K. Selim - Le Quotidien d’Oran
 Barack Obama peut prétendre avoir relancé le « processus  de paix » entre Palestiniens et Israéliens. Il a quelques raisons  électorales de faire croire que cette fiction a une quelconque  substance. Car les négociations directes de Washington permettent  surtout de l’absoudre de l’accusation d’avoir « osé » tenter  d’influencer Israël.
 En l’occurrence donc, tout est dans l’ordre des choses.  Hillary Clinton a annoncé, le sourire aux lèvres, que son pays  n’exercerait aucune pression pour une solution. Or, même les « modérés »  arabes, si soucieux de la relation avec les USA, estiment que des  pressions sur Israël sont nécessaires pour avancer vers un compromis  déjà peu favorable aux Palestiniens.
 Ce qui se passe à Washington est la victoire manifeste  du lobby israélien qui peut se targuer d’avoir étouffé dans l’œuf les  velléités de Barack Obama d’imposer le principe minimaliste d’une  suspension de la colonisation des territoires occupés. Les Etats-Unis  peuvent à nouveau jouer le rôle de façade de « parrain impartial » du  processus de paix. L’engagement de ne pas déranger Israël étant acquis,  tout le reste est permis, c’est-à-dire rien.
 Benyamin Netanyahu a, lui aussi, de bonnes raisons de  faire mine de croire qu’un « processus de paix » est engagé. Pourquoi  s’en priverait-il, alors que grâce au lobby israélien à Washington, il a  eu gain de cause contre Barack Obama qui n’évoque plus la  colonisation ? Pourquoi Netanyahu bouderait-il son plaisir alors que ce  processus se déroule, comme il l’a exigé, sans « conditions  préalables » ?
 En indiquant la fin du moratoire sur la colonisation,  le Premier ministre israélien fait beaucoup mieux : il dicte ses  conditions. Il exige que le très faible Mahmoud Abbas accepte une autre  concession de taille : celle de reconnaître Israël comme un « Etat  juif ». Le chef de l’Autorité palestinienne, dont la légitimité est à  tous égards très discutable, est sommé de proclamer que les Palestiniens  de la diaspora n’auront pas le droit de retourner chez eux et  d’avaliser que ses concitoyens restés à l’intérieur des frontières de  1948 ne sont plus chez eux. Netanyahu a intérêt, malgré les opérations  du Hamas, à entretenir l’illusion d’un processus de paix dont la seule  logique est de trouver des Palestiniens assurant la cogestion de  l’occupation.
 Il existe, il faut bien le reconnaître, une étroite  base sociale palestinienne, composée d’une caste de nantis et de  quelques milliers de fonctionnaires qui vivent des aides financières  octroyées à l’Autorité de Ramallah. Si l’on voit parfaitement l’intérêt  de Barack Obama et de Benyamin Netanyahu à ces négociations en  trompe-l’œil, on ne voit pas où se trouve celui de Mahmoud Abbas. Lui et  son équipe d’éternels négociateurs savent qu’ils n’y a rien à espérer  de ces gesticulations. Pourquoi y souscrire ? Pour continuer à percevoir  les « aides » qui maintiennent une Autorité fictive et une police  palestinienne à la main très lourde ?
 Analysée en termes de bénéfices et de pertes,  l’attitude de Mahmoud Abbas et de son Autorité paraît strictement  irrationnelle. La seule explication possible est que les responsables de  Ramallah ont décidé d’aller à contrecourant de l’opinion majoritaire  des Palestiniens et de devenir, avec l’aide des Occidentaux et l’appui  des Etats de la région, un autoritarisme arabe de plus. Mais, comble de  l’absurde, un autoritarisme sans Etat.