Walid Salem
Reprise  des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens sous  pression d’Obama :  "si l’on débarque de Mars et qu’on tombe sur cette  excellente nouvelle, on a toutes les raisons de se réjouir en voyant les  hommes, qui peuplent cette Terre, tendre aussi fort vers la paix."
Le premier ministre israélien  Benjamin Netanyahou a promis « d’étonner les sceptiques » qui doutent  que les négociations directes avec les Palestiniens, censées reprendre  le 2 septembre, puissent parvenir à des accords de paix :
« Je peux comprendre les sceptiques. Mais nous avons  bien l’intention de les étonner, à condition d’avoir un partenaire  sérieux [dans la négociation]. »
Il a réaffirmé par ailleurs qu’un tel accord devait être  fondé « sur des arrangements de sécurité » satisfaisants pour Israël,  sur la reconnaissance par les Palestiniens d’Israël « comme Etat du  peuple juif », et mettre un « point final au conflit ».
Dès l’annonce, vendredi à Washington, par la secrétaire  d’Etat américaine Hillary Clinton de la reprise des négociations  directes, Benjamin Netanyahou s’était félicité que l’invitation ait été  formulée « sans conditions préalables », alors que les Palestiniens  avaient réclamé un gel de la colonisation.
La reprise des pourparlers pourrait donner de l’espoir,  et pourrait aussi apaiser ceux qui attendent une solution à ce conflit  qui ronge la région depuis soixante ans. Le premier ministre israélien  affiche une volonté de paix et nous attendons d’en face, qu’il y ait  quelqu’un au rendez-vous, pour qu’ensemble, ils marchent vers ce « point  final ».
Bien entendu, si l’on débarque de Mars et qu’on tombe  sur cette excellente nouvelle, on a toutes les raisons de se réjouir en  voyant les hommes, qui peuplent cette Terre, tendre aussi fort vers la  paix.
Netanyahou anticipe un échec et cherche à se disculper
En cas d’échec, on sait déjà que Netanyahou expliquera à  ces « sceptiques » -qui vont réclamer leur quart d’heure d’étonnement-  que, hélas, il n’avait pas de « partenaire sérieux ». Eh oui ! Il a  ouvert une porte pour nous étonner mais il en a aussi ouvert une autre  pour ne rien se reprocher.
Il se réjouit que l’invitation ait été formulée « sans  conditions préalables », alors même qu’ainsi, il en impose une  insidieusement -qui servira davantage de prétexte que de base de  négociation.
Et s’il n’y avait qu’une condition, on se serait  contentés de sourire en se disant, enfin, que nous ne sommes pas nés de  la dernière pluie.
Insidieusement encore, il y en a bien d’autres :
* Si les Palestiniens doivent s’assoir sur le gel de la  colonisation, c’est que la colonisation doit continuer. Israël négocie  donc à condition que cette colonisation ne soit pas interrompue [le  président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré que les  négociations s’arrêteraient si la colonisation reprenait à l’issue de  l’expiration du « gel » décrété par le gouvernement israélien, le 26  septembre, ndlr].
* Si les Palestiniens doivent accepter l’accord de paix,  il faut qu’ils acceptent aussi qu’il soit fondé « sur des arrangements  de sécurité » satisfaisants pour l’Etat d’Israël.
* Il faut aussi que les Palestiniens acceptent qu’Israël soit « l’Etat du peuple juif ».
Avouez qu’il y a là une sacrée liste de conditions !  Ceux qui voudraient absolument y croire vont peut-être trouver exagéré  de voir tant de mal partout.
Si le mal n’est pas partout, tous les scénarios sont  envisageables -même les pires, qui, hélas, sont plus courants dans ce  conflit.
* Si l’accord doit être fondé « sur des arrangements de  sécurité » satisfaisants pour l’Etat d’Israël, il pourrait également  mentionner des arrangements de sécurité pour les (ou l’Etat)  Palestinien(s). Juste pour le principe.
Sur le terrain, ces « arrangements de sécurité » ont  déjà pris des formes effrayantes : blocus sur les territoires  palestiniens, mur de protection… L’Etat palestinien ne devrait pas non  plus être correctement armé, ne disposant pas de la liberté de ses  frontières et encore moins d’un port et d’un aéroport dignes de ce nom.
Les organisations, comme le Hamas, continueront  d’exister, armées par des réseaux clandestins, jusqu’à devenir plus  fortes que l’Etat palestinien lui-même… et revenir à la case départ,  c’est-à-dire décrédibiliser encore les représentant de l’Autorité  palestinienne.
* Si les Palestiniens doivent accepter qu’Israël soit  « l’Etat du peuple juif », il faudrait qu’Israël garantisse un  traitement correct à ceux qui ne le sont pas ! Cette mesure ouvre la  voie à l’expropriation, l’exil et la persécution des non-juifs. Il  faudrait alors qu’Israël accepte de démanteler en retour ses  colonisations.
Le cimetière musulman de Jérusalem-Ouest rasé
Ces pirouettes exécutées par Netanyahou font penser à  une autre, passée honteusement inaperçue. Le 11 août pendant qu’il  paradait avec ses vœux de bon ramadan aux musulmans, un ancien cimetière  musulman à Jérusalem-Ouest a vu, la veille le 10 août, arriver des  bulldozers israéliens qui ont rasé des dizaines de sépultures où  plusieurs saints soufis sont enterrés.
Ce cimetière, dit Ma’man Allah, se situe sur un terrain  où le centre Simon Wiesenthal pour la recherche des criminels nazis veut  édifier un musée de la Tolérance.
La Cour suprême d’Israël, qui avait dans un premier  temps ordonné de suspendre les travaux, entamés il y a plus de cinq ans,  a finalement donné son feu vert à leur reprise en janvier 2009. Devant  les protestations, un porte-parole de la police a indiqué qu’il allait  examiner l’incident. Il en est où ?