Jean-Baptiste Chastand - Le Monde
          La France "n’a jamais approuvé ni l’intrusion de l’armée  israélienne dans Gaza ni le blocus".         
           Pour Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, la position  française sur le sujet est sans ambiguïté, comme il l’a rappelé,  mercredi 2 juin, au micro de RTL. Pourtant, à l’issue de la guerre de  Gaza, en janvier 2009, une frégate française, le Germinal, a bel et bien  pris part aux opérations de surveillance israélienne des côtes  gazaouies.
Cette mission, commencée le 24 janvier à la demande de  Nicolas Sarkozy, a duré deux semaines. Frégate porte-hélicoptères servie  par un équipage d’une centaine d’hommes et armée de plusieurs missiles,  le Germinal était auparavant affecté à la surveillance des côtes  libanaises dans le cadre de la mission de l’ONU dans le pays, la Finul.  Sur demande de l’Elysée, elle est temporairement repassée sous  commandement français puis envoyée au large de Gaza.
Officiellement, le navire avait pour seul objectif de  "lutter contre la contrebande d’armes", selon le site de l’état-major  des armées. Equipé de radars, le Germinal est en effet en mesure de  détecter tous les mouvements de navires croisant à proximité. Pour le  site de l’Elysée, cette opération, limitée à "des actions de  surveillance et de partage d’informations dans les eaux internationales  au large de Gaza", a eu lieu "en pleine collaboration avec l’Egypte et  Israël".
APRÈS DEUX SEMAINES AU LARGE DE GAZA, LA MISSION PREND  FIN
Parallèlement, Nicolas Sarkozy avait exigé que cette  participation française s’accompagne d’"une réouverture totale et  permanente des points de passage vers Gaza". Après deux semaines au  large de Gaza, alors que les points de passage n’ont pas été rouverts,  l’Elysée annonce la fin de la mission sans en expliquer les raisons.
Interrogé sur le contenu précis des missions réalisées  par le navire, le ministère de la défense se contente de répondre que  "le Germinal a passé une dizaine de jours sur place, pour réaliser  uniquement des missions de surveillance sans aucune intervention". Lors  de l’arraisonnement d’un bateau chargé d’aide humanitaire par la flotte  israélienne, le 4 février 2009, le porte-parole du ministère des  affaires étrangères avait déjà exclu toute participation de la frégate à  cette intervention.
Malgré cela, cette opération avait soulevé les critiques  des militants pro-palestiniens. Un attentat survenu au Caire le 22  février 2009, dans lequel une adolescente française est décédée, aurait  même été directement lié à cette mission, selon Le Canard enchaîné  publié trois jours plus tard. Une note de la Direction générale de la  sécurité extérieure aurait ainsi affirmé que le groupe de Français avait  délibérément été visé en représailles de la participation du Germinal à  la surveillance des côtes gazaouies. Une affirmation qui a toujours été  fermement démentie par le gouvernement et les services de sécurité  égyptiens.