Hasan Abu Nimah - The Electronic  Intifada 
          Depuis l’attaque meurtrière d’Israël contre la flottille de la  liberté le 31 mai, il y a eu des appels de toutes parts pour qu’Israël  mette fin à son siège de Gaza. C’est aussi étrange que trompeur, Israël  n’étant pas le seul responsable du blocus, écrit Hasan Abu Nimah.         
Les deux "loosers" Abbas [à g.] et Zébulon  1° - L’objectif des puissances occidentales est d’imposer  grâce au  blocus, la remise en selle de leur pantin Abbas dans la bande de Gaza,  pour le plus grand profit des forces israéliennes d’occupation.
Beaucoup de ceux qui parlent maintenant de lever le  blocus l’ont toujours fortement soutenu et continuent à le soutenir.  Leurs appels vides sont principalement destinés à se décharger de toute  responsabilité pour les traitements infligés par le siège cruel, illégal  et injustifiable, à la population palestinienne dans la bande de Gaza.
Il est maintenant clair que le blocus a échoué, d’abord  et avant tout parce que le brave peuple de Gaza a décidé de s’adapter à  ses conséquences les plus dures, et de supporter avec dignité et courage  la punition collective qui vise à les étrangler en leur imposant  soumission et désespoir. Ils n’ont jamais accepté de marchander leur  dignité nationale et leurs droits en échange de quelques produits en  plus - même ceux dont ils ont le plus désespérément besoin.
Le siège a également échoué en raison de la pression  montante venant de la société civile et orchestrée par des centaines  d’organisations impliquées et des militants qui tiennent à rappeler au  monde civilisé l’illégalité du siège de Gaza, la complicité des Nations  Unies à travers ses bizarres membres du Quartet autoproclamé  (États-Unis, Union Européenne, Russie et Nations Unies), ainsi que la  cruauté et les doubles standards appliqués par les Européens, les  Américains et beaucoup d’autres qui se sont rangés derrière la décision  d’Israël de terroriser toute la population de Gaza à des fins  politiques.
La dernière initiative en date, mais certainement pas  l’ultime, a été la « flottille de la liberté pour Gaza » qui a été  victime de la sanglante attaque israélienne par air et par mer, suivie  du détournement de tous les navires et du kidnapping de tous les  passagers à bord.
Israël est devenu de plus en plus préoccupé des  réactions internationales, souvent positives, à l’égard des tentatives  des militants pour briser le siège. Face au dilemme : soit laisser la  « Flottille de la Liberté » arriver à Gaza et marquer ainsi la fin du  siège, soit la bloquer et faire face à une condamnation internationale,  Israël a choisi la deuxième option. Mais son utilisation de la violence  terroriste sur un convoi pacifique contre des civils désarmés a provoqué  une révulsion bien plus grave que ce qu’escomptait Israël.
La sauvagerie israélienne préméditée était apparemment  destinée à décourager d’autres initiatives similaires. Si tel était le  but, il a échoué, car les nouvelles font part de l’organisation de  nouvelles flottilles dans plusieurs pays. Ainsi, Israël devra encore et  encore faire face au même dilemme.
La Flottille de la Liberté n’est pas un incident  historique qui aurait ouvert les yeux à un monde inconscient du fait que  Gaza est assiégée. Ceci était parfaitement connu. Ce qu’a fait la  Flottille, c’est placer dans un embarras énorme tous ceux qui avaient  dès le début, approuvé et soutenu le blocus.
Par son attaque barbare contre la flottille, Israël a  même dépassé ses habituels mépris général et indépassable du droit  international, de toute décence et respect de la vie humaine. Ses  actions ont mis au grand jour la complicité des puissances régionales et  internationales, les forçant à réagir ou à prendre le risque d’être  considérées comme les partenaires silencieux du crime israélien.
Donc ils ont commencé, les uns après les autre, à lancer  des appels pour que soit mis fin au siège. Les pays européens, ceux-là  même qui avaient déjà engagé leurs forces navales pour aider Israël à  appliquer ce que le Comité international de la Croix-Rouge a qualifié de  blocus illégal, ont fait quelque bruit contre le siège. Mais tout ce  qu’ils ont fait, c’était des propositions visant à ce que le blocus soit  réaménagé, les Européens jouant le rôle de mandataires, poursuivant  pour le compte d’Israël les navires en route pour Gaza.
Cela illustre la complicité des Européens qui s’étaient  portés volontaires pour l’application d’un accord négocié sous les  auspices des Etats-Unis en 2005, concernant les passages de Gaza, dans  lequel les Européens remplaçaient les forces israéliennes d’occupation  en entravant la libre circulation des Palestiniens. La frontière de  Rafah entre Gaza et l’Egypte restait en réalité sous contrôle israélien,  lequel conservait un total droit de veto. Ce qui revienait à  institutionnaliser le siège plutôt que d’exiger sa suppression...
