A chaque étape, les discussions entre Palestiniens et       Israéliens se sont caractérisées par des progrès       insuffisants pour parvenir à un accord global, renvoyant les       négociateurs quasiment à la case départ, quelques mois ou       années plus tard. Celles de septembre, seront-elles       différentes ?
Après       20 mois d’interruption, des pourparlers de paix directs       entre Israéliens et Palestiniens reprendront le 2 septembre       à Washington en présence du président égyptien Hosni       Moubarak et du roi de Jordanie Abdallah II, et peuvent       aboutir « d’ici un an ».       
            Suite à des discussions acharnées, le Quartette pour le       Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Onu)       a invité les deux parties à reprendre ces négociations       directes dans le but de parvenir à un accord, négocié entre       les parties. Cet accord doit également aboutir pour le       Quartette à la constitution d’un Etat palestinien       indépendant, démocratique, viable et cohabitant dans la paix       avec Israël et ses autres voisins.
            Conformément au communiqué du Quartette, les Palestiniens       ont accepté une reprise des négociations directes avec       Israël, bien que l’appel américain ait été lancé sans       imposer à Israël des conditions préalables. Cependant, les       Palestiniens avaient réclamé une prolongation du gel       temporaire de la colonisation en Cisjordanie occupée comme       condition de reprise des négociations directes. Mais les       Palestiniens se rendront, malgré tout, à Washington dans       l’espoir que la rencontre mène à quelque chose de positif.       Un espoir partagé aussi par les Israéliens. Israël       affirmait, dimanche dernier, qu’un accord de paix était       réalisable avec les Palestiniens, grâce à la reprise des       négociations directes. « Je peux comprendre les sceptiques.       Mais nous avons bien l’intention de les étonner, à condition       d’avoir un partenaire sérieux dans la négociation », a       affirmé le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. «       Un accord de paix avec les Palestiniens est difficile, mais       possible », a-t-il assuré. 
            En effet, certains doutes persistent toujours sur ces       négociations sur lesquelles plane un sentiment de déjà-vu.       De sa part, l’Autorité palestinienne du président Mahmoud      Abbass a donné son accord, après       une réunion retardée du Comité Exécutif de l’Organisation de       Libération de la Palestine (CEOLP). Le retard dans la       réunion du CEOLP s’explique par des appels répétés des       responsables américains à M. Abbass       pour le rassurer. Un responsable du comité central du parti       Fatah de M. Abbass, Jamal      Mouhaïssen, a déploré que «       l’invitation de l’administration américaine ne fasse aucune       référence au communiqué du Quartette ». Et de sa part, le       principal négociateur palestinien, Saëb      Erakat, a averti de nouveau «       tant que le gouvernement israélien n’aura pas cessé la       colonisation et la démolition de maisons à Jérusalem-Est,       nous ne serons pas en mesure de poursuivre les négociations       à notre grand regret, précisant qu’il s’agissait d’un test       de la volonté de paix du gouvernement israélien », a affirmé      Erakat. 
            Avis partagé non seulement par des responsables et       observateurs palestiniens, mais aussi par les Israéliens, «       sans un gel total de la colonisation (israélienne), une       véritable volonté pour un retrait jusqu’aux frontières       internationales et tant (qu’Israël) n’aura pas cessé       d’offrir aux Palestiniens une caricature d’Etat, ce sera une       perte de temps pour tout le monde », a estimé le député       israélien Haïm Oron, du parti de       l’opposition de gauche laïque Meretz,       selon la radio publique israélienne. 
            Les Palestiniens face à une série de Non
            Les Palestiniens veulent proclamer, en Cisjordanie et dans       la bande de Gaza, un Etat ayant tous les attributs de la       souveraineté. De l’autre côté, Israël réclame la       démilitarisation de cet Etat, le contrôle de son espace       aérien et de ses frontières extérieures. Un autre point       d’achoppement demeure toujours       sans solution, officiellement, les Palestiniens exigent un       retrait israélien de tous les territoires occupés depuis       juin 1967, y compris Jérusalem-Est annexée après sa       conquête. Ils sont toutefois disposés à accepter des       modifications frontalières mineures sur la base d’échanges       territoriaux avec Israël. Israël exclut catégoriquement un       retour aux frontières d’avant 1967, mais est prêt à des       retraits importants en Cisjordanie. Il entend annexer les       blocs d’implantations où vivent la grande majorité des 300       000 colons, hors Jérusalem-Est.
            Les Palestiniens exigent le gel des colonies durant les       négociations, mais n’en font plus un préalable à leur       reprise. En 2005, Israël a démantelé toutes les colonies de       la bande de Gaza et 4 implantations isolées de Cisjordanie.       En novembre dernier, Israël a annoncé un moratoire de la       construction de 10 mois en Cisjordanie qui s’achève le 26       septembre.
            Une autre question épineuse : Israël considère Jérusalem, y       compris sa partie orientale annexée à majorité arabe, comme       sa capitale « indivisible et éternelle ». L’Autorité       palestinienne veut faire de Jérusalem-Est la capitale de son       Etat. A Camp David en 2000, le premier ministre israélien de       l’époque, Ehud Barak, avait suggéré que les quartiers arabes       périphériques passent sous souveraineté palestinienne.       Israël insiste pour garder le contrôle du « Bassin sacré »       comprenant la vieille ville, site des principaux lieux       saints des trois monothéismes (islam, judaïsme et       christianisme). Les Palestiniens s’y opposent       catégoriquement.
            Quant à la question des réfugiés palestiniens, au nombre de       quatre millions, les autorités palestiniennes ont toujours       exigé qu’Israël reconnaisse un droit à leur retour,       conformément à la résolution 194 de l’Assemblée générale de       l’Onu. Israël refuse catégoriquement ce « droit au retour »,       de crainte de mettre en péril le caractère juif de l’Etat.       Dernière question : Israël se réserve une grande partie des       nappes phréatiques dans le sous-sol de la Cisjordanie. Les       Palestiniens réclament un partage équitable. Face à tous ces       refus israéliens et aux préalables imposés par Washington,       les Palestiniens ont tous l’air de partir à ces négociations       en jouissant d’une marge de manœuvre très mince.
            Maha       Salem