29 juillet 2010
 Les autorités israéliennes ont décidé de prolonger de vingt ans  l’interdiction d’accès aux archives gouvernementales, en la portant à 70  ans, a-t-on appris de source officielle.Les documents en question traitent  notamment de l’armée et des services secrets lors des deux premières  décennies de l’Etat d’Israël, créé en mai 1948. « Ces archives  continueront à être classifiées de crainte d’atteinte à la vie privée  des personnes mentionnées ou de leurs proches », a déclaré à l’AFP le  directeur des Archives nationales, Yehoshua Freundlich. « Nous devons  également maintenir le secret-défense » compte tenu du risque qu’Israël  peut se faire accuser « de violer le droit international », a-t-il  ajouté. Selon lui, dans un certain nombre de pays occidentaux, « des  documents d’Etat restent classifiés 70 ans voire plus ». Ces archives  concernent en particulier la Campagne du Sinaï contre l’Egypte en 1956,  lancée en coordination avec la France et la Grande-Bretagne, des  affaires d’espionnage et le début du programme nucléaire israélien.  Selon le quotidien Haaretz, le Premier ministre israélien Benjamin  Netanyahu a décidé il y a deux semaines de prolonger la période du  secret, sous la pression des services secrets.
Les historiens dénoncent
L’historien israélien, Tom Segev, a dénoncé cette mesure estimant  qu’elle traduisait une « tendance anti-démocratique » dans la société  israélienne. « S’il est légitime de ne pas dévoiler certains noms et de  maintenir le secret sur des sujets ultra-sensibles, interdire  globalement de publier ou même de consulter ces documents relève d’une  démarche anti-démocratique inquiétante et d’une volonté de masquer des  fautes, voire des crimes de guerre passés », a-t-il déclaré. Le maintien  du secret a également été dénoncé comme une mesure « arbitraire et  injustifiée » par l’Association des droits civiques en Israël.  En février 1995, les Archives nationales israéliennes avaient censuré  des documents officiels concernant l’expulsion de Palestiniens pendant  la première guerre israélo-arabe en 1948. Les Archives, qui relèvent du bureau du Premier ministre, avaient  publié 4000 pages de protocoles des réunions du gouvernement provisoire  israélien entre mai 1948, date de la proclamation de l’Etat hébreu, et  avril 1949. Elles avaient cependant expurgé des passages concernant l’exode des plus  de 700 000 Palestiniens qui ont fui l’avancée de l’armée israélienne ou  ont été chassés de chez eux, ainsi que des atrocités commises par  l’armée israélienne.