Adie Mormech - Live from Palestine
          « Elle est revenue par l’entrée principale et on ne voyait pas  tout de suite qu’elle avait été blessée. Soudain beaucoup de sang est  sorti de son nez et elle s’est mise à vomir ; toute la famille a vu  cela... ses petits frères ont été très effrayés. Elle venait juste de  jouer à l’avant de la maison. »         
Bombardements israéliens sur Gaza, la nuit du 30 au 31 juillet 2010 - Photo : Ezzedeen Al-Qassam
C’est ainsi que Nihed Al-Massry a décrit ce qi est  arrivé à sa fille Samah Eid, âgée de neuf ans, après que l’armée  israélienne ait tiré quatre obus sur des zones résidentielles dans Beit  Hanoun au nord de la bande de Gaza le 21 juillet 2010. Samah est  maintenant hospitalisée dans un état jugé très sérieux, souffrant d’une  importante perte de sang et d’un niveau d’hémoglobine très bas. Elle a  été frappée par les éclats et les fléchettes d’un obus [1] qui a explosé  à une centaine de mètres plus loin, provoquant une hémorragie interne à  la poitrine et plusieurs traumatismes graves à la tête. Des morceaux de  métal sont maintenant enfoncés dans tout son corps.
Les obus à fléchettes sont des armes illégales au regard  du droit international quand ils sont tirés sur des zones d’habitations  civiles. Trois autres enfants ont été blessés dans cette même attaque.
Deux jeunes gens ont été tués : Muhammad, Al-Kafarneh,  âgé de 23 ans, touché par des éclats dans le dos et la poitrine, et  Kasim Al-Shinbary, 19 ans, touché par des fléchettes à la tête et par  des éclats dans le dos. On ne sait pas s’ils faisaient partie de la  Résistance ou s’ils étaient simples civils.
Haitham Thaer Qasem, un garçon âgé de quatre ans et  enfant unique, était endormi sur un lit d’hôpital, inspirant  difficilement de temps en temps à travers l’appareil d’assistance  respiratoire fixé sur son nez. Il souffre d’un traumatisme nasal  profond, et des pointes de fléchettes venant de l’obus sont encore  enfoncées dans son petit corps, entrées dans le dos, le bras droit et la  jambe droite. Haitham se trouvait à environ 200 mètres de l’impact de  la bombe.
La mère de Haitham se tenait à ses côtés, pleurant  silencieusement tandis qu’une de ses tantes à son chevet expliquait ce  qui s’est produit.
« Nous avions demandé à Haitham de ramener quelque chose  du marché pour sa maman, puis nous avons entendu les explosions et  quelqu’un est venu à notre maison et dire à la famille qu’Haitham avait  été emmené à l’hôpital et qu’il avait été blessé dans le bombardement.  Nous sommes venus rapidement à l’hôpital. »
Pendant ce temps, le médecin qui soigne Samah a expliqué  que la perte de sang de la fillette était un souci majeur. Ses  blessures sont aggravées par le fait qu’elle souffre déjà  - comme trois  de ses frères - de thalassémie [2] et le médicament pour traiter son  état, l’Exjade, est rare en raison du blocus israélien. Elle était  clairement en train de souffrir et, paniquée, elle essayait d’enlever  les tubes nasaux. Sa mère nous a montré les bandages sur sa poitrine.
Son médecin,  Muhammad Abu Hassan, décrit son état comme « semi-critique ».
« Elle était dans un état très grave quand elle est  arrivée - c’est très difficile et très traumatisant pour des enfants  lorsqu’on leur insère une sonde dans la poitrine - c’est très  douloureux. Le sang coulait principalement de la poitrine. Nous devrons  l’opérer et nous chercherons plus précisément l’origine de sa douleur  abdominale, » nous a-t-il expliqué.
La famille d’Al-Massry avait déjà auparavant souffert  des attaques israéliennes. Ryad, le frère de Samah, âgé de quatre ans, a  été blessé lors de l’attaque israélienne de trois semaines contre la  bande de Gaza au cours de l’hiver 2008-09, où plus de 400 enfants  palestiniens ont été tués.
« Notre maison a été frappée pendant la guerre, un  voisin qui était à l’intérieur a été tué et notre fils a eu de graves  blessures à la tête. Il n’a alors pu être soigné et en raison de cela,  sa vue est maintenant affectée et de façon permanente. »
Alors que nous quittions Samah, elle a commencé à  pleurer, gémissant dans son triste état et dans sa grande confusion. Il y  avait deux enfants blessés de plus à l’hôpital à cause de l’attaque,  appartenant aussi à la famille Al-Massry de Beit Hanoun : Azzam Muhammad  al-Massry, âgé de 11 ans, qui souffrait d’une grave fracture au niveau  du coude gauche, et Ibrahim Wasseem al-Massry, âgé de 4 ans, souffrant  de blessures légères à l’abdomen.
La semaine précédente à Gaza, Nema Abu Said, une maman de cinq enfants et âgée de 33 ans a été tuée par un bombardement israélien  alors qu’elle quittait sa maison pour rechercher, toute affolée, son  plus jeune garçon après un premier tir d’obus. Trois autres membres de  la famille ont été blessés par les fléchettes, plusieurs de celles-ci  restant maintenant enfoncées dans les corps des personnes blessées.
Notes :
[1] Le terme consacré pour ce type d’obus est nail bombdont  le contenu est fait de billes d’acier, clous, pièces coupantes comme  des rasoirs, fléchettes d’acier et divers morceaux métalliques. L’armée  israélienne utilise régulièrement sur les zones très densément peuplées  de Gaza, ce type d’obus de fabrication américaine qui projettent  principalement des « fléchettes » de 3,75 mm de long dans toutes les  direction et qui mutilent et tuent dans une zone circulaire de 100 à 300  mètres autour de leur point d’impact.
[2] Maladie souvent héréditaire, consistant en anémie et déficit en hémoglobine
* Adie Mormech est un  avocat spécialisé dans les droits de l’homme et basé dans la bande de  Gaza. Il avait été précédemment kidnappé par la marine israélienne dans  le huitième bateau du mouvement Free Gaza, The Spirit of Humanity. Il milite avec le Mouvement International de Solidarité.
                Vous pouvez consulter cet article à : 
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach
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Traduction de l’anglais : Claude Zurbach