Nicole Johnston - AL Jazeera
          Israël s’arroge le droit de rendre inaccessibles au  Palestiniens près du tiers des terres cultivables de la bande de Gaza.  Les agriculteurs palestiniens risquent donc leur vie au moment des  récoltes.         
                   Samedi matin à Gaza... Nous étions accroupis au milieu  de ce qui est appelé la zone tampon d’Israël, à écouter des tirs  israéliens dirigés contre nous.
Il s’agissait encore de coups de semonce - dessus de nos  têtes. Mais suffisamment proches pour convaincre chacun d’entre nous ce  n’était pas une bonne idée de rester trop longtemps.
Avec deux équipes de tournage, quatre caméras, quatre  volontaires internationaux et un journaliste étranger présents, je  pensais bêtement que peut-être l’armée israélienne n’oserait pas ouvrir  le feu dans la zone tampon.
Peut-être qu’ils feraient un passage avec leurs jeeps, jetteraient un coup d’oeil et puis s’en retourneraient...
Mais l’expérience du Mavi Marmara,  où des soldats israéliens ont massacré neuf militants, devrait nous  avoir appris que la présence d’étrangers et de médias n’est en rien  dissuasif quand il s’agit de l’armée israélienne.
La zone tampon intègre des terres agricoles palestiniennes près de la frontière contrôlée par Israël autour de Gaza.
Israël a déclaré une zone interdite - pour « raisons de  sécurité ». S’aventurer à l’intérieur, dans la zone située entre la  frontière et jusqu’à 300 mètres plus loin, c’est risquer d’être abattu  par l’armée israélienne.
Parfois, ils tirent même au-delà de la limite des 300  mètres. Mais la zone tampon est essentielle pour les Palestiniens.  Trente pour cent des terres agricoles de Gaza les plus arables sont ici.
Mais à présent, la majeure partie de ces terres sont  tombées en friche. Des maisons ou des abris y ont été rasés par Israël  pendant la guerre de janvier 2009.
Cultiver sous les tirs
Aujourd’hui, seuls les plus tenaces, courageux - ou sous  l’emprise de la nécessité - des agriculteurs de Gaza continuent de  travailler leurs champs à l’intérieur de la zone tampon.
Nous avons rencontré l’un d’eux - Abu Thaima.
Il a trois épouses, plus de 20 enfants et avant la  guerre, il avait une ferme rentable. Maintenant, son ancienne maison est  un tas de ciment dans la zone tampon, entouré de mauvaises herbes.
Mais il défie Israël. Il a planté sa récolte à la main.  Aucune machine n’est autorisée dans la zone interdite. Et maintenant il  est prêt à faire la récolte.
Abu Thaima dirige le groupe des femmes dans la zone  tampon. Apparemment, Israël est moins susceptible de tirer sur les  femmes palestiniennes que sur les hommes.
Quelques minutes plus tard, les jeeps israéliens sont  arrivées et les tirs ont commencé. C’était la première fois que  j’entendais directement des coups de feu. Aucune balle en caoutchouc ou  bombe de gaz lacrymogène ici. C’était ça la réalité.
« Les boucliers humains » de Gaza
Alors que les Israéliens ont commencé à tirer [à balles  réelles], quatre volontaires internationaux - ceux qu’on appelle des  « hommes-boucliers » - ont tenu bon. Portant des vestes fluorescentes,  ils enregistrent l’incident sur leurs petites caméras vidéo.
Tout au long de la fusillade, Adie Nistelrooy, un  militant britannique, a parlé avec calme aux Israéliens à travers un  haut-parleur. Je doute qu’ils puissent l’entendre. Mais en quelque sorte  cette voix de la raison était étrangement rassurante.
Niestrooy disait : « Il s’agit d’une manifestation  pacifique, ce sont des femmes et des enfants récoltant leur blé, nous  voulons juste pour récolter le blé et rentrer à la maison, c’est tout.  Il n’y a rien de mal à cela, n’est-ce pas ? »
Oui, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. A  l’intérieur de la zone tampon, les Palestiniens ne sont pas autorisés à  cultiver. Ou à récolter leur blé. Pas même à la main. Et même pas par  les femmes.
Les femmes prises pour cibles
Certaines des femmes étaient tellement effrayées par les tirs qu’elles se sont tapies derrière un tas de paille.
C’était une scène pathétique. Des camions de l’armée  israélienne à 150 mètres, tirant à l’arme automatique  sur nous depuis  la frontière, et là , ces femmes effrayées qui espèrent que la paille  leur donne une certaine protection.
Les tirs ont cessé pendant un certain temps, puis ont  recommencé. Il était temps que nous quittions tous la zone tampon.  Certaines des femmes se précipitèrent à des champs. La semaine qui  précède les coups de feu avait été beaucoup plus proches, sifflant  au-dessus de leurs têtes.
En ce jour très peu de la récolte a pu être faite. Mais  Abu Thaima dit que rien ne l’empêchera de travailler sa terre. Il  continuera à aller dans la zone tampon planter ses cultures et les  récolter.
C’est sa terre et il ne peut pas l’abandonner.
13 juillet 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à : 
http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
Traduction : Info-Palestine.net
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Traduction : Info-Palestine.net