Hook et Crook
Rapport B’Tselem
Rapport B’Tselem
          Le rapport présente le système qu’Israël adopte comme l’outil  pour faire avancer ses objectifs politiques, lui permettant la violation  méthodique des droits humains palestiniens.         
                   Quelque 500 000 Israéliens vivent aujourd’hui au-delà de  la Ligne verte : plus de 300 000 dans 121 colonies et environ 100  avant-postes, le tout contrôlant 42% du territoire de Cisjordanie, et  les 200 000 autres dans les 12 quartiers qu’Israël a créés sur la terre  palestinienne qu’il a annexée à la municipalité de Jérusalem. Le rapport  examine les moyens utilisés par Israël pour prendre le contrôle de la  terre afin d’y construire ses colonies. Pour la préparation de son  rapport, B’Tselem s’est appuyé sur des informations et des documents  officiels de l’Etat, entre autres le rapport du procureur Talia Sasson  sur les avant-postes, les bases de données fournies par le général  Baruch Spiegel, les rapports du contrôleur des finances de l’Etat, et  les cartes de l’Administration civile.L’entreprise colonisatrice se caractérise, depuis son début, par une approche instrumentale, cynique et même criminelle du droit international, de la législation locale, des ordonnances militaires, et de la loi israélienne, approche qui permet le pillage permanent de la terre palestinienne de Cisjordanie.
Le principal moyen utilisé par Israël à cette fin est de  déclarer la terre, « terre d’Etat », mécanisme dont il a résulté la  saisie de plus de 900 000 dunums (900 kilomètres²) de terre (16% de la  Cisjordanie), la plus grande partie des déclarations datant de la  période 1979/1992. L’interprétation que le bureau du procureur de l’Etat  donne à ce concept de « terre d’Etat » issu de la loi territoriale  ottomane contredit explicitement les dispositions statutaires et les  arrêts de la Cour suprême mandataires. Sans cette interprétation  fallacieuse, Israël n’aurait jamais pu attribuer ces immenses étendues  de terres aux colonies.
En outre, les colonies de peuplement ont pris le  contrôle de terres palestiniennes privées. En recoupant les données de  l’Administration civile, les circonscriptions juridiques des colonies et  les photos aériennes des colonies prises en 2009, B’Tselem a découvert  que 21% des superficies bâties des colonies sont des terres qu’Israël  reconnaît comme des propriétés privées qui appartenaient à des  Palestiniens.
Les colonies contrôlent aujourd’hui  42% de la Cisjordanie. 
Pour inciter les Israéliens à venir s’installer dans les  colonies, Israël a inventé tout un mécanisme d’avantages et de primes  pour les colonies et les colons, quelle que soit leur situation  économique, laquelle était souvent financièrement assurée. La plupart de  ces colonies de peuplement en Cisjordanie relèvent du statut de  priorité nationale, en zone A, ce qui leur donne un certain nombre  d’avantages :
- en matière de logement, en permettant aux colons d’acquérir des logements de qualité à bon marché, avec une attribution automatique de prêt logement subventionné ;
 - des avantages très importants en matière d’éducation, tels que la gratuité de l’enseignement à partir de trois ans, des années scolaires étendues, la gratuité de transport pour les écoles et des salaires élevés pour les enseignants ;
 - pour l’industrie et l’agriculture, des aides et des subventions, l’indemnisation des taxes imposés sur ses produits par l’Union européenne ;
 - en matière de fiscalité, l’assujettissant des colonies à des impôts nettement moins élevés que les communautés à l’intérieur de la Ligne verte, et en accordant des subventions d’équilibre pour les colonies, afin d’aider à couvrir les déficits.
 
L’implantation des colonies est une  violation du droit humanitaire international. Israël fait fi des lois  applicables, les interprétant à sa manière, une interprétation contestée  par la plupart des juristes les plus éminents dans le monde, et par la  communauté internationale.
L’entreprise colonialiste constitue un manquement  permanent, cumulatif, aux droits humains des Palestiniens, notamment en  violant :
- le droit de propriété, par la prise de contrôle d’immenses étendues du territoire de Cisjordanie au profit des colonies de peuplement ;
 - le droit à l’égalité et aux libertés individuelles, par la création de systèmes judicaires séparés, dans lesquels les droits de la personne sont basés sur l’origine nationale, les colons étant soumis au système judiciaire d’Israël fondé sur les droits de l’homme et les valeurs démocratiques, pendant que les Palestiniens sont soumis au système judiciaire militaire qui les prive systématiquement de leurs droits ;
 - le droit à un niveau de vie satisfaisant, étant donné que les colonies ont été implantées intentionnellement d’une façon qui empêche tout développement urbain des communautés palestiniennes, et que le contrôle d’Israël sur les sources aquifères empêche également tout développement de l’agriculture palestinienne ;
 - le droit à la liberté de déplacement, au moyen des check-points et autres obstacles aux déplacements des Palestiniens en Cisjordanie, dans le but de protéger les colonies et les grands axes de circulation des colons ;
 - le droit à l’autodétermination, par la rupture de la continuité du territoire palestinien et la formation de dizaines d’enclaves qui empêchent la création d’un Etat palestinien indépendant et viable.
 
Le voile de légalité qu’Israël  cherche à poser sur son entreprise colonialiste est destiné camoufler le  pillage en cours de la terre de Cisjordanie, en éliminant les valeurs  fondamentales de légalité et de justice du système juridique israélien  appliqué en Cisjordanie. Le rapport présente le système qu’Israël adopte  comme l’outil pour faire avancer ses objectifs politiques, lui  permettant la violation méthodique des droits humains palestiniens.
Les vastes modifications géographiques et spatiales  auxquelles Israël a procédé dans le paysage de Cisjordanie minent les  négociations qu’Israël poursuit depuis dix-huit ans avec les  Palestiniens et constituent des manquements à ses obligations  internationales.
L’entreprise colonisatrice, basée sur la discrimination à  l’égard des Palestiniens qui vivent en Cisjordanie, affaiblit également  les piliers de l’Etat d’Israël en tant que pays démocratique, et nuit à  son statut parmi les nations du monde.
                                  4 juillet 2010 - B’Tselem - traduction : JPP