Al Jazeera
          Le cabinet adopte un projet d’amendement controversé exigeant  que les immigrants non juifs prêtent allégeance à "l’État juif et  démocratique"         
Lieberman et Netanyahu à la Knesset, se partageant les rôles... - Photo : AP
Cette formule a déclenché des accusations de racisme de  la part des hommes politiques arabes qui y voient une atteinte aux  droits de la minorité arabe du pays.
Ce langage à accru les tensions avec les Palestiniens  alors que les entretiens de paix sont bloqués parce qu’Israël refuse de  prolonger le moratoire sur la reprise des constructions dans les  colonies de Cisjordanie.
L’amendement a reçu le soutien d’Yisrael Beitenu, parti  ultranationaliste, dont le dirigeant, Avigdor Lieberman, a ouvertement  critiqué le gel israélien de la construction de colonies.
Le vote du cabinet de dimanche pourrait être une manière  d’atténuer l’opposition de Lieberman à la prolongation du  ralentissement des constructions, bien que les officiels aient nié qu’il  existe un lien.
Selon le correspondant de Al Jazeera à Jérusalem, Mike  Hanna, le projet deviendra une loi une fois qu’il aura été approuvé à la  majorité simple par la Knesset [Parlement].
La cour suprême d’Israël devra ensuite décider si le  nouveau libellé est en contradiction avec la loi fondamentale du pays,  a-t-il ajouté.
Division au cabinet
Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien, a donné son soutien au projet avant le vote.
« L’État d’Israël est l’État-nation du peuple juif tout  en étant un État démocratique pour tous ses citoyens » a-t-il dit. « Il  n’y a pas d’autre démocratie au Moyen-Orient. Il n’y a pas d’autre État  juif dans le monde. Malheureusement, il en est beaucoup qui essaient  d’estomper non seulement le rapport unique du peuple juif avec sa  patrie, mais aussi le rapport du peuple juif avec son État.
Parlant à Al Jazeera peu après le vote du cabinet,  Shmuel Sandler, professeur à l’université israélienne de Bar Ilan a  déclaré « vous pouvez rester, quelle que soit votre religion, quelle que  soit votre nationalité. Mais si vous voulez devenir un citoyen vous  devez prêter allégeance ».
Notre correspondant a toutefois dit : « certains ont  prétendu que cette loi nuira à la réputation d’Israël auprès de la  communauté internationale ».
La gauche israélienne a fait connaître sa forte  opposition à la loi sur la citoyenneté, bien que les travaillistes  fassent partie de la coalition du gouvernement Nétanyahou au pouvoir.
« Il y a des relents de fascisme aux marges de la  société israélienne » a dit dimanche à la radio militaire Isaac Herzog,  ministre des affaires sociales. « Il y a eu un tsunami de mesures qui limitent les droits.... Je le vois  dans les couloirs de la Knesset, dans les commissions et les  départements responsables de la législation ».
De même, Dan Meridor, membre du Likoud, a dit que la loi  exclurait 1,5 millions de Palestiniens qui sont citoyens d’Israël et  qu’elle créerait une rupture entre eux et l’État.
Critiques palestiniennes
Parlant depuis la ville de Ramallah en Cisjordanie, la  correspondante d’Al Jazeera, Nour Odeh , a dit « définir un État par  l’appartenance  religieuse ou ethnique de la majorité de ses citoyens  est sans  précédent ».
Si la loi était approuvée par la Knesset, ce seraient  les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza qui seront directement  touchés s’ils veulent épouser un(e) citoyen(ne) palestinien(ne)  citoyen(ne)  israélien(ne) ou s’ils sont déjà mariés et qu’ils attendent  leurs papiers.
Auparavant, Ahmad Tibi, membre arabe de la Knesset, a  dit à Al Jazeera que la loi visait les Palestiniens et non pas les  nouveaux émigrants juifs en Israël puisque ceux-ci arrivent déjà en  Israël en vertu de la loi juive du retour.
« Les Palestiniens seront obligés de dire que ce pays  est pour les juifs et qu’eux-mêmes ne sont que des hôtes. Si vous dites  que vous êtes démocratique, vous devriez traiter vos citoyens sur un  pied d’égalité » a dit Tibi.
Selon lui, Israël essayait d’imposer cette procédure à  l’Autorité palestinienne (AP) comme condition préalable aux entretiens  de paix.
Les entretiens de paix directs entre Israël et l’AP,  sous la direction de Mahmoud Abbas, sont actuellement dans l’impasse,  Israël refusant de prolonger le gel de 10 mois pour la construction de  colonies.
La reconnaissance d’Israël en tant qu’État juif est  l’une des principales conditions imposées par Netanyahu pour tout traité  de paix éventuel avec les Palestiniens.
Renonciation de fait
Les Palestiniens ont constamment rejeté la condition  imposée par Netanyahu car il s’agirait pour eux de renoncer en fait au  droit au retour des réfugiés palestiniens.
"La nouvelle loi sur la citoyenneté rendra  impossible  le retour dans leur patrie des réfugiés palestiniens et de leurs  descendants » a dit Marwan Bishara, analyste politique principal d’Al  Jazeera.
C’est la raison pour laquelle une telle loi anticipe sur  les négociations concernant  le statut final... Les réfugiés  palestiniens ne peuvent pas prêter allégeance à la légitimité d’un État  juif - cela équivaudrait en fait à prêter allégeance au sionisme qui les  a dépossédés ».
Le parti Yisrael Beitenu de Lieberman a fait campagne  pendant les élections de l’année dernière en faveur d’une version plus  dure du serment d’allégeance qui s’appliquerait aux Arabes nés en Israël  et inclurait la promesse de servir dans l’armée ou de faire un autre  service national.
Yisrael Beitenu est le deuxième parti en importance de la coalition au pouvoir après le Likoud, parti de Netanyahu.
                10 octobre 2010 - Al Jazeera - Cet article peut être consulté ici :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Anne-Marie Goossens
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Traduction : Anne-Marie Goossens