Maxime Haubert
Au moment où reprennent les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, il est temps et même urgent que la France et l’Europe cessent de se contenter de paroles lénifiantes, de vaines déplorations ou au mieux d’admonestations destinées surtout à calmer leur mauvaise conscience .
Sans intervenir aucunement dans les négociations, et en se plaçant uniquement sur le plan des droits de l’homme (tels qu’ils sont énoncés notamment dans la Déclaration universelle adoptée par l’ONU) et du droit international (tel qu’il se concrétise notamment dans les différentes résolutions adoptées par l’ONU sur cette question), elles pourraient et même devraient réaffirmer solennellement les principes sans lesquels il ne peut y avoir de paix juste et donc durable.
Ces principes sont très peu nombreux, six à mon avis :
1) L’existence et la légitimité de deux Etats, israélien et palestinien.
2) La pleine souveraineté des deux Etats sur leurs territoires respectifs, tels que définis par la ligne de séparation jusqu’en 1967 (sans préjudice des échanges éventuels qu’ils pourraient librement décider), et cela dans tous les domaines (système institutionnel, ressources économiques, relations extérieures, etc.).
3) Le respect de la sécurité des deux Etats, dans le cadre de leur pleine souveraineté.
4) Le plein accès aux lieux saints des citoyens des deux Etats et plus généralement des fidèles des religions concernées, ce qui implique que ces sites bénéficient d’un statut particulier.
5) L’absence de discrimination juridique pour les populations juives établies en Palestine et pour les populations non-juives établies en Israël et la possibilité si elles le souhaitent d’acquérir la nationalité de l’Etat concerné, avec tous les droits qui y sont attachés.
6) Une indemnisation équitable des citoyens des deux Etats pour les dommages qu’ils auraient eu à subir en conséquence des conflits antérieurs.
Il n’y a rien dans les principes énoncés ci-dessus qui ne résulte directement des droits de l’homme et du droit des gens : comment donc douter qu’ils puissent faire l’objet d’un très large consensus, par-delà les orientations politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, les nationalités, les affinités pour l’un ou l’autre des deux peuples, etc. ?
On peut évidemment discuter sur leur nombre et sur leur formulation. Quel qu’en soit le libellé, l’important me paraît être que cette déclaration de principes soit faite de la façon la plus solennelle possible, que ce soit par les responsables des exécutifs nationaux ou européen, par les parlements nationaux ou européen, ou au moins par les dirigeants des formations politiques ou par des personnalités représentatives (comme cela avait été le cas pour l’appel lancé dans Le Monde le 22 juin 2009 par un groupe d’anciens dirigeants et anciens ministres européens).
Est-ce rêver ?
Maxime Haubert, professeur émérite, université Paris-I Panthéon-Sorbonne
ajout de note : CL, Afps