K. Selim 
Le Quotidien d’Oran
Le Quotidien d’Oran
          Un reste de pudeur a conduit l’Autorité palestinienne à exiger  l’arrêt de la colonisation comme préalable aux négociations. Mais cette  pudeur est en train d’être balayée, écrit K. Selim.         
Vendredi  20 août 2010 - Des fidèles musulmans palestiniens attendent pour passer  le checkpoint israélien sur leur chemin pour aller prier à la mosquée  d’Al Aqsa à Jérusalem le deuxième vendredi du mois saint musulman de  Ramadan, dans la ville de Béthlehem en Cisjordanie - Photo : AP/Nasser  Shiyoukhi
La négociation dans tout conflit, et a fortiori au  Proche-Orient, est un aboutissement normal. Ce n’est pour un mouvement  de libération ni une honte ni une trahison. A l’heure où l’Autorité  palestinienne s’apprête à répondre aux pressions américaines, à  « l’invitation » du Quartet et aux incitations arabes, il est nécessaire  de rappeler que ce qui est en jeu n’est pas le principe de la  négociation avec Israël, mais sa possibilité même. Depuis les accords  d’Oslo signés en septembre 1993, les Palestiniens sont dans un processus  de négociation face à un Etat qui accentue la colonisation des terres,  avec pour but non caché de rendre impossible l’érection d’un Etat  palestinien dans les frontières de 1967.
 Une négociation directe ou indirecte avec un Etat qui  colonise avec l’assentiment du présumé parrain des discussions n’a aucun  sens. Elle n’a qu’une seule fonction : émousser l’esprit de résistance.  Il s’agit de créer une caste de Palestiniens dont le statut s’améliore  dans un processus de négociation sans fin et sans but, qu’on oppose aux  « terroristes ». La démarche a bien réussi. Les Palestiniens sont  divisés.
 Mais l’Autorité palestinienne s’est retrouvée dans une  situation embarrassante quand, en toute logique et au grand dam de  l’establishment pro-israélien de Washington, Barack Obama a commis  « l’erreur » de demander un arrêt de la colonisation des territoires  palestiniens. C’était une évidence : si l’on veut négocier sérieusement  avec le voisin, on ne doit pas continuer à lui voler ses terres. Barack  Obama, sous la forte pression du lobby sioniste, a reculé, mais ce qu’il  a énoncé reste.
 Un reste de pudeur a conduit l’Autorité palestinienne à  exiger l’arrêt de la colonisation comme préalable aux négociations.  Mais cette pudeur est en train d’être balayée. Les éternels négociateurs  palestiniens de Ramallah sont sur le point d’aller « sans conditions » à  ces négociations qui ne finissent jamais mais où de grands pans de ce  qui reste des territoires palestiniens seront avalés par les colons d’un  Etat théocratique raciste.
 Il semble, aux dernières nouvelles, que sous la  pression américaine, le communiqué que doit adresser le Quartet aux deux  protagonistes remplacera l’expression « l’arrêt des colonisations » par  « l’arrêt des provocations » ( !). Gageons qu’avec l’assentiment des  Américains, s’opposer à la colonisation va devenir une provocation !
 Si M. Mahmoud Abbas et le comité exécutif de l’OLP  acceptent cette formulation qui méprise ouvertement l’intelligence des  Palestiniens, ils doivent comprendre qu’ils auront accepté de faire  semblant de négocier. Qu’ils ont accepté de refaire le même processus  calamiteux qui a suivi les accords d’Oslo : des discussions vaines d’un  côté et un expansionnisme colonial agressif de l’autre.
 Les Palestiniens, y compris ceux qui se reconnaissent  dans les organisations islamistes, sont prêts à une négociation  sérieuse. Ils n’acceptent pas cependant que des dirigeants décident, en  leur nom, de participer à une farce qui a trop duré. Ils ont raison de  considérer qu’il ne faut pas transiger sur la condition minimale de  l’arrêt des colonisations.
                21 août 2010 - Le Quotidien d’Oran - Vous pouvez consulter cet article à : 
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