Hazem Sahgieh
Si  les Américains se plient aux exigences de Nétanyahou, c’est parce  qu’Israël est redevenu une carte essentielle dans leur politique  moyen-orientale.
Il n’est pas exagéré de  penser que les modalités des futures négociations de Washington seront  conformes aux désirs du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou,  même si le passé récent a pu faire penser que le président Barack Obama  aurait souhaité qu’il en aille autrement. Ce triomphe des volontés  israéliennes s’explique par des facteurs qui relèvent de la vie  politique américaine : l’approche des élections de mi-mandat en novembre  prochain, mais aussi la conduite d’une guerre compliquée et coûteuse en  Afghanistan, le retrait des troupes d’Irak et l’aggravation de la crise  économique. Le tout dans le contexte d’une opposition acharnée des  républicains contre les réformes d’Obama.
Cela n’explique pas tout. D’autres éléments, liés à  d’autres facteurs, sont à prendre en considération. Les Israéliens, dont  les dirigeants actuels oscillent entre la vantardise et une approche  totalement sécuritaire, ont réussi à constituer une citadelle unie et  prête à toute éventualité. Ils ont obtenu l’arrêt des tirs de roquettes  du Hamas sur le front sud et la résolution 1701 de la part du Conseil de  sécurité, qui prend en charge la surveillance du front nord [face au  Hezbollah libanais], d’une stabilité exemplaire (à peine perturbée par  un accrochage frontalier, le 3 août 2010). Et cela tranche avec le  spectacle de déliquescence offert par les Palestiniens, de plus en plus  divisés entre la Cisjordanie et Gaza.
Mais le plus important réside ailleurs. S’il est vrai  que le retrait d’Irak est un préambule nécessaire pour préparer une  intervention contre l’Iran, cela veut dire que les Américains ont  davantage besoin des Israéliens que les Israéliens des Américains. Il  semblerait que le modèle de 1990 soit démodé et qu’il faille désormais  miser sur celui de 1967. Pour la guerre de libération du Koweït, il a  fallu trouver une large alliance internationale avec la participation de  grands pays arabes, mais sans Israël. En 1967, au contraire, en pleine  guerre froide, les Etats-Unis n’ont pu se passer de l’Etat hébreu, qui a  réussi à vaincre trois pays arabes à la fois.