Óscar Abou-Kassem - Público
          Partenaire privilégié de l’UE, l’Etat hébreu prend  régulièrement pour cible des équipements financés par l’Union lors de  ses attaques contre des installations palestiniennes. Et Bruxelles peine  à obtenir des compensations pour les dégâts ainsi causés.         
Les ruines de l’aéroport de Gaza, fermé depuis depuis 2001 suite aux bombardements israéliens.
AFP
De l’orphelinat Al Karameh à Gaza, il ne reste que  quelques ruines. L’établissement, qui accueillait 50 enfants  palestiniens, a été détruit par l’aviation israélienne lors de  l’opération "Plomb durci" en janvier 2009. Il avait coûté près de deux  millions d’euros, dont la moitié avaient été payés par l’Agence  espagnole de coopération internationale (AECID) et la Fondation Olof  Palme.
Cet orphelinat n’est que l’un des 78 projets financés  par des fonds européens qui ont été détruits par les attaques de l’armée  israélienne en Palestine au cours des dix dernières années. D’après un  rapport de la Commission européenne, leur valeur était supérieure à 79,5  millions d’euros (selon les plus basses estimations). Au moins huit  avaient été payés intégralement par l’Espagne et avaient coûté plus de  33 millions d’euros. Partenariat juteux
En même temps que son armée détruisait systématiquement  ces projets européens, Israël parvenait avec l’UE à un accord très  profitable à l’Etat hébreu. "Cet accord d’association  donne à Israël beaucoup d’avantages dans sa relation avec l’Union  européenne, aussi bien au niveau politique qu’au niveau économique", s’est félicité le ministre israélien des Affaires étrangères.
L’Europe est le principal marché d’exportation pour les  produits agricoles israéliens et a versé 637 millions d’euros à Israël  depuis 1981 par l’intermédiaire de la Banque européenne  d’investissement. L’année dernière, 25 millions d’euros ont été accordés  à l’Etat hébreu pour la construction d’une usine de désalinisation à  Hadera, au nord de Tel Haviv, en plus des 120 millions déjà versés en  2007.
D’autre part, depuis le début de la deuxième Intifada en  2000, le gouvernement israélien a entamé une campagne de destruction  des installations palestiniennes. L’aéroport, les routes, les ponts, les  centrales électriques, les stations de traitement des eaux, les  hôpitaux, les serres et les granges ont subi la punition collective  infligée par l’armée d’Israël.
Passivité critiquée
L’UE n’a pas encore osé réclamer une compensation à Israël pour les dégâts causés à ses constructions en Palestine. "Les  projets financés par l’UE appartiennent légalement à l’Autorité  palestinienne, et nous n’avons pas connaissance d’une demande de  dédommagement de sa part à l’Etat hébreu", avait répondu en mars  2009 Benita Ferrero-Waldner, alors commissaire européenne pour les  Relations extérieures, aux questions des députés européens sur le sujet.  "Il serait juste de demander une compensation à Israël pour les dépenses engagées par l’Europe", estime l’eurodéputé autrichien Johannes Swoboda.
La passivité de l’UE est critiquée par beaucoup d’ONG internationales. "Le  problème est que l’UE ne veut plus être celle qui paie dans le  processus de paix, et que le rôle de médiateur a été pris par les  Etats-Unis, explique Brigitte Herremans, spécialiste du Proche-Orient à  l’ONG belge Broederlijk Denle. Et l’UE ne veut pas faire pression sur  Israël et perdre toute son influence."
Le projet le plus coûteux avait été l’aéroport de Rafah,  au sud de la Bande de Gaza. Les nombreux bombardements d’Israël et  l’action de ses bulldozers sur son unique piste l’ont complètement rasé.  Il ne reste plus que les squelettes du terminal et d’un bâtiment  annexe. La tour de contrôle a disparu et la piste est devenue une  carrière où les Palestiniens récupèrent les morceaux d’asphalte pour  s’en servir comme matériau de construction.
Institutions européennes
Un lobby puissant à Bruxelles
"L’influence d’Israël en Europe s’est  multipliée dans les dernières années grâce aux groupes de pression  installés à Bruxelles et dans les autres capitales européennes", affirme Público. Une activité de lobbying qui vise à influencer la politique de l’UE au Moyen Orient, "mais aussi celles des pays européens pris individuellement, surtout en ce qui concerne le conflit israélo-paléstinien et l’Iran",  souligne le journal. Une politique inaugurée par le puissant American  Jewish Committee, qui a ouvert un bureau à Bruxelles en 2004. D’autres  organisations, comme l’European Jewish Congress, B’nai B’rith, le  think-tank Transatlantic Institute ou l’European Friends of Israel, une "alliance formée par des eurodéputés toutes tendances confondues", agissent quant à eux essentiellement pour "combattre l’antisemitisme", poursuit le journal. Cette dernière a entre autres suggeré la création d’une "politique policière commune" contre l’antisémitisme.
                Madrid, mercredi 18 août 2010 - PressEurope