un territoire et à s’y établir, à conquérir des  villes et à soumettre des gens, alors il peut prendre ouvertement le nom  de royaume et on lui donne ce nom non parce qu’il est devenu moins  cupide mais parce qu’il jouit de davantage d’impunité..."  Toutes les forces politiques, économiques, militaires, diplomatiques,  sociologiques, psychologiques et démographiques jouent en faveur des  Palestiniens et contre Israël et les sionistes en Palestine. Cela  prendra encore quelques années pour que ces forces deviennent  prédominantes et l’emportent. Mais le sombre destin de l’entreprise  sioniste en Palestine est écrit sur le mur et le monde entier - y  compris surtout la CIA - peut le lire. D’ailleurs de nombreux sionistes  qui vivent en Israël ont déjà préparé leurs parachutes, leurs plans de  sortie et leur destination d’atterrissage dans un autre endroit du  monde. Il n’y a pas de raison que les Palestiniens donnent aux sionistes  une seconde jeunesse en Palestine en signant un quelconque accord de  paix avec Israël.
Il est clair que le sionisme va bientôt entrer dans la  "poubelle" de l’histoire comme dit Trotsky avec tous les autres  mouvements nationaux en "isme" qui ont fait souffrir l’humanité au cours  du vingtième siècle : le nazisme, le fascisme, le francoïsme, le  phalangisme, le stalinisme, le maoïsme, etc. La seule chose qui pourrait  sauver le sionisme en Palestine, serait que les Palestiniens signent un  accord de paix soit-disant global pour le Moyen-Orient de quelque  nature que ce soit avec Israël. C’est exactement pour cette raison que  les Palestiniens ne doivent rien signer du tout et attendre qu’Israël  s’effondre tout seul au cours des deux prochaines décennies.
Depuis 1948, c’est à dire depuis 62 ans, des millions de  Palestiniens attendent dans des camps de réfugiés de pouvoir rentrer  chez eux. Ils peuvent attendre encore un petit peu qu’Israël s’effondre  au cours des 20 ans qui viennent. An contraire, si les Palestiniens  signent un accord de paix global avec Israël ils ne pourront jamais  rentrer chez eux comme leur en donne le droit la résolution 194 de 1948.  L’histoire et la démographie sont du côté des Palestiniens et les  Palestiniens sont contre Israël et le sionisme. Mais les Palestiniens  doivent donner un peu plus de temps à l’histoire et à la démographie  pour que Israël et le sionisme s’effondrent. Vingt ans, ce n’est qu’une  paille au regard de l’histoire millénaire du peuple palestinien qui est  le peuple originel de la Palestine. Dieu n’a aucun droit de voler la  Palestine aux Palestiniens et de donner la Palestine aux juifs pour  commencer. Et l’ONU avait encore moins le droit de voler la Palestine  aux Palestiniens pour la donner aux sionistes en 1947.
En attendant les Palestiniens doivent maintenir la  pression sur Israël, le sionisme et les sionistes en Palestine. Les  Palestiniens ont parfaitement le droit en vertu des lois internationales  de résister à un régime illégal, colonial, génocidaire et criminel  d’occupation armée de leur terres, de leurs maisons et de leur peuple  qui remonte à 1948, aussi longtemps qu’ils le font d’une manière  conforme au droit humanitaire international. En même temps les  Palestiniens doivent continuer à édifier leur Etat comme ils le font  avec succès depuis la première Intifada en 1987 sur la base du  commandement unifié de l’Intifada.
Sur le plan international les Palestiniens doivent  continuer leur offensive légale, diplomatique et politique contre  Israël. La Palestine a gagné beaucoup de terrain depuis le 15 novembre  1988 jour où le PNC a proclamé l’indépendance de la Palestine. La  Palestine va gagner de plus en plus le soutien international pendant les  deux prochaines décennies, en partie grâce à la campagne BDS qui  s’accélère et qui délégitimise Israël et le sionisme dans le monde  entier. Au même moment Israël va continuer son déclin jusqu’à devenir un  état paria comme la Yougoslavie génocidaire s’est effondrée et n’existe  plus en tant qu’état. Israël aura le même destin que la Yougoslavie  génocidaire à condition que les Palestiniens ne signent aucun accord  international de paix avec Israël.
Quand Israël s’effondrera la plupart des sionistes  seront déjà partis ou en train de partir vers d’autres pays du monde.  Les Palestiniens pourront alors demander que leur état occupe toute la  Palestine du mandat britannique, y compris la ville entière de Jérusalem  qui deviendra leur capitale. La Palestine pourra inviter tous ses  réfugiés à rentrer chez eux selon la résolution 194.
Il y aura des juifs qui resteront en Palestine,  volontairement ou non. La Palestine et les Palestiniens traiteront avec  justice les juifs qui seront restés. La Palestine et les Palestiniens ne  feront pas aux juifs ce que Israël, le sionisme et les sionistes ont  fait aux Palestiniens.
Les Palestiniens ne doivent rien signer et ils doivent laisser Israël s’effondrer de lui-même.
* Francis A. Boyle,  professeur de droit de l’université de l’Illinois,  a été conseiller  juridique de l’Organisation de Libération de la Palestine dans le cadre  de la Déclaration d’indépendance de la Palestine de 1988 ; de la  délégation palestinienne aux négociations de paix pour le M.O. de 1991 à  1993 ; et du Président Yasser Arafat. Il relate ces événements dans son  livre "La Palestine, les Palestiniens et le droit international" (Clarity Press, 2003). On peut le joindre à : FBOYLE [a] AW.UIUC.EDUP
5 octobre 2010 - Dissident Voice - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://dissidentvoice.org/2010/10/t...Traduction de l’anglais : D. Muselet