Abdel Bari Atwan
          Alors que le moratoire sur la construction des illégales  colonies israéliennes s’est terminée hier, c’est la fête dans les  colonies de Cisjordanie et de Jérusalem occupée.         
Les  constructions dans les colonies juives reprennent de plus belle en  Cisjordanie et à Jérusalem, après la fin d’un moratoire cependant peu  restrictif - Photo : AP/Bernat Armangue
Telle a été la réponse du gouvernement d’extrême-droite  de Benyamin Netenyahu aux efforts déployés par les États-Unis pour que  reprennent les pourparlers de paix entre les Palestiniens et les  Israéliens.
Les constructions ont repris dans toutes les colonies,  sans exception. Le gouvernement Netanyahu garde le silence, et  l’Autorité palestinienne [AP de Ramallah], son président et son  porte-parole restent invisibles comme s’il y avait un accord caché avec  leurs homologues israéliens pour ne pas faire de déclarations devant la  presse.
Le Dr Saeb Erekat, négociateur en chef palestinien -  bien connu pour son goût à être sous les feux des projecteurs - avait  souligné à plusieurs reprises dans des interviews télévisées que les  Palestiniens ne poursuivraient pas les négociations « même un seul  jour » si les Israéliens reprenaient la construction de colonies. Son  patron, l’ex-président Mahmoud Abbas, avait souvent répété que la paix  et la construction de colonies étaient diamétralement opposées.
L’AP dit vouloir consulter le Comité arabe pour  l’Initiative de paix (APIC) en ce qui concerne la prochaine étape face  au refus d’Israël de prolonger le moratoire. Il ne peut pas être exclu  que l’APIC émette une nouvelle fatwa obligeant l’AP à  poursuivre les négociations directes en vue de donner à  l’administration américaine la possibilité de répondre au refus  israélien, et « dévoiler » ainsi les intentions d’Israël devant le reste  du monde.
Mahir Ghunaym, un des ministres de l’AP, a parlé des  voies alternatives que l’AP pourrait suivre ; lorsqu’on lui a demandé de  préciser ce qu’il entendait par là, il a déclaré, entre autres  initiatives, la possibilité pour l’AP de se tourner vers le Conseil de  Sécurité des Nations Unies. Il n’a pas dit un seul mot sur l’Intifada ou  la résistance...
Dans une déclaration au journal Al-Hayat,  l’ex-président Abbas a déclaré qu’il consulterait les institutions  palestiniennes et arabes du Comité de suivi, en soulignant qu’il n’y  aura pas de retour à l’option « militaire » - il entendait l’Intifada -  car elle a causé trop de destructions.
Mais les institutions palestiniennes auxquelles le  Président Abbas se réfère ne sont plus disposées à se retrouver  impliquées. Le Comité exécutif de l’OLP a rejeté la reprise des  négociations directes, bien que Abbas ait affirmé avoir obtenu son  autorisation lors d’une réunion boycottée par plus de la moitié de ses  membres.
Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine  [FPLP], l’organisation la plus importante au sein du Comité exécutif de  l’OLP, a déclaré hier la suspension de son appartenance [à l’OLP] et,  par conséquent le boycott des réunions du Comité exécutif de l’OLP.  C’est ce qu’ont fait également un certain nombre de personnalités  indépendantes palestiniennes, pourtant soigneusement sélectionnées par  Abbas pour soutenir sa position.
La majorité du peuple palestinien a perdu confiance dans  l’Autorité palestinienne, laquelle n’a plus aucune crédibilité. Les  gens ne croient plus aux déclarations des responsables de l’AP, y  compris à celles d’Abbas lui-même qui revient sans cesse sur ses propres  déclarations et menaces.
Il a menacé qu’il ne participerait pas à des  négociations indirectes avec les Israéliens, mais il y est tout de même  allé. Puis il a insisté sur le fait qu’il ne voulait pas participer à  des négociations directes sans conditions bien établies et sans que des  progrès ne soient réalisés dans des négociations indirectes, mais pour  ensuite y participer sans qu’aucune de ses exigences ne soient  respectées.
Il a souligné dans plus d’une déclaration à la presse  qu’il ne négocierait pas un jour de plus si les Israéliens reprenaient  la construction dans les colonies, et maintenant il annonce qu’il va  poursuivre les négociations jusqu’à ce qu’il reçoive des directives de  l’APIC d’ici une dizaine de jours.
Abbas poursuivra les négociations directes car il ne  veut pas assister à l’explosion d’une Intifada ou à un renouveau de la  résistance. Il ne veut même pas envisager la dissolution de l’Autorité  palestinienne comme son porte-parole ainsi que le négociateur en chef  Saeb Erekat, avaient menacé de le faire si la construction de colonies  reprenait.
Que veut Abbas ? Se peut-il qu’il ne veuille que  s’accrocher au pouvoir, en conservant son fauteuil de chef de l’AP en  passe de se transformer en outil de l’occupation israélienne, réprimant  son propre peuple et protégeant les colons alors que ceux-ci continuent à  voler les terres palestiniennes, à incendier les fermes, à construire  plus que jamais de nouvelles habitations sur le territoire palestinien,  et achèvent la judaïsation de Jérusalem occupée ?
* Abdel Bari Atwan est  palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand  quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est  considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la  presse arabe.
                27 septembre 2010 - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction de l’anglais : Nazem
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