25.08.10 | 03h00
  Après une vingtaine d’années passées à négocier avec les Israéliens,  Saeb Errekat a fini, lui aussi, par se montrer profondément sceptique.  Pour négocier, il faut se fixer un objectif, auquel cas, cela n’a pas de  sens. Saeb Errekat, tout comme son premier responsable Abou Mazen,  l’architecte du processus d’Oslo et aujourd’hui à la tête de l’Autorité  palestinienne, ont perdu leurs illusions les unes après les autres. Ils  en sont aujourd’hui à douter et à s’en remettre à la communauté  internationale, après que leur propre opinion ait déjà dit ce qu’elle  pensait à travers un vote-sanction. Il s’agit des élections législatives  de 2006 marquées par la victoire du Hamas. Et là, M. Errekat a voulu  rapporter cette exaspération et même ce sentiment de désespoir, la marge  devenant nulle pour ainsi dire depuis qu’Israël a détruit le processus  d’Oslo et relancé le processus de colonisation. Il a ainsi sommé Israël  de «choisir entre la colonisation et la paix», reprenant une formule  déjà employée par les Palestiniens lors de la réunion à Alger, en 1991,  du Conseil national palestinien (CNP) qui avait reconnu la résolution  242 du Conseil de sécurité et reconnu l’existence d’Israël.
  Une importante concession des Palestiniens, dont la contrepartie allait  être la création d’un Etat palestinien sauf que cet objectif – et ce  qu’on appelle plus généralement une stratégie pour la paix endossée par  les Etats arabes – a toujours été contrarié par Israël. C’est ce qu’on  appelle l’échange de paix contre les territoires. Mais l’on se rendra  vite compte qu’Israël voulait l’un et l’autre, c'est-à-dire sans  restituer les territoires qu’il occupe.
  M. Errekat ne parle que de la colonisation véritable, mais il s’agit  toujours de territoires palestiniens. «Si M. Netanyahu décide de  relancer les appels d'offres dans les colonies après le 26 septembre, il  aura décidé de mettre fin aux négociations», a-t-il estimé, en  référence à la date d'expiration du moratoire partiel de la construction  dans les colonies de Cisjordanie décidé par le gouvernement israélien.  M. Netanyahu a indiqué à plusieurs reprises qu'il ne comptait pas  prolonger ce gel partiel. M. Errekat a considéré «faisable» l'objectif  de parvenir à un règlement global en un an. Et cela sans aller jusqu’au  bout de sa logique, car les Palestiniens doivent bien en avoir une,  maintenant que l’échec fait partie de toutes les hypothèses. L’on se  rappelle que le président palestinien, Mahmoud Abbas, s’oppose à  l’intifadha armée.
  Que vont faire les Palestiniens si Israël persiste dans sa politique  d’occupation ? Interrogé sur d'éventuels engagements de l'Administration  américaine pour une prolongation du moratoire afin de convaincre  l'Autorité palestinienne d'accepter l'invitation à ces pourparlers à  partir du 2 septembre, M. Errekat s'est montré évasif : «Les Américains  nous ont dit que si nous entamons les négociations directes, nous  serions en meilleure position pour obtenir une extension du moratoire.»  Il a déploré que M. Netanyahu ait réussi à donner, par ses demandes  répétées pour des pourparlers «sans conditions préalables», l'impression  que l'Autorité palestinienne renâclait en réclamant des garanties. «Il  est parvenu à nous placer dans la situation d'aller ou de ne pas aller  aux négociations et son but était de nous appeler à des discussions et  que nous refusions», et là se rappelle- t-on depuis toujours, les  Palestiniens de pratiquer la politique de la chaise vide, et d’endosser,  par voie de conséquence, le moindre échec. Les Palestiniens ont énoncé  quelques hypothèses sans jamais arrêter de position précise. Que  feront-ils, cette fois ?