L’objectif de ces négociations est d’aboutir à un       accord-cadre censé mettre un terme au conflit       palestino-israélien. Sur quelles bases ? Les principes       communément admis par la communauté internationale sont       l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et viable       dans les frontières de juin 1967, y compris Jérusalem-Est,       le règlement de la question des réfugiés palestiniens       suivant les résolutions des Nations-Unies, le démantèlement       des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En       contrepartie, Israël obtient des garanties pour sa sécurité       et normalise ses rapports avec les pays arabes.
            Cependant, Tel-Aviv, bénéficiant de l’indulgence des grandes       puissances, n’entend pas, une fois de plus, souscrire à ces       principes susceptibles d’assurer une paix globale et juste,       donc durable. Le Quartette pour le Proche-Orient       (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Onu), qui a invité       les deux parties à reprendre les négociations directes, a       ainsi édulcoré sa position pour plaire au gouvernement de       Benyamin Netanyahu. Certes, le Quartette, dans sa       déclaration, a souligné que les négociations doivent mener à       un accord qui mette fin à l’occupation et aboutisse à la       constitution d’un Etat palestinien indépendant. Mais il       s’est contenté, concernant les colonies israéliennes, de       réaffirmer son engagement vis-à-vis de « ses précédentes       déclarations », dans lesquelles les grandes puissances       demandaient l’arrêt des constructions dans les colonies de       peuplement juif en Cisjordanie. La déclaration a évité ainsi       d’évoquer explicitement cette exigence, qui est rejetée par       le gouvernement d’Israël. Pire, la secrétaire d’Etat       américaine, Hillary Clinton, lorsqu’elle a invité les       parties palestinienne et israélienne à reprendre les       négociations, a totalement omis de souligner le moindre       principe de règlement, notamment l’arrêt de la colonisation,       laissant la part belle à Israël pour imposer ses choix.      
            Netanyahu entend bien le faire. Il serait, selon la presse       israélienne, déterminé à reprendre de plus belle la       construction à Jérusalem-Est et dans les blocs de colonies       en Cisjordanie, qu’Israël compte annexer à terme. Seule       concession mineure au grand allié américain : Netanyahu       envisage, sans l’annoncer publiquement, un « mini-gel » de       la colonisation, limité aux colonies isolées, après la fin       du moratoire de dix mois, le 26 septembre. 
            Les parrains internationaux des négociations directes       feignent d’ignorer que la détermination de l’Etat juif à      poursuivre la colonisation       empêche tout simplement d’atteindre le but principal des       pourparlers : l’établissement d’un Etat palestinien       indépendant et viable. 
            Les Palestiniens ne sont pas dupes. Ils sont conscients       qu’ils entament des négociations de paix dénuées de toute       base de succès. Mais ils gardent l’espoir que ces       discussions mènent finalement, grâce à l’engagement       personnel du président américain Barack      Obama, à quelque chose de       positif, ou du moins prouvent que c’est Israël qui bloque le       mouvement.
Hicham Mourad