Mahmoud Abbas, dirigeant du Fatah et chef de l’Autorité  palestinienne basée à Ramallah - qui est dit avoir plaidé auprès du  président américain Barack Obama de ne pas laisser Israël mettre fin au  siège et donc donner au Hamas une victoire facile - appelle maintenant  lui aussi à la levée du blocus. Mais lorsqu’il est interrogé, Abbas est  toujours attentif à conditionner sa demande à la « réconciliation »  entre le Hamas - qui a survécu à de nombreuses tentatives de coup de  force concoctées par Abbas depuis la victoire aux élections de 2006 - et  son organisation du Fatah, laquelle, avec le soutien international, a  usurpé le contrôle de l’appareil de l’Autorité palestinienne après avoir  perdu les élections.
La « réconciliation » que veut M. Abbas, c’est revenir  au statu quo avant que le Hamas n’ait déjoué la tentative de coup d’Etat  en juin 2007. En d’autres termes, Abbas veut pour lui une victoire  facile - qui ramènerait ses forces à Gaza, avec le contrôle de ses  frontières - qu’il ne peut pas atteindre par des conspirations et des  aventures guerrières.
Même le gouvernement israélien a commencé à parler de la  nécessité de « soulager » le siège. Il a annoncé que tout serait  autorisé à entrer dans la bande de Gaza, à l’exception des articles  pouvant être à « double usage » et pouvant être utilisés pour fabriquer  des armes.
Les communiqués de presse ont indiqué que la liste des  produits interdits incluait pratiquement tous les matériaux de  construction, les tuyaux de plomberie, les appareils électriques, les  fournitures de nettoyage, d’engrais et de nombreux autres éléments dont  l’absence paralyse l’économie de Gaza. Avec un assentiment  international, Israël a réussi à redéfinir les matériaux de construction  comme des armes dangereuses, ne pouvant être admis que sous les  auspices des Nations Unies.
Il reste à voir si Israël respectera ses promesses, même  minimes, mais si on se base sur l’expérience passée, il y a tout lieu  de s’attendre à ce que ces changements soient cosmétiques, destinés non  pas à diminuer le blocus, mais plutôt à soulager la pression  internationale.
Le sentiment de déception a été accentué quand le  cabinet Netanyahu a publié une déclaration en anglais, parlant d’une  décision du gouvernement d’alléger le blocus, tandis que la version  hébraïque de la même déclaration ne comprenait rien de la sorte.
Même avec ces mesures, la bande de Gaza demeure  effectivement une prison pour tous ceux qui y vivent. C’est comme si  leur donner assez de nourriture était tout ce qui comptait. Leurs droits  humains fondamentaux, le droit d’entrer et de sortir, d’étudier, de se  déplacer et de voyager, ne sont dans les objectifs de personne.
En ce qui concerne les États-Unis, lorsque la secrétaire  d’État Hillary Clinton a fait savoir la semaine dernière que la  situation dans Gaza n’était pas « tenable », elle ne voulait pas dire  qu’elle mettrait fin à un siège qui viole les droits fondamentaux. Tout  ce qu’elle voulait dire, c’est que le siège n’était pas tenable  politiquement, et donc qu’il devait être reformulé pour le rendre plus  présentable.
Un véritable appel à lever le siège de Gaza signifierait  la levée de toutes les restrictions, comme pour toute autre entité  internationale. Aucun pouvoir n’a le droit de décider quels biens  doivent entrer ou être interdits dans la bande de Gaza, et pas mêmes les  importations d’armes aussi longtemps que tous les arsenaux américains  et européens seront mis à disposition d’Israël pour qu’il puisse  satisfaire tous ses besoins militaires.  Alors qu’Israël est  l’agresseur, l’occupant et le contrevenant constant au droit  international...
Ce sont les peuples sous occupation et sous blocus qui  ont besoin d’être renforcés pour pouvoir se libérer et retrouver leur  dignité volée.
Plutôt que de prétendre que le matériel de plomberie et  de ciment sont des armes, il vaudrait beaucoup mieux pour les amis  d’Israël, exhorter celui-ci à discuter avec le Hamas et accepter une de  ses nombreuses trêves proposées, si Israël veut sérieusement mettre fin à  la violence que son occupation et sa brutalité ont générée.
Tous les appels sincères à lever le siège devrait  également garantir qu’il soit mis fin au monopole israélien sur la  région et à son règne terroriste et en dehors de toute loi.
* Hasan Abu Nimah est  ancien représentant permanent de la Jordanie aux Nations Unies. Cet  article est paru en premier dans le Jordan Times.
                24 juin 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez  consulter cet article à : 
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach
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Traduction de l’anglais : Claude Zurbach