Paul Khalifeh
Le Liban a vivement réagi à l’annonce par  Israël de la découverte d’importantes quantités de gaz et de pétrole, à  l’Est de la Méditerranée. Il soupçonne l’Etat hébreu de vouloir lui  « voler » sa part et promet de revendiquer ses droits par tous les  moyens. Un nouveau sujet de discorde qui vient se greffer aux nombreux  contentieux qui séparent, déjà, les deux pays.
L’occupation des terres et l’exploitation des eaux ont  toujours été une source de conflit entre le Liban et Israël. Ces  dernières semaines, un nouveau sujet, bien plus explosif, est apparu :  celui des hydrocarbures [1]. Après l’annonce par Nobel  Energy, une compagnie basée aux Etats-Unis, de la découverte d’un  potentiel de 453 milliards de m3 de gaz au « large d’Israël », le Liban  s’est mobilisé pour « revendiquer ses droits. » Les enjeux sont d’autant  plus importants que l’Est de la Méditerranée pourrait renfermer  d’énormes quantités de pétrole et de gaz dans des eaux non délimitées,  où trois pays, le Liban, Israël et Chypre, peuvent faire valoir leurs  droits.
Dès 2001, le gouvernement libanais avait ordonné un  balayage sismique des fonds marins libanais. Deux compagnies étrangères,  Spectrum et Petroleum GeoServices (PGS), avaient alors procédé à des  prélèvements, respectivement en 2002 et 2006, et les études sismiques  géologiques avaient révélé la présence possible de gaz et de pétrole.
« Les résultats en 2D combinés avec ceux en 3D  précédemment acquis par PGS, ont identifié de nombreux indicateurs  associés à la présence d’hydrocarbures. Ceux-ci confirment l’extension  d’un système pétrolier actif au large des côtes du Liban », peut-on lire  sur le site de PGS. Un rapport de l’USGS (US Geological Survey) estime  le potentiel au large des eaux libanaises à près de 608 millions de  barils de pétrole, 44 560 milliards de pieds cubiques de gaz et 1 107  millions de barils de gaz naturel liquide. De quoi réveiller toutes les  convoitises.
Côté israélien, Tamar -qui se trouve à 90 km au large du  port de Haïfa- possède une capacité de 238 milliards de m3 de gaz. Il  s’agit du plus important champ gazier découvert au niveau mondial ces  trois dernières années. Productive dès 2012, cette nappe répond aux  besoins de l’Etat hébreu pour les 35 prochaines années.
Pour le projet appelé Léviathan, l’estimation est de 16  000 milliards de m3. D’autres sites alentours auraient une capacité  totale de 850 milliards de m3. Pour comprendre l’importance des enjeux,  il suffit d’écouter les propos du ministre israélien des Infrastructures  nationales, Uzi Landau, qui a récemment déclaré lors d’un voyage en  Chine qu’« Israël est devenu une superpuissance gazière. Ces découvertes  ont le pouvoir de faire d’Israël un acteur principal sur le marché du  gaz international ».
[1] cette question de  l’appropriation par Israël des ressources naturelles de la région n’est  pas nouvelle. Voir Le rapt des réserves naturelles de Gaza  par Israël (partie 1)